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Canicule: Genève rend l'école optionnelle, et ailleurs?

Les enfants des écoles primaires souffrent de la canicule
Les enfants souffrent de la caniculeImage: KEYSTONE

Genève rend l'école optionnelle: comment les classes affrontent la chaleur

Le canton de Genève a autorisé les établissements scolaires à donner congé aux élèves jeudi et vendredi après-midi en raison des fortes chaleurs. Mais à l'heure de la rentrée scolaire, qu'en est-il des conditions de travail des enseignants et des élèves?
24.08.2023, 12:3424.08.2023, 14:21
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«J'ai la chance d'avoir le seul ventilateur de l'établissement dans ma classe, j'en ai fait profiter mes élèves» sourit Juliette* au téléphone. L'enseignante vaudoise au gymnase nous raconte avec une pointe d'humour qu'elle et ses collègues se débrouillent «comme ils peuvent» face à ces fortes chaleurs.

Des profs débrouillards

Faire circuler l'air (chaud), conseiller aux élèves de s'hydrater, des mesures de bon sens qui ne freinent pas les températures élevées dans les salles. Juliette* nous explique que son établissement a distribué des gourdes à tous les élèves, et d'autres gymnases leur ont permis d'apporter des bouteilles d'eau en classe. Ces mesures sont-elles suffisantes?

«Je ne prendrai pas le risque de donner mon opinion, mais mes collègues et moi-même étions 'en nage' à la dernière conférence des maîtres».
Juliette*

Cette remarque est partagée par Nadège, une enseignante d'un autre canton romand, qui s'occupe, elle, des enfants de quatre à six ans.

«J'ai acheté mon propre thermomètre pour vérifier les températures quotidiennement, à 16h, il faisait 27 degrés dans ma classe»
Nadège, enseignante au degré primaire

Nadège, comme de nombreux enseignants, «fait ce qu'elle peut» et remarque que «les petits sont très fatigués» comme écrasés par la chaleur.

«Demain, c'est la gym et la salle est une véritable fournaise, on va faire des activités douces»
Nadège, enseignante au degré primaire

L'enseignante nous rappelle qu'elle peut décider de l'annulation des cours de gymnastique si nécessaire, mais pour l'instant, ils sont maintenus avec des exercices adaptés.

Genève lève l'obligation d'aller à l'école
«Toutes les classes et écoles restent ouvertes et les enfants sont accueillis, mais l’école n’est pas obligatoire pendant ces deux après-midis compte tenu des températures extrêmes», nous explique le Département de l'instruction public genevois. «Nous avons eu des informations des enseignants, mais aussi des élèves qui nous indiquaient que la température dans certaines classes était intenable», souligne Pierre-Antoine Preti du DIP.

«Si les parents estiment que les conditions d’accueil de leurs enfants peuvent être plus adéquates à la maison et que cela est possible pour eux, ils peuvent garder leurs enfants à la maison jeudi après-midi et vendredi après-midi», conclut le DIP.

Et les ventilos?

Les enseignants ont donc reçu des recommandations de leur canton respectif en cas de canicule, mais qu'en est-il des équipements du bâtiments scolaires? Est-il possible d'installer des ventilateurs ou des climatiseurs dans les établissements? Et bien, cela dépend des règles en cours dans chaque établissement.

Pour la directrice du gymnase de Beaulieu, ce n'est pas une solution envisageable.

«Les ventilateurs ne sont pas pratiques et ne seraient pas efficaces dans nos classes et imaginez les feuilles qui s'envolent à chaque courant d'air»
Sabrine De Vito-Bolla, directrice du gymnase de Beaulieu

De plus, dans son établissement, il n'y a pas de budget alloué à du matériel supplémentaire et les ventilateurs ne font pas partis des fournitures scolaires.

Toutefois, pour la présidente de l'association vaudoise des parents d'élèves, Marie-Pierre Van Mullem, les parents d'élèves peuvent toujours collaborer avec les enseignants pour trouver des solutions, comme fournir des ventilateurs aux classes primaire si cela est nécessaire, ce «petit coup de pouce est bienvenu», explique-t-elle.

La climatisation n'est pas écologique

Concernant les bâtiments comme les écoles professionnelles et les gymnases, ils sont «généralement dépourvus de climatisation, à l'exception de rares cas» et la mise en place de la climatisation n'est pas à l'ordre du jour, car elle va «à l'encontre des objectifs énoncés dans le plan Climat du canton de Vaud», selon la Direction générale des immeubles et du patrimoine du canton de Vaud. Même son de cloche de côté de la ville de Lausanne et de Morges pour qui la priorité est d'assainir les bâtiments existants.

«Pour les anciens bâtiments, nous misons sur l'assainissement et l'efficience énergétique. Installer une climatisation n'est pas envisageable essentiellement pour des questions écologiques mais aussi parfois pour des questions techniques.»
Laetitia Morandi, municipale en charge des bâtiments (Morges)

En effet, même si «cela peut paraître tentant» installer une climatisation dans les bâtiments scolaires est «hors de propos» juge David Payot, conseiller communal lausannois en charge de l'enfance. «Au-delà de la canicule actuelle, il ne faut pas oublier que la climatisation est responsable en partie de l'effet de serre et qu'aujourd'hui, nous vivons une période de pénurie énergétique».

Enfants à la maison ou à l'école?

«Je me souviens très bien d'avoir eu congé à l'école à cause de la canicule, je devais avoir douze ans, c'était dans les années 60», nous explique Olivier. Autre temps, autres mœurs, selon le quotidien 24 heures qui a consulté ses archives, des congés exceptionnels se répétaient une fois par décennie jusqu'en 2003. Depuis, ce sont les recommandations et les mesures dites «de bon sens» qui sont appliquées (aération, hydratation, etc.). «Depuis que le Canton a repris les écoles en 2008, il n’y a pas eu de directive cantonale ou de base légale qui permette des congés de chaleur», explique Julien Schekter, responsable communication du Département de l'enseignement vaudois, toujours dans les colonnes de 24 heures. Philippe Lonfat, chef de service de l'enseignement valaisan confirme à la rts l'inexistence d'un congé de chaleur et «qu'émettre des directives de bon sens suffit».

L'idée de fermer les écoles en cas de canicule, la présidente de l'association vaudoise des parents d'élèves y est formellement opposée.

«Il est préférable que les enfants restent à l'école car certains d'entre eux vivent dans des conditions plus difficiles à la maison»
Marie-Pierre Van Mullem, présidente de l'association vaudoise des parents d'élèves

Pour Marie-Pierre Van Mullem, les enseignants ont la liberté pédagogique et peuvent faire preuve d'inventivité en faisant certaines cours à l'extérieur ou des sorties à la piscine pour les petits. «La canicule ne dure pas longtemps et les enfants vont bien, ajoute-t-elle, mais à long terme, il faudrait revoir la construction des bâtiments scolaires qui ne sont pas adaptés ou équipés pour les fortes chaleurs.» Et ce n'est pas Nadège*, l'enseignante en primaire qui la contredira:

«Nos classes sont exposées directement au soleil, il n'y a pas d'arbres autour de notre école primaire, juste du béton»
Nadège, enseignante en primaire
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