Quelques semaines après le drame qui s'est déroulé à la station-essence de Saint-Julien, en France, où un père de famille suisse de 33 ans s'est fait poignarder à neuf reprises, c'est au tour de l'avocat de la victime, Me Ivan Huguet, de s'exprimer.
Dans les colonnes de La Tribune de Genève, il revient sur les faits pas à pas, avant de fournir de nouvelles données quant à l'état de santé de Fred* - et de mentionner sa maladie génétique, qui lui a paradoxalement sauvé la vie.
Comme le relate Me Ivan Huguet à TDG, nous sommes le mercredi 5 octobre. Fred*, père de famille de nationalité suisse et domicilié en région genevoise, est parti en vadrouille de l'autre côté de la frontière. Il est accompagné de sa femme, Julie*, 29 ans, ainsi que de ses trois enfants de 1, 3 et 5 ans. Le but de l'excursion? Le centre de loisirs Vitam’parc à Neydens, en Haute-Savoie.
Son réservoir presque vide, Fred* s'arrête à la station essence de Saint-Julien-en-Genevois. La petite famille patiente joyeusement dans la file, et se retrouve bientôt devant les pompes d'Intermarché. C'est à ce moment qu'un intrus leur grille la politesse, surgissant du côté droit de leur auto, du côté du siège de Julie.
Le couple, comprenant qu'on tentait de les doubler, baisse une vitre et demande au jeune homme, un Français âgé de 20 ans, s'il a besoin d'aide ou de renseignements. Me Ivan Huguet explique alors que le chauffard éloigne son véhicule, en faisant crisser ses pneus et en frôlant l'auto de ses détracteurs. Un comportement «à priori agressif», note l'avocat, annonciateur de l'escalade. Pour apaiser la situation, Fred sort du véhicule, et cherche le dialogue.
C'est alors que tout dégénère en un clin d'oeil. Pour l'heure, on ne sait toujours pas ce qui se dit dans l'altercation. Le ton monte-t-il rapidement? Pas le «style» de son mandant, «qui est un homme agréable et un bon père de famille», défend l'avocat.
Revenant à son véhicule, Fred est happé par le bras, et poignardé. Son agresseur frappera neuf fois, à la base du crâne, dans le dos, dans la cage thoracique, ou encore dans le bas-ventre, recueille la Tribune de Genève.
L'assaut, décrit comme «extrême et inouï» par l'avocat, n'a cessé que grâce à l'intervention de deux témoins. Ces derniers ont contacté les secours, tandis que l'agresseur s'est enfui dans un quartier des environs, où il finira par être interpellé par les forces de l'ordre.
Fred* est dans un état plus que critique; ses poumons perforés, il fait une hémorragie interne. Selon les mots de l'avocat,
Il subira une opération de huit heures. C'est paradoxalement la maladie génétique de Fred qui lui a permis de s'en sortir; il souffre en effet «d’une variante rare de polyglobulie, appelée aussi maladie de Vaquez», laquelle rend le sang plus dense, explique l'avocat à TDG. Cette particularité évitera à Fred* de «perdre davantage encore de plasma»...et peut-être même de mourir.
Fred reste dix jours à l'hôpital, mais fait une rechute en raison d'une embolie pulmonaire. Le Suisse est à nouveau temporairement hospitalisé en urgence.
Selon son avocat, la victime a perdu la sensibilité dans diverses parties du visage. Les zones touchées par les coups de couteau sont en outre extrêmement douloureuses. Côté santé mentale, Fred est encore en état de choc, et sous suivi médical. Il n'a pas repris son travail d'aide-comptable.
Le Suisse a porté plainte pour tentative de meurtre. Comme le note l'avocat, «une procédure d'entraide entre la Suisse et la France a été lancée».
Quant à l'agresseur, un Français domicilié à Collonges-sous-Salève, il serait atteint d'autisme, note la TDG. Mais, note cette dernière, il est impossible de savoir si cette caractéristique «a joué un rôle dans le drame».
*Prénoms d'emprunt choisis par la Tribune de Genève
(jod)