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Réduire le nombre de F-35 achetés aux Etats-Unis? Pas si simple

Réduire le nombre de F-35 pour alléger la facture auprès de Washington? Ce n'est pas si simple.
Réduire le nombre de F-35 pour alléger la facture auprès de Washington? Ce n'est assuré de marcher.shutterstock / keystone (montage)

Acheter moins de F-35 à Trump pour réduire la facture? Pas si simple

La Suisse devra payer les surcoûts désormais certains des F-35, alors qu'une enveloppe de six milliard était prévue. Une solution serait de tout bonnement réduire le nombre d'appareils. Mais est-ce contractuellement possible vis-à-vis de Washington?
14.08.2025, 18:5514.08.2025, 19:33
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Martin Pfister l'a confirmé mercredi: Washington sera inflexible et la Suisse devra payer les 36 avions F-35 au prix auquel les constructeurs américains le produiront. Un désaveu pour le Conseil fédéral, qui maintient qu'un «prix fixe» était présent. Et maintenant, que fait-on? Voici les solutions évoquées:

  • Briser le contrat. C'est la solution la plus radicale, demandée par la gauche. Les versements déjà effectués — plus d'un milliard de francs — seraient perdus dans les poches de Washington.
  • La Suisse accepte de payer les surcoûts demandés par les Américains. Selon plusieurs partis, cette décision serait anti-démocratique car en 2020, le peuple avait voté pour une enveloppe de six milliards.
  • Economiser quelque part pour rester sous la barre des six milliards, en coupant dans certains pans du programme. Une des solutions avancées, c'est de simplement diminuer le nombre d'avions. La commande de 36 appareils pourrait-elle être rabotée à 32 ou 28 appareils? Ou même de moitié, à 18?

Contacté, le Département fédéral de la défense et des sports (DDPS) nous confirme que:

«La réduction du nombre d'avions est l'une des options actuellement à l'étude»

Mais au fait, cette solution est-elle contractuellement possible vis-à-vis des Etats-Unis? Dans le cas où le nombre d'avions est bel et bien noté noir sur blanc dans le contrat, la Suisse est-elle condamnée à devoir payer à l'œil tout ce que lui réclamera Washington? En termes de gros sous, l'administration Trump aurait tout intérêt à nous forcer à payer les 36 avions, comme prévu, peu importe le surcoût.

Ce contrat, en Suisse, ce sont surtout les cadres d'Armasuisse responsables de la procédure d'acquisition qui ont pu le feuilleter en long et en large. Son contenu est confidentiel. Comme nous l'écrivions il y a quelques semaines, même les conseillers nationaux et aux Etats des commissions de politique de sécurité du Parlement n'ont pas pu les lire en détail.

«Une possibilité parmi d'autres»

Charles Juillard, conseiller aux Etats jurassien du Centre, se dit confiant que le groupe de travail du DDPS choisira la solution optimale, en respectant l'enveloppe de six milliards, pour la sécurité aérienne de la Suisse.

«La diminution du nombre d'avions de combat est une possibilité, parmi d'autres»
Charles Juillard (Centre/JU)
Staenderat Charles Juillard, Mitte-JU, spricht waehrend der Sommersession der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 18. Juni 2025 im Staenderat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Charles Juillard.Keystone

Le centriste ne se dit pas non plus opposé à l'idée d'un crédit supplémentaire. Mais il estime que le gros du problème se situe surtout du côté des Etats-Unis. «La Suisse était en droit de requérir un prix fixe convenu avec Washington. Mais si l'administration Trump ne respecte pas sa part du contrat, pourquoi le ferions-nous?», se demande-t-il.

«Nous pourrions être tentés de diminuer le nombre d'appareils, même si celui-ci était spécifié dans le contrat»
Charles Juillard (Centre/JU)

Une solution à valeur de bras de fer, basée sur des informations qu'il n'a pu personnellement consulter? Le conseiller aux Etats juge que «des renseignements très fiables de la part de l'administration» lui ont été rapportés.

«Je fais confiance à ce qui a été présenté aux commissions du Parlement»
Charles Juillard (Centre/JU)

Il se veut toutefois optimiste. «Le contrat a été signé avec le gouvernement Biden, les premiers avions seront livrés sous Trump et les derniers lors de la prochaine administration», analyse-t-il.

«Les choses peuvent encore évoluer»
Charles Juillard (Centre/JU)

Réduire le nombre de jets? «Ça ne change rien»

Le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU), critique du dossier, n'y croit, lui, pas un seul instant: «Le F-35 est vendu avec l'entièreté de son système. Même en diminuant le nombre d'avions, les surcoûts à venir resteront trop élevés, entre les changements annoncés de moteurs et les coûts de fonctionnement énormes.»

«Cela ne change rien d'avoir 36, 32 ou 28 avions. Ce n'est pas une question d'économie d'échelle»
Pierre-Alain Fridez (PS/JU)
Pierre-Alain Fridez, SP-JU, spricht waehrend der Herbstsession der Eidgenoessischen Raete, am Donnerstag, 19. September 2024 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Pierre-Alain Fridez.Keystone

Et encore faudrait-il que Washington accepte cette réduction. «Les contrats ne précisent pas de procédure juridique, il s'agit d'un achat "de gré à gré" entre deux Etats. Ce qui est sûr, c'est que Washington n'a légalement pas le droit de perdre de l'argent sur ces contrats.»

Contrairement à son collègue du Centre, le socialiste doute que tout ait été fait des dans les règles lors de la procédure d'acquisition. Il estime que les procédures ont été manipulées.

«Ceux qui ont accès aux chiffres et aux procédures ne sont pas transparents»
Pierre-Alain Fridez (PS/JU)

Pour le conseiller national, l'enveloppe des six milliards ne sera jamais respectée. En se basant sur ses recherches publiées dans son livre Le choix du F-35: erreur grossière ou scandale d'Etat, il pense même que les surcoûts pourraient monter à 8 milliards.

«Il faut tirer la prise et se décider pour un autre avion, comme le Rafale, qui a déjà été testé, ou le Gripen»
Pierre-Alain Fridez (PS/JU)
Le crash impressionnant d’un avion F-35 en Alaska
Video: watson
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