La Suisse veut soutenir l'Ukraine par une aide financière, le Conseil des Etats est largement d'accord sur ce point. Du moins en principe, car dès qu'il s'agit de savoir avec quels fonds le faire, l'unanimité n'est plus de mise. Des voix estiment que la Suisse devrait examiner la possibilité de transférer les fonds publics russes actuellement gelés à l'Ukraine.
Jeudi au Conseil des Etats, le socialiste zurichois Daniel Jositsch, entre autres, s'est opposé à cette idée:
Or celui-ci serait mis en péril par un tel transfert.
Avec sa prise de parole, Daniel Jositsch s'est opposé à sa collègue de parti, la socialiste Franziska Roth. Cette dernière estimait qu'exproprier des fonds publics russes serait un signal clair du soutien de la Suisse à l'Ukraine. Sur la même ligne, la centriste Marianne Binder a fait remarquer que la proposition discutée ne prévoyait qu'un examen des mesures et n'impliquait pas une nouvelle interprétation du droit international.
Par 21 voix contre 19 et 3 abstentions, la Chambre haute a approuvé de justesse la proposition de transférer des avoirs publics russes à l'Ukraine. Pour Franziska Roth, ce résultat serré montre à quel point la Suisse peine à participer à la sécurité internationale.
Dans une autre proposition, Franziska Roth a demandé la création d'un fonds pour que l'aide à l'Ukraine ne soit pas fournie au détriment de la coopération internationale, c'est-à-dire aux dépens d'autres pays. Mais elle a retiré son intervention. Le soutien à cette demande est tout simplement trop faible, justifie-t-elle. Mardi, une majorité du Conseil national avait déjà rejeté une proposition presque identique visant à créer un fonds pour la reconstruction.
Le Conseil fédéral a également fait preuve de retenue sur la question des fonds. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a argué de la situation tendue des finances fédérales.
En septembre, le Centre s'était engagé pour un financement de l'aide à l'Ukraine qui ne soit pas à la charge de la coopération internationale. Mardi, le parti a voté au Conseil national contre la création d'un fonds pour la reconstruction. Elisabeth Schneider-Schneiter (Centre/BL) a commenté:
A ses yeux, le budget de la coopération internationale est suffisant pour financer l'aide humanitaire en cours. Les moyens pour la reconstruction doivent être discutés en temps voulu avec la communauté internationale.
La conseillère aux Etats Marianne Binder voit les choses différemment. Pour elle, le terme de «reconstruction» est trompeur:
(aargauerzeitung.ch)