Daniel est de retour devant l'immeuble. Il y a deux semaines, il a sauvé une femme des flammes. Il paraît songeur. Il regarde vers le balcon du premier étage et lance:
Daniel ne veut pas que son vrai nom apparaisse dans les médias. Il refuse d'être considéré comme un héros, dit-il. Il souhaite néanmoins raconter ce qu'il a vécu l'après-midi du 12 septembre. Comme un exutoire. Ce qui le hante par-dessus tout, c'est le comportement des passants lors de l'incendie.
Voici le déroulement des faits, selon le récit de Daniel:
C'est mardi après-midi. Alors qu'il rentre chez lui à moto, il passe devant les bureaux de Google. Des immeubles d'habitation apparaissent sur sa droite. Daniel voit de la fumée s'échapper d'une fenêtre. Il n'hésite pas une seule seconde et arrête sa moto.
Daniel se précipite et trouve l'entrée principale. Il sonne à tous les appartements, mais personne ne répond. Il se rend donc à nouveau dans la rue principale. Il demande aux passants de l'aider à appeler la police. Personne ne prend sa requête au sérieux. Pire, il est totalement ignoré. Toutes les personnes qu'il croise regardent fixement leur téléphone portable et continuent à marcher.
Daniel voit que la porte d'un balcon est ouverte et décide de l'escalader.
Il pénètre dans l'appartement et tombe sur une habitante. Ses cheveux sont déjà en feu, mais elle ne pense pas à sortir. Elle veut éteindre l'incendie. Daniel l'attrape et la traîne contre son gré sur le balcon.
Là, il crie à l'aide. Quelqu'un doit l'aider à descendre la victime. Mais à la grande surprise de Daniel, personne ne réagit. Le feu a certes attiré des badauds, mais ils ne se précipitent pas pour aider. Au lieu de cela, ils sortent leur téléphone portable et filment l'incendie.
Daniel, épuisé, s'assoit et essaie de faire entrer de l'air frais dans ses poumons. C'est alors que l'occupante lui échappe et se rend à nouveau dans l'appartement. Elle veut éteindre l'incendie, coûte que coûte. Daniel la suit et l'entraîne à nouveau sur le balcon.
Entre-temps, une témoin a alerté la police. Deux hommes sont montés sur le balcon pour aider Daniel. Quelques minutes plus tard, un policier monte à son tour.
Mais Daniel entend qu'une autre personne est entrée dans l'appartement en feu. Elle a dû pénétrer à l'intérieur par la cage d'escalier.
Daniel veut également faire sortir cette personne sur le balcon. Mais le policier lui déconseille de se rendre une nouvelle fois à l'intérieur.
Un homme tend à Daniel une bouteille d'eau avec laquelle il mouille son t-shirt. Il tient le vêtement mouillé autour de son nez et de sa bouche et se rend une nouvelle fois dans le logement malgré la mise en garde du policier. Daniel accompagne la deuxième personne sur le balcon. Il s'agit du père de la résidente qu'il voulait aider.
Avec le soutien de la police, les personnes sont évacuées. Toutes ont survécu à l'incident. L'habitante doit cependant rester à l'hôpital pendant plus de deux semaines en raison de ses brûlures.
Le lendemain, Daniel reçoit une lettre de la police municipale de Zurich. Celle-ci le félicite pour son «courageux engagement». En guise de remerciement, il se voit offrir un petit porte-monnaie.
Nous faisons le tour du bâtiment avec Daniel. De l'extérieur, plus aucune trace n'est visible. Les fenêtres endommagées ont été remplacées.
Derrière la maison, nous rencontrons la mère de l'habitante blessée. Elle remercie Daniel, qu'elle qualifie de «héros». La rue était pleine de gens, mais seul Daniel a agi, commente-t-elle.
Daniel ne comprend pas pourquoi personne ne l'a aidé lorsqu'il l'a demandé:
Dans pareille situation, il est compréhensible de ne pas s'évertuer à escalader la façade. «Mais quelqu'un aurait pu se tenir sous le balcon pour réceptionner la blessée, poursuit Daniel.
Malgré la reconnaissance, Daniel est également irrité par le comportement de la police. Pourquoi le policier sur le balcon a-t-il dit qu'il ne devait pas entrer pour sauver la deuxième victime potentielle?
La police municipale de Zurich ne peut pas se prononcer sur le cas concret, car le policier en question ne peut pas être interrogé pour le moment. «Un incendie comporte de grands dangers, et pas seulement ceux qui sont visibles, comme le feu ou la fumée. Des gaz toxiques invisibles peuvent se dégager», réagit le porte-parole de la police de la ville, Marc Surber.
Les policiers sont certes formés à la gestion des incendies et des feux, poursuit Marc Surber.
Selon le porte-parole, la sécurité des secours passe avant tout. «Cela vaut également pour les tiers, qui doivent souvent être empêchés de pénétrer dans un objet en feu par les forces d'intervention pour leur protection.»
«Celui qui l'inhale peut perdre connaissance ou subir une intoxication par la fumée. Cela a pour conséquence que nos pompiers - qui portent l'équipement adéquat - doivent ensuite sauver un blessé supplémentaire et que les services sanitaires doivent traiter une personne de plus», explique encore le communicant à watson.
Même si Daniel avait de bonnes intentions et que ce cas s'est terminé sans gravité, il convient en principe, en tant que passant ou tierce personne, de se comporter avec prudence et d'éviter les bâtiments en feu. Le mieux est de faire appel le plus rapidement possible à une aide professionnelle.
*Nom connu de la rédaction.