Lors des élections partielles de décembre au Conseil fédéral, la solidarité entre partis bourgeois est apparue en pleine lumière. Le PLR et l'UDC se sont manifestement entendus pour obtenir les départements de leur choix. La collaboration entre ces mêmes formations a plus tôt porté ses fruits dans des scrutins cantonaux.
Dans le canton de Vaud, une alliance entre le Centre, le PLR et l'UDC leur a permis d'arracher la majorité gouvernementale. Idem dans le canton de Fribourg.
La situation est diamétralement différente dans le canton de Genève. L'année prochaine, les partis de droite se lanceront dans la bataille électorale plus dispersés que jamais, bien qu'ils se soient fixé pour objectif de renverser la majorité de gauche au pouvoir à l'exécutif.
Le dernier espoir d'une alliance s'est effondré cette semaine: lors de leur assemblée, les libéraux-radicaux ont décidé de se lancer seuls dans les élections au Grand Conseil et pour le premier tour au Conseil d'Etat. Ils couchent sur leur position: c'est soit une alliance à trois avec l'UDC et le Centre, soit rien du tout.
Sauf que Centre a déjà clairement fait savoir qu'une alliance avec l'UDC n'était pas envisageable. Les centristes visent un pacte avec le PLR et les Verts libéraux. Pendant des mois, les partis ont étalé leurs divergences dans la presse. La Tribune de Genève le rappelle: c'est la première fois depuis 1936 que le PLR et le Centre (ex-PDC) ne font pas cause commune.
La désunion bourgeoise pourrait se transformer en catastrophe pour elle, tant au parlement qu'au gouvernement. Pour pouvoir siéger au Grand Conseil, un parti doit obtenir au moins 7% des voix au niveau cantonal.
A droite, la concurrence est donc à couteaux tirés en raison de listes séparées. Outre l'UDC et le PLR, le Centre, les Verts libéraux et le Mouvement citoyens genevois (MCG) prennent pour la plupart leur voix à droite. Comme si cela ne suffisait pas, deux nouvelles listes issues de milieux proches du PLR viennent à leur tour occuper ce créneau: «Elan radical», présidé par un ancien membre du PLR, et «Libertés et Justice sociale» de l'ancien conseiller d'Etat Pierre Maudet, condamné et exclu du PLR en 2020 pour acceptation d’un avantage pour son voyage à Abu Dhabi.
Face à cette situation, la vice-présidente du PLR genevois Natacha Buffet-Desfayes s'est dite déçue:
Mais pourquoi la droite a-t-elle tant de mal à s'entendre à Genève? Pour Natacha Buffet-Desfayes, c'est la faute des partis et de leurs membres. Mais encore? Surtout, l'UDC passe à Genève pour un parti droitier, bien plus que dans les cantons de Fribourg et Vaud, où la formation conservatrice a un profil à la fois plus paysan et plus rond.
La gauche genevoise profitera-t-elle au printemps prochain des déchirures à droite? Ce n'est pas exclu.