Voici ce que les femmes ont obtenu depuis la dernière grève féministe
Lorsque les femmes ont fait grève en 2019, le Parlement a interrompu ses délibérations. Au Parlement, la bière de la grève a été servie par le brasseur et conseiller national du Centre Alois Gmür. Et devant le Palais fédéral, des conseillères fédérales se sont également présentées en violet. Quatre ans plus tard, l'euphorie n'est plus tout à fait la même. Les activités du Conseil se dérouleront normalement. Et parmi les conseillères fédérales, seule Elisabeth Baume-Schneider (PS) ira, aujourd'hui, à la rencontre des femmes sur la Place fédérale.
Pourtant, la conseillère nationale PLR saint-galloise Susanne Vincenz-Stauffacher portait un pantalon tirant sur le rose hier. Elle a gardé le haut de la même couleur pour ce mercredi: le jour de la grève féministe. La présidente des Femmes PLR se détache ainsi de la grève. Les femmes libérales-radicales ne font pas la grève en tant que telle, mais elles ont aussi leurs actions.
En effet, le mouvement divise plus les femmes cette année qu'en 2019. Le mouvement était alors plus largement soutenu. Le camp bourgeois est, en effet, gêné par la rhétorique de la lutte des classes. Leur argument principal est qu'en 2019, la proportion de femmes au Conseil national est passée à 42%. Cela a donc eu des répercussions et la colère n'est plus nécessaire. La législature actuelle est un succès pour les femmes, selon les critiques de la grève.
Est-ce vraiment le cas?
Des avancés et un recul pour la gauche
La question s'adresse à la coprésidente du PS Mattea Meyer. La Zurichoise cite effectivement deux grandes avancées – et un recul. Selon elle, la réforme du droit pénal en matière sexuelle – «Non c'est non» – est un pas de géant, rendu possible grâce à la pression de la rue et à la collaboration avec les parlementaires de droite.
Mattea Meyer cite le financement des crèches comme deuxième progrès vers une meilleure conciliation. Le Conseil national a alloué 710 millions de francs pour réduire les tarifs des crèches. Il manque, toutefois, encore l'approbation du Conseil des Etats – un obstacle de taille.
Pour la conseillère nationale PS, la prévoyance vieillesse constitue une régression. L'âge de la retraite des femmes a été relevé, mais leurs rentes n'ont pas été améliorées. C'est justement sur ce point qu'il y a une rupture. La réforme de la prévoyance professionnelle avec la baisse de la déduction de coordination avait été désignée par l'organisation faîtière des femmes Alliance F comme l'un de ses objectifs de législature.
Ce que pense la droite
Le bilan de la législature a donc toujours une coloration partisane. Pour la conseillère aux Etats libérale-radicale Johanna Gapany, par exemple, il est essentiel que l'introduction de l'imposition individuelle soit en bonne voie. Le Conseil fédéral présentera bientôt un message à ce sujet – sur mandat du Parlement. L'Alliance des femmes avait déjà fait jouer ses forces lors de la planification de la législature.
Le droit pénal en matière sexuelle, le financement des crèches, le congé paternité, l'imposition individuelle: ce sont de gros dossiers. Nombreux sont aussi les sujets plus modestes, mais tout aussi pertinents, où l'évolution des rapports de force est visible. Par exemple, la mise en place d'une hotline 24 heures sur 24 pour les victimes de violence domestique. Ou le mandat donné au Conseil fédéral pour que les maladies et les troubles spécifiques aux femmes fassent l'objet de recherches plus ciblées. «C'est la médecine de genre», explique Susanne Vincenz-Stauffacher:
Avant chaque voix féminine comptait
Lors de la législature précédente, lorsqu'il s'agissait de questions dites «féminines», les femmes ont dû se battre pour obtenir chaque voix. Lors du vote sur les analyses salariales dans les entreprises, par exemple, la conseillère nationale Verte, Irène Kälin, a dû être rappelée au Parlement depuis son congé de maternité pour atteindre une majorité.
Ces enjeux serrés ne se font aujourd'hui plus sentir. Aline Trede, la cheffe du groupe parlementaire des Verts, constate également des améliorations de l'ambiance générale. Il y a plus de femmes dans la commission de l'environnement:
Des femmes actives en politique environnementale dans les rangs bourgeois, comme Susanne Vincenz-Stauffacher ou Priska Wismer-Felder (Centre/LU), auraient contribué de manière déterminante à ce que le Parlement mène une politique plus respectueuse de l'environnement.
Elles dénoncent le sexisme en politique
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder