Suisse
Guerre contre l'Ukraine

Vers un méga-accord pour l'Armée suisse et l'aide à l'Ukraine

Ce que l'on sait du méga-accord pour l'armée suisse et l'aide à l'Ukraine

Une coalition de centre-gauche veut faire passer les dépenses supplémentaires pour l'armée et l'aide à l'Ukraine à côté du frein à l'endettement. Les dépenses doivent être comptabilisées comme extraordinaires. Jeudi, l'épreuve de force aura lieu au sein de la commission du Conseil des Etats.
25.04.2024, 12:13
Doris Kleck / ch media
Plus de «Suisse»

Accord secret de plusieurs milliards, marchandage sans précédent, pantalonnade financière: le Blick n'a pas manqué de superlatifs lorsqu'il a rendu public dans son édition de mercredi un plan du centre-gauche. Des politiciennes de différents partis veulent trancher le nœud gordien.

La droite veut rapidement plus de moyens pour l'armée, la gauche veut éviter que l'argent destiné à l'aide à la reconstruction de l'Ukraine soit dépensé au détriment de la coopération internationale au développement (CI). Et Le Centre se trouve en quelque sorte entre les deux. Tous doivent maintenant s'accorder et faire des concessions dans le but d'accroître la sécurité et la stabilité en Europe.

L'armée suisse dit avoir besoin de plus d'argent.
L'armée suisse dit avoir besoin de plus d'argent.Image: Raphael Rohner

Le centre-gauche prévoit donc un accord à 16 milliards. Les dépenses de l'armée devraient déjà atteindre 1% du produit intérieur brut d'ici 2030, au lieu de 2035. Le coût: 11 milliards de francs. Et les cinq milliards de francs pour l'aide à la reconstruction ne doivent pas provenir du budget de la CI, comme le prévoit le Conseil fédéral. Les 16 milliards de francs doivent être comptabilisés comme «dépenses extraordinaires» et échapper ainsi au frein à l'endettement. Mais pour cela, il faut une loi spéciale.

La Constitution et la loi autorisent-elles cet accord?

Jeudi, la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats se prononcera sur une proposition en ce sens de la conseillère aux Etats Marianne Binder (Centre), comme le confirment différentes sources. La demande a été déposée lors de la dernière séance à la mi-mars; entre-temps, l'administration a dû répondre à quelques questions à ce sujet. Le rapport est disponible, mais il est soumis au secret de la commission.

La controverse porte surtout sur le fait de savoir si les 16 milliards de francs peuvent être comptabilisés comme «extraordinaires». Le Conseil fédéral a répondu par la négative à cette question en ce qui concerne l'armée, mais aussi la reconstruction en Ukraine.

En mars, lorsque le Conseil national a discuté d'un fonds pour l'aide à la reconstruction – et l'a rejeté avec les voix de l'UDC, du PLR et du Centre. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis avait déclaré:

«Le frein à l'endettement exclut tout nouvel endettement durable. Les conditions pour un financement extraordinaire selon le droit en vigueur ne sont donc pas remplies.»
Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères

Lorsque le conseiller aux Etats Werner Salzmann (UDC/BE) a voulu augmenter les dépenses de l'armée en contournant le frein à l'endettement, le Conseil fédéral a également dit non. Selon la loi sur les finances de la Confédération, les dépenses extraordinaires ne sont autorisées qu'en raison d'évolutions exceptionnelles et non contrôlables par la Confédération. Les dépenses de l'armée n'en font pas partie.

Augmentation des impôts

Le Parlement a bien sûr le pouvoir de modifier la loi. Ces dernières semaines, des représentantes des deux chambres ont fait avancer l'idée d'un deal à 16 milliards. Selon certaines informations, la ministre de la Défense Viola Amherd (Centre) serait également favorable à l'idée.

Bundespraesidentin Viola Amherd spricht waehrend der Debatte um die Legislaturplanung 2023-2027, waehrend einer Sondersession des Nationalrats, am Dienstag, 16. April 2024, im Nationalrat in Bern. (KE ...
Viola Amherd.Keystone

Il sera intéressant de voir si les politiciens parviennent également à convaincre leur groupe parlementaire. Le PS est-il vraiment favorable à une augmentation rapide et importante des dépenses de l'armée? Et le Centre est-il prêt à contourner le frein à l'endettement? L'UDC Mauro Tuena, est convaincu que ce serait le début de la fin du frein à l'endettement.

Un groupe de travail dirigé par le conseiller aux Etats Peter Hegglin (Centre/ZG) a récemment proposé d'augmenter temporairement la TVA si l'on veut dépenser tant d'argent pour le financement de l'armée. Ce serait la voie la plus honnête, selon lui. Il ne croit pas au méga-deal que ses collègues de parti mettent en avant. «L'idée n'a pas été pensée jusqu'au bout», dit Peter Hegglin. «Avec un financement en dehors du frein à l'endettement, la Constitution et la loi sont bafouées.»

Divergences internes

Peter Hegglin admet ouvertement qu'il existe au sein de son groupe des positions divergentes entre les politiciens des finances (comme lui) et les politiciens de la sécurité. Ces derniers privilégieraient le contournement du frein à l'endettement, car une votation populaire est considérée comme un obstacle trop important.

Le centre-gauche dispose d'une majorité au sein de la Commission de la politique de sécurité. L'accord à 16 milliards a donc des chances d'aboutir. S'il passe, les politiciennes des finances du Conseil national se chargeront du dossier: le 7 mai, leur commission des finances se prononcera probablement sur l'accord. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté par Tanja Maeder

Le froid s'installe pour un moment en Suisse romande
Video: watson
3 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
3
Un jeune de 19 ans meurt dans une prison suisse
Un détenu polonais est décédé jeudi dans sa cellule à Saint-Jean, Chules (BE). Une enquête est en cours sur les causes du décès.

Un détenu est décédé jeudi dans sa cellule de l'Etablissement d'exécution des mesures de Saint-Jean, sur la commune de Chules (Gals en allmand, BE). Les causes exactes du décès de ce Polonais de 19 ans font l'objet d'une enquête, a précisé le Ministère public Jura bernois-Seeland.

L’article