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Unil occupée: altercation entre un prof et un élu UDC

Occupation dans le bâtiment Géopolis de l'Unil. 6 mai 2024. Médaillon: Thibault Schaller.
Occupation dans le bâtiment Géopolis de l'Unil. 6 mai 2024. Médaillon: Thibault Schaller.image: keystone

Altercation entre un élu UDC et un prof de l'UNIL

Thibault Schaller, élu UDC lausannois et étudiant à l'Université de Lausanne, accuse le professeur Olivier Fillieule de l'avoir agressé verbalement. Celui-ci dément. Le rectorat est saisi du cas présumé.
08.05.2024, 21:0709.05.2024, 19:56
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Mardi 7 mai aux alentours de 14h45, une altercation a éclaté à l’Université de Lausanne (Unil), à l’endroit occupé par des militants propalestiniens, dans le bâtiment Géopolis. Cette prise de bec a opposé le conseiller communal UDC lausannois Thibault Schaller et quelques-uns des occupants, ainsi que le professeur de sociologie Olivier Fillieule, soutien au mouvement d’occupation. watson a joint les parties pour recueillir leur version respective.

D’après Thibault Schaller, Olivier Fillieule lui aurait tenu des propos menaçants.

«Il m’a dit: "Si vous recommencez à faire du scandale, je vous mets mon poing dans la gueule"»
Thibault Schaller

Joint par watson, Olivier Fillieule dément.

«C’est totalement faux. Ce n’est tout simplement pas vraisemblable. J’ai 60 ans et j’ai des bras de poulet. Le jeune homme en question (réd: Thibault Schaller) doit bien mesurer 1,90 et il est assurément plus costaud que moi»
Olivier Fillieule

Le même jour, dans la soirée, Thibault Schaller a écrit un e-mail au recteur de l’Unil, Frédéric Herman, où il affirme avoir été «menacé physiquement, devant témoins, par le professeur Olivier Fillieule, et intimidé par des occupants». Cet e-mail est une longue description de faits allégués, ainsi qu’une occasion pour son auteur de se dire «préoccupé par la situation, notamment sécuritaire, de l’occupation de l’Unil».

Le recteur a répondu à Thibault Schaller, ce mercredi matin, peu avant 8 heures. Dans son courriel, Frédéric Herman déclare être «désolé de lire vos lignes». Il ajoute:

«Nos équipes du Service des ressources humaines (SRH) sont disponibles pour recueillir votre témoignage. Le Vice-recteur, Jérôme Rossier, et les juristes du SRH nous lisent en copie»
Le recteur Frédéric Herman

Voyons le déroulement des faits tels que rapportés par Thibault Schaller. Agé de 33 ans, l'élu communal UDC est étudiant en bachelor à la faculté des lettres de l’Unil. Après un premier échec au gymnase, il a travaillé, puis repris des études. Ce mardi matin, il se rend avec un ami, étudiant à l’Unil également, au premier étage de l’atrium de Géopolis, où les occupants propalestiniens se se sont installés. «J’y allais pour jeter un coup d’œil», dit-il.

Lui et son camarade étaient habillés «normalement». «Je portais un pantalon beige et un t-shirt noir de la marque Edelvetica. Mon ami a sorti son Natel pour prendre des photos.» Avec quelle intention?

«Ce n’était pas pour les mettre sur les réseaux, mais pour les envoyer à une connaissance»
Thibault Schaller

«C’est alors, raconte-t-il, qu’une jeune femme faisant partie des occupants et se trouvant en contrebas dans l’atrium nous a dit, parlant dans un micro, que la presse n’avait pas le droit de prendre des photos. Les occupants semblaient être au même moment en réunion, où il était question, notamment, autant que j’ai pu l'entendre, d’évacuation.»

«Dehors les fachos»

Reconnu par une partie de l'assemblée, Thibault Schaller s'est fait traiter de «facho». «"Dehors les fachos", ont-ils crié à plusieurs reprises à notre endroit en tapant dans les mains. J’ai répondu par un salut à trois doigts, le salut du serment du Grütli, comme un geste de résistance, pour leur montrer que je n'allais pas me coucher devant la foule hostile.»

Thibault Schaller est connu des milieux antifas. Il y a quatre ans, le site Renversé avait publié un article intitulé: «Le Jeune UDC vaudois Thibault Schaller s’est de nouveau affiché en t-shirt néonazi» L’élu lausannois dément avoir de «quelconques sympathies néonazies». «C’était un t-shirt d’un groupe black metal (réd: Wotanjugend), avec un look nationaliste, rien d’autre. Le site Renversé a cherché à me nuire», affirme-t-il.

Thibault Schaller avec le t-shirt en question, en 2020 lors d'un congrès de l'UDC Vaud.
Thibault Schaller avec le t-shirt en question, en 2020 lors d'un congrès de l'UDC Vaud.

Reprenons la narration des faits de la journée de mardi. Après le salut à trois doigts, un militant propalestinien est monté à l’étage pour demander aux deux étudiants d’effacer les photos.

«Mon ami, par souci de désescalade, a effacé la seule photo qu'il avait prises. Il n’avait pas eu le temps d’en faire plus et de toute façon, on n’y voyait rien, sur cette photo»
Thibault Schaller

Un groupe de «cinq ou six individus», également des occupants, sont montés à leur tour à l'étage. Parmi eux, il y avait Olivier Fillieule.

Thibault Schaller poursuit:

«M. Fillieule m’a demandé si j’étais étudiant, j’ai répondu "oui". Il m’a alors demandé de lui monter ma carte. Je lui ai répondu qu’il n’était pas de la police mais que j’acceptais de la lui montrer. C’est là qu’il m’a dit que si je recommençais à faire du scandale, ou quelque chose comme ça, il me mettrait son poing dans la gueule. Je lui ai fait remarquer qu’il était en train de proférer des menaces physiques. Une discussion s'en est suivie, au cours de laquelle il a dit que mes idées étaient "rances". Il m’a dit aussi que si je n’étais pas d’accord avec le mouvement d’occupation, je pouvais créer un groupe qui pourrait s’installer ailleurs qu’à proximité de l’atrium de Géopolis. Une fille portant un gilet rose, visiblement membre du staff du mouvement d’occupation, nous a demandé de ne pas faire de grabuge. Nous sommes partis.»
Thibault Schaller

La version recueillie par watson auprès d’Olivier Fillieule varie sur l'accusation de menace verbale: «C’est totalement faux», comme déjà dit plus haut de sa part. Pour le reste, les versions concordent plutôt.

«Il m’a montré sa carte d’étudiant. Je lui ai intimé l’ordre de ne pas provoquer de troubles. Il m’a répondu de manière agressive. Mon impression est qu’il veut faire du buzz et se montrer, aux dépens de la concorde sur le campus»
Olivier Fillieule

Olivier Fillieule l’assure:

«Tout le sens de mon engagement auprès du mouvement d’occupation, en dehors des objectifs que je partage, à savoir le gel des relations académiques qu'entretient l’Unil avec des universités israéliennes, est de soutenir le mouvement, afin notamment d’éviter que la situation ne dégénère. La situation est volatile, les étudiants ont du mal à comprendre que ces exigences suscitent de telles oppositions en dépit de la situation dramatique. Il faut donc tout faire pour faire avancer les négociations à la fois dans la détermination et dans le calme.»
Olivier Fillieule

Thibault Schaller, indépendamment des versions qui s'opposent sur le point fort de l'altercation, cherche-t-il à faire un coup politique? Mercredi en début d'après-midi, il adressait un nouvel e-mail au rectorat:

(...) en substance sur quelles bases les occupants édictent-ils leurs propres règles au milieu d'un bâtiment universitaire et se substituent-ils à la sécurité? Suite aux faits que j'ai énoncés, comptez-vous prendre des mesures ou à tout le moins questionner les concernés et avoir leur avis pour statuer? En particulier, je suis choqué d'avoir été menacé physiquement, qui plus est par un professeur.»
Thibault Schaller

Thibault Schaller dit avoir été menacé verbalement devant témoins. Peut-être les sollicitera-t-il.

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Video: watson
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