Suisse
Guerre contre l'Ukraine

L'humiliation de Zelensky fracture la politique suisse

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Coup d'éclat à la Maison Blanche: Donald Trump et JD Vance ont humilié Volodymyr Zelensky.Image: keystone

L'humiliation de Zelensky fracture la politique suisse

Hormis un tweet succinct, le Conseil fédéral n'a pas réagi à l'incident entre les présidents Trump et Zelensky. Or, celui-ci a bel et bien une signification pour la Suisse, affirme le président du Centre Gerhard Pfister. Et il n'est pas le seul à critiquer le silence de Berne.
04.03.2025, 11:5704.03.2025, 16:01
Stefan Bühler, Lea Hartmann / ch media
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L'esclandre à la Maison Blanche fait des vagues jusqu'en Suisse. «Je vous emmerde, Monsieur Trump», réagissait le coprésident du PS, Cédric Wermuth sur les réseaux sociaux après la joute verbale entre le président américain, son vice-président et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Sur Bluesky, le conseiller national soleurois du Centre Stefan Müller-Altermatt a traité l'administration américaine de «gamins à la limite de la débilité».

Des qualificatifs grossiers, qui démontrent l'ampleur du choc - et l'état de perplexité dans lequel l'attitude sans état d'âme de Trump laisse de nombreux parlementaires suisse.

Pendant ce temps, le Conseil fédéral fait preuve d'une retenue surprenante - il reste même pour ainsi dire muet. La présidente Karin Keller-Sutter a vaguement tweeté en anglais:

«La Suisse continue de s'engager pour une paix juste et durable et condamne l'agression russe contre un Etat souverain»

Pas un mot sur Trump, ni sur les Etats-Unis, ni concrètement sur ce qui s'est passé.

Selon nos informations, l'administration fédérale préparerait en ce moment une réponse à l'escalade en cours. Dans certains départements, des voix s'élèvent pour demander une prise de position claire du gouvernement. Et ce, rapidement. Mais pour l'instant, rien ne bouge. On considère que l'attitude du Conseil fédéral n'a pas changé et qu'il n'y a donc rien de nouveau à communiquer.

Pourtant, la Suisse ne se contente pas de rester en observatrice sur la ligne de touche de la politique mondiale. Selon CH Media, la Confédération participe aux discussions européennes sur la fin à donner à la guerre en Ukraine - même sans le concours des Etats-Unis. Dimanche, les chefs d'État et de gouvernement européens se sont réunis à Londres à l'invitation du premier ministre britannique Keir Starmer. Berne n'est certes pas impliquée au plus haut niveau politique, mais elle l'est malgré tout au niveau diplomatique.

L'impact en Suisse du scandale à Washington

Ce silence assourdissant du Conseil fédéral suscite néanmoins de plus en plus d'incompréhension et de critiques au Parlement.

Pour le président du Centre, Gerhard Pfister: «Ce qui s'est passé à Washington a évidemment aussi un rapport avec la Suisse, car cela influence directement notre sécurité». Oui, les Etats-Unis n'ont pas encore définitivement tourné le dos à l'Ukraine et à l'Europe, «mais l'alliance transatlantique, l'Otan, en a manifestement souffert».

Parteipraesident und Nationalrat Gerhard Pfister, Mitte-ZG, spricht an der Delegiertenversammlung der Mitte Partei, am Samstag, 22. Februar 2025, in Visp. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Gerhard Pfister: ce qui s'est passé à la Maison-Blanche «a une influence directe sur notre sécurité».Image: keystone

Le Conseil fédéral doit dès lorsmontrer «ce que ce désaccord transatlantique signifie pour notre pays». Pour la sécurité militaire notamment, mais aussi d'un point de vue juridique: «Le gouvernement Trump respecte-t-il les contrats, comme celui de l'avion de combat F-35? Pfister constate un «vide d'orientation» après la non réaction du Conseil fédéral. Selon lui, cela génère un sentiment d'insécurité au sein de la population et du Parlement.

Selon le chef de file du Centre, la Suisse doit indiscutablement contribuer à la sécurité de l'Europe. Contrairement au président du PLR Thierry Burkart par exemple, il estime que «nous ne pourrons pas faire l'économie de recettes supplémentaires. Il faut renforcer notre armée à cet effet». Pfister se prononce donc en faveur d'une motion de son collègue de parti, le conseiller aux États Benedikt Würth, qui vise à augmenter la TVA - ce qui n'est possible que par référendum. «Nous devons soumettre aux électeurs la manière dont nous voulons garantir notre sécurité et ce que nous sommes prêts à payer pour cela».

La Suisse doit davantage coopérer avec l'Europe

La semaine dernière déjà, la Commission de la politique de sécurité (CPS) est passée à l'action. Au vu des derniers développements internationaux et des «tensions» géopolitiques croissantes, elle exige une déclaration du Conseil national: la Suisse doit davantage coopérer avec l'Europe dans ce domaine.

L'un des principaux acteurs dans ce dossier est le conseiller national socialiste Fabian Molina: «Le gouvernement n'a manifestement pas compris que nous nous trouvons à un tournant de l'histoire». Selon lui, il faut désormais soutenir l'Ukraine bien au-delà de ce qui a été fait jusqu'à présent. «Au nom de la sécurité européenne, il faut empêcher Poutine de gagner la guerre».

Fabian Molina, SP-ZH, spricht waehrend der Herbstsession der Eidgenoessischen Raete, am Donnerstag, 19. September 2024 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Fabian Molina: «Le Conseil fédéral n'a manifestement pas compris que nous nous trouvons à un tournant de l'histoire».Image: keystone

Molina ainsi que les deux conseillères aux Etats Tiana Angelina Moser (PVL) et Marianne Binder (Centre) demandent dans des interventions de même teneur que la Suisse augmente les fonds d'aide à l'Ukraine - et que ces dépenses soient exclues du dispositif de frein à l'endettement.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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