Le procès de quatre membres de la richissime famille indienne Hinduja a redémarré lundi à Genève, après des semaines d'interruption. Les prévenus sont accusés d'avoir exploité pendant des années du personnel de maison dans leur propriété de Cologny (GE). Ils sont jugés pour traite d'êtres humains par métier.
Seuls deux prévenus ont répondu à la convocation du Tribunal correctionnel de Genève. Le patriarche Prakash Hinduja (78 ans) et son épouse Kamal (75 ans) ne se sont pas présentés à l'audience, contrairement à leur fils Ajay (56 ans) et à leur belle-fille Namrata (50 ans), qui ont décidé de faire face à leurs juges.
Le procès est entré dans le vif du sujet lundi après-midi, avec l'interrogatoire sur les faits du fils. Ce dernier a déclaré n'avoir pas participé au recrutement de personnes en Inde ni n'avoir fait les démarches pour les faire venir à Genève. Selon lui, ces tâches incombaient «aux ressources humaines à Bombay».
Le prévenu a expliqué que deux ou trois employés indiens au maximum travaillaient dans la villa de Cologny. Les jardiniers, les chauffeurs, les femmes de ménage étaient des «locaux»qui n'habitaient pas sur place. Les Indiens s'occupaient de la cuisine et des enfants pour des raisons culturelles et de langue.
«Il y a des mensonges dans ce dossier», a dénoncé Ajay Hinduja:
Selon le premier procureur Yves Bertossa, les employés indiens de la villa de Cologny étaient payés «au lance-pierre». L'acte d'accusation mentionne des journées de travail de 18 heures, 7 jours sur 7. Ces employés de maison étaient logés au sous-sol dans une chambre avec des lits superposés ou dans un abri antiatomique.
Répondant à une question du procureur, le fils Hinduja a assuré n'être jamais descendu dans cet abri antiatomique pour voir où le personnel dormait:
Le prévenu a aussi précisé que le personnel de maison indien, contrairement à ce que prétend l'accusation, pouvait sortir du périmètre de la maison de Cologny s'il le souhaitait. La seule règle qui avait été instaurée était la présence d'au moins un des employés dans la villa pour des raisons de sécurité.
Le procès se poursuit mardi avec l'interrogatoire de la belle-fille. (jch/ats)