«J'ai la chance d'avoir le seul ventilateur de l'établissement dans ma classe, j'en ai fait profiter mes élèves» sourit Juliette* au téléphone. L'enseignante vaudoise au gymnase nous raconte avec une pointe d'humour qu'elle et ses collègues se débrouillent «comme ils peuvent» face à ces fortes chaleurs.
Faire circuler l'air (chaud), conseiller aux élèves de s'hydrater, des mesures de bon sens qui ne freinent pas les températures élevées dans les salles. Juliette* nous explique que son établissement a distribué des gourdes à tous les élèves, et d'autres gymnases leur ont permis d'apporter des bouteilles d'eau en classe. Ces mesures sont-elles suffisantes?
Cette remarque est partagée par Nadège, une enseignante d'un autre canton romand, qui s'occupe, elle, des enfants de quatre à six ans.
Nadège, comme de nombreux enseignants, «fait ce qu'elle peut» et remarque que «les petits sont très fatigués» comme écrasés par la chaleur.
L'enseignante nous rappelle qu'elle peut décider de l'annulation des cours de gymnastique si nécessaire, mais pour l'instant, ils sont maintenus avec des exercices adaptés.
Les enseignants ont donc reçu des recommandations de leur canton respectif en cas de canicule, mais qu'en est-il des équipements du bâtiments scolaires? Est-il possible d'installer des ventilateurs ou des climatiseurs dans les établissements? Et bien, cela dépend des règles en cours dans chaque établissement.
Pour la directrice du gymnase de Beaulieu, ce n'est pas une solution envisageable.
De plus, dans son établissement, il n'y a pas de budget alloué à du matériel supplémentaire et les ventilateurs ne font pas partis des fournitures scolaires.
Toutefois, pour la présidente de l'association vaudoise des parents d'élèves, Marie-Pierre Van Mullem, les parents d'élèves peuvent toujours collaborer avec les enseignants pour trouver des solutions, comme fournir des ventilateurs aux classes primaire si cela est nécessaire, ce «petit coup de pouce est bienvenu», explique-t-elle.
Concernant les bâtiments comme les écoles professionnelles et les gymnases, ils sont «généralement dépourvus de climatisation, à l'exception de rares cas» et la mise en place de la climatisation n'est pas à l'ordre du jour, car elle va «à l'encontre des objectifs énoncés dans le plan Climat du canton de Vaud», selon la Direction générale des immeubles et du patrimoine du canton de Vaud. Même son de cloche de côté de la ville de Lausanne et de Morges pour qui la priorité est d'assainir les bâtiments existants.
En effet, même si «cela peut paraître tentant» installer une climatisation dans les bâtiments scolaires est «hors de propos» juge David Payot, conseiller communal lausannois en charge de l'enfance. «Au-delà de la canicule actuelle, il ne faut pas oublier que la climatisation est responsable en partie de l'effet de serre et qu'aujourd'hui, nous vivons une période de pénurie énergétique».
«Je me souviens très bien d'avoir eu congé à l'école à cause de la canicule, je devais avoir douze ans, c'était dans les années 60», nous explique Olivier. Autre temps, autres mœurs, selon le quotidien 24 heures qui a consulté ses archives, des congés exceptionnels se répétaient une fois par décennie jusqu'en 2003. Depuis, ce sont les recommandations et les mesures dites «de bon sens» qui sont appliquées (aération, hydratation, etc.). «Depuis que le Canton a repris les écoles en 2008, il n’y a pas eu de directive cantonale ou de base légale qui permette des congés de chaleur», explique Julien Schekter, responsable communication du Département de l'enseignement vaudois, toujours dans les colonnes de 24 heures. Philippe Lonfat, chef de service de l'enseignement valaisan confirme à la rts l'inexistence d'un congé de chaleur et «qu'émettre des directives de bon sens suffit».
L'idée de fermer les écoles en cas de canicule, la présidente de l'association vaudoise des parents d'élèves y est formellement opposée.
Pour Marie-Pierre Van Mullem, les enseignants ont la liberté pédagogique et peuvent faire preuve d'inventivité en faisant certaines cours à l'extérieur ou des sorties à la piscine pour les petits. «La canicule ne dure pas longtemps et les enfants vont bien, ajoute-t-elle, mais à long terme, il faudrait revoir la construction des bâtiments scolaires qui ne sont pas adaptés ou équipés pour les fortes chaleurs.» Et ce n'est pas Nadège*, l'enseignante en primaire qui la contredira: