Ce mercredi, Simonetta Sommaruga prend part pour la dernière fois à une séance du Conseil fédéral. Et pour ce baroud d'honneur au plus haut sommet de l'exécutif, une dernière affaire agite le secteur des télécommunications: celle de Renzo Simoni, représentant de la Confédération au sein du Conseil d'administration de Swisscom.
La socialiste lui a fait directement savoir qu'il devrait quitter son poste en mars 2023. A la place, elle voulait installer le secrétaire général de son département, Matthias Ramsauer.
Une demande qui ne s'est pas passée sans remous et donne l'impression, aux plus hautes sphères de l'Etat, que la ministre sur le départ souhaite placer un de ses proches au sein de Swisscom. Un contraste fort avec le style de leadership de Sommaruga durant douze années au Conseil fédéral, très peu prompte au népotisme ou aux petits arrangements entre tiers.
Simonetta Sommaruga s'en défend en indiquant que, selon elle, le travail effectué par Simoni ne représentait pas assez bien les intérêts du Parlement et de l'administration fédérale. Dans une lettre adressée à la conseillère fédérale sur le départ et au chef du Département des finances Ueli Maurer, également concerné, il se défend d'avoir fait du mauvais travail:
Une décision d'autant plus surprenante qu'elle a été transmise lors de la première rencontre entre Sommaruga et Simoni, qui siège pourtant au conseil d'administration de Swisscom depuis 2017, ayant été nominé par l'ancienne patronne du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), Doris Leuthard.
Ce sont donc les deux ministres démissionnaires, Simonetta Sommaruga et Ueli Maurer, encore ministre des finances, qui sont saisis de cette question au pire moment, à l'approche des fêtes et quelques jours seulement avant de quitter leurs postes respectifs.
Le président du conseil d'administration de Swisscom, Michael Rechsteiner, joue également un rôle double dans cette affaire. D'un côté, il a indiqué ne pas vouloir s'immiscer dans les affaires du Conseil fédéral. De l'autre, il a envoyé une lettre à chacun des Sept sages, dans laquelle il plaide en faveur du maintien de Simoni à son poste.
Ueli Maurer s'est également exprimé en faveur du maintien en poste de l'actuel représentant de la Confédération au sein du conseil d'administration de Swisscom. Au vu de ces réactions et ayant rencontré une forte opposition à l'interne du DETEC, Simonetta Sommaruga a fini par renoncer à vouloir effectuer le changement.
Leurs successeurs, Karin Keller-Sutter aux finances et Albert Rösti au DETEC, seront donc chargés de régler in fine cette question en début d'année prochaine. C'est toutefois le Conseil fédéral qui décidera de manière collégiale.
Le conseil d'administration de Swisscom est composé de neuf membres. Parmi eux, le représentant de la Confédération, qui détient 51% des parts de l'opérateur.
Il s'agit pour autant d'un poste lucratif, bien payé et au taux de travail peu contraignant. Swisscom a d'ailleurs dévoilé combien celui-ci touchait pour siéger: 288 000 francs en 2021, répartis comme suit:
Renzo Simoni, 61 ans, a indiqué à Sommaruga qu'il souhaitait rester en poste jusqu'à sa retraite, en 2026. Un joli petit pactole de plus d'un million en quatre ans.
D'autant plus que Simoni est un participant fiable aux réunions. L'année dernière, il n'en a manqué aucune: 15 réunions du conseil d'administration, 6 de celui d'audit et 3 de celui de rémunération. Un total de 24 réunions, soit une toutes les deux semaines en moyenne.
Il n'est pourtant pas le seul représentant de la Confédération présent dans le conseil d'administration d'une ex-régie fédérale: une situation similaire existe pour La Poste et les CFF.
Traduit, adapté et complété par Alexandre Cudré