En Suisse, près de 500 patients attendaient une greffe de foie l'année dernière. Au total, 133 personnes ont pu en recevoir, tandis que 36 patients qui attendaient un nouvel organe sont décédés. C'est dans ce cadre que, comme le rapporte la NZZ am Sonntag, 20 foies de donneurs ont été rejetés par les médecins helvétiques, parfois même sans les avoir examinés, puis récupérés à l'étranger pour être transplantés.
Ces refus s'expliquent notamment par une prudence toujours plus accrue en Suisse face aux foies jugés moins fiables, notamment lorsqu'ils proviennent d'un décès par arrêt cardiaque, et non une mort cérébrale, rapporte la NZZ. La qualité des foies aurait également tendance à baisser, notamment en raison de l'âge croissant des donneurs.
Deux spécialistes renommés de la transplantation de foies considérés selon les standards comme «non-optimaux» ont quitté l’Hôpital universitaire de Zurich, sans pouvoir poursuivre cette activité ailleurs en Suisse. Leur départ a privé le pays d’une expertise précieuse dans l’évaluation et l’utilisation de tels organes.
Président de l'Association européenne de chirurgie, Peter Lodge juge la situation très préoccupante. Dans la NZZ am Sonntag, celui qui est l'un des chirurgiens du foie les plus renommés au monde déclare:
Il ajoute:
Résultat: l'expertise mondiale de la Suisse au niveau de la transplantation hépatique est ternie, tandis que le taux d'utilisation des organes chute.
Les chirurgiens italiens, réputés pour leur expertise en transplantation hépatique, viennent donc en Suisse récupérer des foies délaissés. L'année dernière, un foie suisse est également parti aux Royaume-Uni, et l'autre en France.
Les Hôpitaux universitaires de Genève tentent de remédier à cette situation, en améliorant l'évaluation des foies grâce à des prélèvements sur l'organe. Lorsque les spécialistes doutent de la viabilité de l'organe, cette technique doit permettre de s'assurer qu'il convient bien pour une transplantation.
Directeur de Swisstransplant, Franz Zimmer croit aussi que la situation peut s'améliorer grâce aux prélèvements, pour l'heure uniquement réalisés à Genève. Il déclare à la NZZ:
Pour cela, il faudra encore des financements, explique la NZZ am Sonntag.
(joe/ats)