Le 23 septembre, le «Space Eye Observatory for Space and Environment» ouvrira ses portes au public sur l'Uecht, à environ 13 kilomètres au sud de Berne et à une altitude de 950 mètres. C'est là, sur le territoire de la commune bernoise de Niedermuhlern, que le plus grand télescope public de Suisse entre en service dès ce week-end. Et, il est ouvert au public.
Le Space Eye, qui se veut un centre de découverte multimédia pour les visiteurs de tous âges, attire immédiatement le regard avec sa tour marquante conçue par le célèbre architecte tessinois Mario Botta. «Cet environnement naturel, vallonné et subtil nécessitait à mon avis une intervention minimale», fait remarquer Botta. Il a essayé de placer un petit «bijou» dans ce paysage, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.
L'Uecht, sur lequel se trouve déjà un ancien observatoire (lire l'encadré ci-dessous), est un site idéal pour un observatoire, car le lieu est protégé de la lumière parasite de la ville de Berne par le Längenberg.
Le hameau, qui est généralement exempt de brouillard, se trouve ainsi dans ce que l'on appelle la chambre noire du canton de Berne, la zone de ciel sombre du parc naturel de Gantrisch, là où la pollution lumineuse est la plus faible.
La tour sur laquelle se trouve le télescope n'est, toutefois, qu'un petit bout de l'ensemble de l'installation. La plus grande partie se trouve sous terre: outre l'accueil, des îlots d'expositions interactifs y attendent les visiteurs. Ils ne transmettent pas seulement des connaissances sur l'espace, mais donnent également un aperçu des thèmes environnementaux, notamment sur la transformation de notre planète. Une attention particulière est également accordée au domaine régional, par exemple, à la pollution lumineuse dans la région de Berne.
Le sous-sol de l'observatoire abrite également un planétarium 8K, petit certes, mais très performant, dont la projection haute résolution s'étend sur tout l'hémisphère et permet des voyages virtuels plus rapides que la lumière vers des galaxies lointaines et jusqu'à la fin de l'univers que nous connaissons. Il présente également des images spectaculaires de notre Terre. Il peut accueillir 80 visiteurs.
Un escalier circulaire et un ascenseur mènent du planétarium à la terrasse panoramique. C'est là que se trouve la pièce maîtresse de l'observatoire: le télescope d'un mètre pesant 1,2 tonne de la société autrichienne Astro Systeme Austria (ASA). Il se compose d'un miroir principal relié au miroir secondaire par une structure en treillis.
Thomas Schildknecht, professeur d'astronomie à l'université de Berne et vice-président de la fondation, loue la précision de la construction; la structure lumineuse du nouveau télescope est d'une excellente stabilité. Elle doit rester stable pendant des fractions de micromètre.
Malgré toute sa précision, le télescope n'est, toutefois, pas adapté pour prendre des photos à haute résolution de l'espace, comme ses cousins spatiaux James-Webb ou Hubble. Ce n'est d'ailleurs pas le but, a rappelé l'astrophysicien Claude Nicollier, ambassadeur du projet Space Eye et seul astronaute suisse à avoir été dans l'espace. L'observatoire pourrait plutôt contribuer à faire comprendre à la population les mystères du ciel et la nécessité de protéger cette planète.
Les images actuelles du télescope peuvent, en outre, être admirées dans le planétarium, où elles peuvent être directement reproduites. Une exposition au sous-sol présente une sélection des meilleures images. En outre, des images en direct de télescopes partenaires du monde entier peuvent être mises en ligne.
Outre le télescope, l'observatoire Space Eye dispose également d'un instrument permettant d'observer le soleil. Il est ainsi possible d'observer le ciel même pendant la journée. Des télescopes mobiles et le télescope historique de l'observatoire Schaerer, qui se trouve à proximité immédiate de la nouvelle installation, complètent l'offre.
Au début, la fondation de l'observatoire d'Uecht prévoyait des coûts de construction de deux millions de francs. Entre-temps, ce montant est passé à dix-neuf millions de francs, dont onze ont été apportés par des institutions et des entreprises. Quatre autres millions sont venus s'ajouter sous forme de prêts, et encore quatre millions sous forme de travail bénévole.
La fondation estime actuellement que le nouvel observatoire réalisera un chiffre d'affaires d'un demi-million de francs par an. Il devrait attirer entre 20 000 et 30 000 visiteurs par an, et ce, notamment grâce aux réseaux sociaux, grâce auxquels l'observatoire Space Eye entend accroître sa notoriété. Ce dernier propose aux visiteurs plusieurs «forfaits d'expérience» qui peuvent être réservés en ligne, par exemple, pour les astronomes amateurs. Selon la volonté de la fondation, l'observatoire ne doit pas seulement s'adresser aux passionnés d'astronomie, mais aussi aux enfants, aux jeunes et aux simples curieux.
Les places de parking du nouvel observatoire Space Eye sont réservées aux personnes à mobilité réduite. Selon le président de la fondation, Andreas Blaser, cette limitation du trafic privé était une condition du permis de construire.
Les gens qui viennent en voiture peuvent se garer non loin de l'arrêt de car postal «Baumgärtli» à Niedermuhlern, sur un parking spécialement aménagé. Comme le trajet à pied peut prendre jusqu'à 45 minutes depuis là, l'Observatoire propose un service de navette. Les bus partent toujours un quart d'heure avant l'ouverture de l'observatoire sur l'Uecht.
Ceux qui préfèrent la marche peuvent soit opter pour la route menant à l'Uecht, soit prendre le sentier de découverte, un peu plus long, qui propose des informations sur des thèmes environnementaux et spatiaux à travers 15 stations virtuelles accessibles via une application. L'application spécialement développée sert également à fournir des informations supplémentaires dans l'observatoire lui-même.
Ce week-end déjà, la fondation de l'observatoire d'Uecht a ouvert le nouvel observatoire, mais seulement à un public sélectionné de supporters et de partenaires.
Traduit et adapté par Noëline Flippe