Suisse
Guerre contre l'Ukraine

La Suisse est devenue le repaire des espions de Poutine

Les espions de Poutine se sont installés à Genève et à Berne.
Les espions de Moscou se sont notamment installés à Genève.Keystone (montage watson)

La Suisse est devenue le repaire des espions de Poutine

Alors que les pays de l'UE durcissent le ton face aux diplomates et espions russes, la Suisse maintient une certaine «flexibilité» face aux services diplomatiques de Poutine. Résultat: les espions russes sont de plus en plus actifs à Genève et à Berne.
11.10.2023, 18:3412.10.2023, 07:16
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On connaissait l'époque mythifiée de la guerre froide, où diplomates soviétiques, américains ou européens pouvaient se croiser dans les petites rues sombres et emplies de brouillard de Berne — ou bien en plein soleil, mais discrets, sur une des grandes artères de Genève. Cette ère révolue fait place à une nouvelle réalité politique, mais l'espionnage est toujours bien présent dans notre pays. Selon la NZZ, près de 20% des espions russes actifs en Europe sont basés en Suisse.

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D'après un haut fonctionnaire du SRC qui s'est exprimé devant la commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national, près de 80 agents du renseignement russe actifs en Suisse sont concernés. Une situation d'autant plus surprenante que, depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, nombre de pays de l'Union européenne (UE) n'ont pas hésité à expulser le personnel diplomatique russe soupçonné d'espionnage. En Suisse, selon la NZZ, c'est tout le contraire: même les espions russes clairement identifiés ne sont pas inquiétés.

Genève, nid d'espions

Historiquement, trois villes européennes sont connues pour être des plaques tournantes de l'espionnage, et ce depuis la guerre froide: Bruxelles, Vienne et Genève. Les Belges, par exemple, n'ont eu aucun scrupule à expulser des espions russes. Résultat: ceux-ci se retrouvent transférés à Berne ou à Genève.

«Les autorités belges ont expulsé des employés clés des services secrets russes. Cela accroît l’importance de la Suisse pour la Russie»
Adrian Hänni, historiennzz

Parmi les opérations des agents russes en Suisse: contrôler le reste du réseau d'espionnage européen, trouver des moyens de contourner les sanctions et surveiller la diaspora russe en Europe. Selon Adrian Hänni, la tentative d'assassinat au Novichok de Sergeï Skripal au Royaume-Uni, en 2018, aurait été planifiée à Genève.

«La Suisse sert de base logistique pour les services secrets russes»
Adrian Hänni, historiennzz

Les partis politiques divisés

Plusieurs membres du Parti socialiste et du Centre ont demandé l'expulsion systématique de ces espions. De l'autre côté, le PLR et l'UDC s'y opposent, craignant des répercussions économiques sur la Suisse. Pour le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR/ZH), par exemple, la présence d'agents de renseignements russe en Suisse «est légale et ne pose pas de problème fondamental». Le président du Centre, Gerard Pfister, est très critique:

«Il ne faut pas être naïf. La menace des services secrets russes est réelle»
Gerard Pfister, conseiller national (Centre/ZG)nzz

Le Département des affaires étrangères (DFAE) défend de son côté une certain retenue, expliquant vouloir «maintenir les canaux de communication avec la Russie».

«Le Conseil fédéral n'impose pas de sanctions sous forme d'expulsions de diplomates»
DFAEnzz

Le DFAE précise que «lorsque la Suisse expulse des diplomates, elle le fait pour des raisons de sécurité intérieure et ces cas ne sont pas rendus publics». Pour la NZZ, cette explication n'est toutefois pas suffisante, car seuls un à deux diplomates par année sont expulsés du pays pour cette raison.

Il existe cependant des interdictions d'entrée à l'encontre de diplomates russes qui ont été expulsés d'autres Etats, ajoute-t-il. Depuis le début de la guerre, 270 interdictions de ce type ont été prononcées. Les pays européens ont toutefois procédé à 600 expulsions.

DFAE contre DDPS?

De plus, ajoute le journal zurichois, il n'est pas impossible que des tensions soient présentes à Berne entre plusieurs département. En effet, le SRC, qui est venu témoigner auprès de la CPE, dépend du Département fédéral de la Défense (DDPS).

A propos d'un nouveau service dirigé par le DDPS:

Le département de Viola Amherd pourrait, pour raisons sécuritaires pures, ne pas se trouver forcément sur la même ligne que celui d'Ignazio Cassis. Le renseignement fédéral a ainsi déclaré sobrement à nos collègues de la NZZ:

«Les activités d'espionnage russes sont depuis longtemps au centre des préoccupations du SRC»
Service de renseignement de la Confédérationnzz

(Avec ATS)

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