Réduire les F-35? «Une soumission déplorable aux Etats-Unis»
30 avions de combat F-35 au lieu de 36 — puis encore dix, plus tard, une fois que la pilule sera passée. Ce serait le plan du conseiller fédéral en charge de la Défense, Martin Pfister, assure Blick. Le média alémanique affirme avoir ses sources au sein du Département fédéral de la Défense (DDPS).
Du côté de la Confédération, aucune confirmation, ni infirmation des informations de nos confrères. Le fait de baisser le nombre d'avions était, toutefois, un des scénarios les plus scrutés, après l'annonce d'une augmentation de près de 1,3 milliard de francs en juin dernier.
«Clore ce débat»
Pour Pascal Broulis (PLR/VD), membre de la commission de politique de sécurité du Conseil des Etats, «la solution de descendre à 30 avions semble raisonnable et si d'autres jets sont nécessaires, on pourra toujours en débattre ultérieurement».
Il reste convaincu que le F-35 est le meilleur appareil, qui justifie certains dépassements de frais précis, comme l'évolution technologique de l'appareil, à l'image des moteurs qu'il faudra changer après leur réception. Mais pas plus.
Pour le Vaudois, le scandale se situe ailleurs: le couac avec les autorités américaines, inacceptable. «J'attends de voir le rapport de la commission de gestion pour me prononcer sur ces faits. Je rappelle qu'on a payé des avocats très chèrement, tant en Suisse qu'aux Etats-Unis, pour aboutir à ce non-respect du prix fixe.»
«C'est déplorable»
A gauche, le conseiller national Pierre-Alain Fridez, auteur d'un livre sur le processus d'acquisition des F-35, se veut plus critique. «Le fait que le DDPS veuille s'en sortir en réduisant le nombre d'avions, c'était à prévoir. Cela permet de contourner le vote populaire de 2020. Mais en racheter dix de plus dans un deuxième temps, dans une attitude de soumission à l'égard des Etats-Unis, c'est déplorable.»
Vendredi dernier, le Parti socialiste a publié un document sur la stratégie militaire privilégiée par le parti: renoncer aux F-35 et utiliser des avions peu chers et faciles d'utilisation comme le Leonardo M346, «un investissement minime qui suffirait largement pour la police aérienne», indique Pierre-Alain Fridez. «De toute façon, les F-35 ne seraient pas opérationnels avant 2030, alors autant faire ainsi.
Résultat? On pourrait ainsi ménager les FA-18, «en les réservant pour les interventions plus solides», voire louer des avions de combat à des voisins. Le PS propose aussi de renforcer la flotte de drones et la coopération avec l'Autriche. «Tout cela est temporaire, on aura évidemment besoin d'un avion performant», fait remarquer Pierre-Alain Fridez. «Mais on pourra gagner du temps et proposer au peuple un avion européen, Rafale ou Gripen par exemple, avec le consentement populaire cette fois-ci.»
