Suisse
Intempéries

Val Mesolcina: Après les intempéries, quid des habitants?

Le corps d'une femme a
Le Val Mesolcina après les intempéries survenues cet été.Keystone

Après les destructions aux Grisons, on sait ce qui attend les habitants

Six mois après les intempéries qui ont frappé le Val Mesolcina, dans le sud des Grisons, on ne sait toujours pas si les habitants du hameau détruit de Sorte, près de Lostallo, pourront retourner dans leurs maisons.
27.11.2024, 11:56
Gerhard Lob, Lostallo / ch media
Plus de «Suisse»

Ce sont des temps difficiles pour la conseillère d'Etat grisonne, Carmelia Maissen. À la tête du Département des infrastructures, de l'énergie et de la mobilité, cette élue du centre a récemment dû superviser l’évacuation du village de Brienz. Tous les habitants ont été contraints de quitter leurs maisons en raison d’un glissement de terrain imminent.

Lundi, Carmelia Maissen s’est rendue dans le Val Mesolcina pour évaluer les conséquences de la violente tempête qui a frappé la région le 21 juin dernier. Ce jour-là, deux personnes ont perdu la vie dans le hameau de Sorte, près de Lostallo. Une troisième personne reste portée disparue. Les intempéries ont provoqué des glissements de terrain, des coulées de boue et des amas de débris, détruisant plusieurs habitations et causant des dégâts considérables. Les infrastructures routières, notamment l’autoroute A13, ont également été sévèrement impactées, certaines routes ayant été fermées pendant plusieurs jours.

Des habitants toujours privés de leur domicile

Actuellement, 20 personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs maisons ou reconstruire leurs propriétés détruites. Et les nouvelles apportées par Carmelia Maissen lundi n’ont pas été rassurantes: un retour à la normale avant deux ans semble impossible. Avant toute réhabilitation, le canton des Grisons doit actualiser ses cartes de dangers. Si la région venait à être classée en zone rouge, un statut indiquant un risque élevé, toute nouvelle habitation y serait strictement limitée, voire interdite.

«La situation est extrêmement difficile pour les habitants, et je le comprends», a déclaré la conseillère d'Etat dans les colonnes de la presse. Une conférence de presse s’est tenue dans l’après-midi, suivie, en soirée, d’une séance d’information pour les résidents à la salle de sport de Lostallo.

Andri Largiader, Naturgefahrenspezialist Region Mittelbuenden/Moesano, Amt fuer Wald und Naturgefahren, Regierungsraetin Dr. Carmelia Maissen, Vorsteherin des Departements fuer Infrastruktur, Energie  ...
Carmelia Maissen le 25 novembre 2024.Keystone

Après la catastrophe, le canton a commandé une analyse approfondie des événements. Le bureau géologique geo7, basé à Berne, a étudié 18 des 50 cours d’eau touchés par la tempête. Dans deux tiers des cas, les événements de juin 2024 ont été qualifiés de «majeurs à très majeurs», avec une probabilité de récurrence estimée entre 100 et 300 ans. Cependant, les experts ont constaté que les débris se sont déplacés sur des distances bien plus importantes que celles indiquées dans les cartes de dangers existantes, élaborées en 2013.

Cela signifie-t-il que les autorités ont manqué à leur devoir? «On ne peut pas le dire, car les cartes de dangers existantes datent de 2013 et ont été établies en toute bonne foi», explique Urban Maissen, responsable de l’Office grison des forêts et des dangers naturels.

Selon lui, ces cartes ont été réalisées selon les meilleures connaissances disponibles à l’époque. Et sont en général révisées tous les 10 à 15 ans. Il souligne également que le réchauffement climatique exacerbe ces phénomènes naturels, avec des précipitations plus fréquentes et intenses, ainsi que des instabilités accrues dues au dégel du pergélisol.

«Par exemple, les épisodes de fortes précipitations sont plus fréquents et plus intenses. Le dégel du permafrost a entraîné de nouvelles instabilités de pente»
Urban Maissen

Un risque sous-évalué, des conséquences juridiques possibles

Malgré l’installation de structures de protection, les cartes existantes ont partiellement sous-estimé les risques liés aux coulées de débris et de gravats. Ce constat pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires, notamment des demandes d’indemnisation de la part des habitants touchés. «Ce n’est pas à exclure», a reconnu Carmelia Maissen.

«Mais il n'y a pas de "recette", nous devrons tous faire des expériences en permanence. Nous sommes en contact étroit avec la Confédération, d'autres cantons ainsi que des partenaires de la recherche et de l'économie privée.»
Le directeur de l'Office des forêts et des dangers naturels.

Elle a toutefois souligné l’importance des infrastructures mises en place. «Il est difficile d’imaginer les conséquences sans ces ouvrages de protection.» Des efforts supplémentaires sont en cours, comme l’élaboration de cartes d’information sur les dangers et les risques, mais l’incertitude demeure.

«Avec les catastrophes naturelles, un risque résiduel existera toujours, et il est impossible de prévoir ces événements à 100 %»
La conseillère d'Etat Maissen

Dans un contexte de changement climatique, le canton des Grisons, comme le reste de la Suisse, devra continuer à ajuster ses outils et ses stratégies pour faire face à des phénomènes extrêmes de plus en plus fréquents.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Les Grisons touchés par de violentes intempéries
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Vous l'adorez ou vous la détestez? Dites-nous tout
Valérie Dittli, la conseillère d'Etat vaudoise sanctionnée par ses pairs, est devenue un personnage à part entière, avec ses fans et ses détracteurs. Dans quel camp êtes-vous? Notre sondage pourra peut-être vous aider à vous situer.

Vous n’avez pas compris grand-chose à l’affaire Dittli? Rassurez-vous, nous non plus. C’est une histoire assez fumeuse. Avec des lunettes noires. Où la méchante désignée est peut-être vraiment la méchante, ou pas du tout, ou un peu quand même.

L’article