Ces derniers jours, les informations concernant le nouveau variant Omicron se sont multipliées. Il semble être plus contagieux que le variant Delta, mais moins dangereux. La rapidité de ces informations laisse toutefois planer le doute. Pour l'instant, on ne sait pas vraiment comment Omicron va évoluer.
Une seule chose est claire: nous nous dirigeons aveuglément vers une tempête que rien ne pourra arrêter. Nous le savons grâce à des pays comme le Danemark ou l'Afrique du Sud, qui effectuent des séquençages de virus presque en temps réel.
Les données provenant du Danemark et d'Afrique du Sud dressent une image précaire. A l'instar de Lucky Luke, qui tire plus vite que son ombre, Omicron se propage actuellement plus vite que la science ne peut en tirer de conclusions.
En Afrique du Sud, le variant Omicron a réussi en quelques semaines à supplanter complètement le variant Delta. En Europe, selon les spécialistes, la quasi-totalité des cas de Covid proviendra du variant Omicron d'ici quelques semaines.
C’est en tout cas ce que montrent les données du Danemark: le nombre de cas d'Omicron double actuellement tous les deux jours. Le 9 décembre, il était d'environ 15%. On s'attend à ce que la barre des 50% soit franchie sous peu. La même chose est attendue en Grande-Bretagne.
La situation semble être semblable en Suisse, mais les données manquent. Le dernier relevé date du 3 décembre et Omicron représentait alors 2,7% des cas. L'OFSP fait toutefois remarquer que les données relatives aux différents variants du virus ne sont pas représentatives pour le moment.
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Un taux mesuré à environ 3% de cas Omicron début décembre en Suisse pourrait évoluer de la même façon qu'au Danemark. Il est donc très probable qu’Omicron devienne également dominant en Suisse ces jours-ci. Et ce, même si on l’on compte sur un temps de dédoublement de trois jours, au lieu de deux.
La semaine dernière, des informations ont circulé selon lesquelles Omicron provoquerait des évolutions moins graves de la maladie que le variant Delta. Ainsi, la Hongroise Katalin Karikó, co-inventrice du vaccin à ARNm et vice-présidente de Biontech, a déclaré: «Si Omicron supplante le variant Delta parce qu'il est plus contagieux mais ne provoque pas de maladie grave, alors nous n'avons pas à nous inquiéter. Je suis très optimiste.»
Différents chercheurs du monde entier ont fait des déclarations similaires. La raison de cette hypothèse est que les premiers rapports en provenance d'Afrique du Sud indiquent qu'il n'y a que peu de patients présentant une évolution grave dans les hôpitaux.
Le point négatif est qu’Omicron semble mieux échapper aux anticorps des personnes vaccinées et guéries. Par conséquent, les personnes non vaccinées, les personnes guéries et les personnes vaccinées peuvent à nouveau être infectées dans les mêmes proportions.
En Afrique du Sud, le taux de contamination du variant Omicron est très élevé. Une partie de la population a été contaminée, alors même qu’elle est vaccinée. On peut donc en conclure qu'une grande partie des personnes infectées possédaient des anticorps. En conséquence, les évolutions bénignes de la maladie ne disent que partiellement quelque chose sur le variant Omicron, mais plutôt que la vaccination continue d'empêcher les évolutions graves.
Omicron contamine tout le monde, le taux de transmission est trois fois plus élevé que celui du variant Delta. «Avec le variant Delta, moins de personnes sont contaminées car le vaccin résiste au variant», explique l’infectiologue suisse Richard Neher.
Une protection contre les nouvelles infections pourrait théoriquement être rétablie. Une étude de l'Université d'Innsbruck montre que la dose de vaccin de rappel fait remonter la protection contre les infections de presque 0 à plus de 50%.
Le problème ici est qu'Omicron a une longueur d'avance sur nous. De plus, la Suisse est en queue de peloton des pays d'Europe occidentale par rapport à la vaccination de rappel. Dans les quelques jours qui précèdent la supplantation du variant Omicron, le taux de personnes ayant reçu une dose de vaccin supplémentaire ne changera pas de manière substantielle.
First Omicron neutralization data from our lab using primary Omicron isolate from Tyrol with @AnnikaRoessler @LydiaRiepler @doctorflew and Dorothee von Laer @imed_tweets pic.twitter.com/ids3fpxr47
— Janine Kimpel (@JanineKimpel) December 8, 2021
Cela veut dire que la Suisse et de nombreux pays d’Europe se dirigent vers une vague de cas Covid potentiellement énorme aux conséquences insoupçonnées.
La seule question qui se pose vraiment est de savoir à quel point cela va être grave.
La virologue genevoise Isabella Eckerle a laissé entendre sur Twitter que presque tout le monde, vacciné ou non, pourrait être infecté par le variant Omicron dans les prochains mois.
Cela conduirait à un nombre d'infections qui éclipserait tout ce qui a été connu jusqu'à présent. Si l'on suppose en outre que les évolutions bénignes observées jusqu'à présent sont principalement dues à la protection vaccinale, il s'agirait d'un cocktail potentiellement catastrophique au sein de la population.
Mais ce scénario signifierait également que la quasi-totalité de la population posséderait ensuite des anticorps. Le virus deviendrait endémique, à moins qu'un nouveau variant n'apparaisse à nouveau.
Les observations de Pieter Streicher, un analyste du Covid de l'Université de Johannesburg, vont à l'encontre de cette théorie. Selon ses calculs, la vague Omicron en Afrique du Sud devrait atteindre son pic dans les prochains jours et avoir ainsi touché au maximum un quart de la population. Cela correspond à des observations faites lors de vagues précédentes, avec d'autres variants. Jamais un pays n'a connu plus de 30% de personnes infectées, même lorsqu’aucune mesure de protection n'était en place.
7 of 7:
— pieterstreicher (@pieterstreicher) December 12, 2021
All variants and all waves in almost all countries reach saturation at well below 30% infected, even in countries with only light restrictions.
It is unlikely that #Omicron will be different.
D'une manière ou d'une autre, le variant Omicron frappe la Suisse au pire moment. La vague actuelle est à son apogée, le système de santé est à bout de souffle et la vaccination de rappel est en retard.
Même si le variant Omicron engendre des évolutions moins graves de la maladie, la simple masse de nouvelles infections supplémentaires amènerait le système de santé au bord de l'effondrement.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz