Suisse
International

4ème dose de vaccin Covid en Israël: pourquoi déjà? Et en Suisse?

Chisinau, Moldova - May 30, 2020: female hands holding Uno game cards.
Image: watson
Analyse

La 4e dose arrive déjà, les Suisses doivent-ils s'y préparer?

Cette semaine, Israël a pris la décision d'administrer une quatrième dose aux plus de 60 ans. Le Brésil a lui aussi opté pour une quatrième injection. Alors que la Suisse n'en a pas encore fini avec la troisième dose, doit-elle déjà se préparer pour la suivante?
24.12.2021, 05:5824.12.2021, 06:45
Jonas Follonier
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Et de quatre! En Israël, le Premier ministre Naftali Bennett a annoncé ce mardi 21 décembre que tous les Israéliens de plus de 60 ans et le personnel médical auraient droit à une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19, après consultation d'un groupe d'experts. Ces déclarations interviennent à un moment où Israël peine à contenir la diffusion du variant Omicron, décrétant des interdictions de voyager et d'autres restrictions sans aller jusqu'à se confiner.

Avant cette décision d'Israël, nous nous étions déjà posé cette question:

Voilà que la quatrième dose a maintenant fait son apparition – non seulement en Israël, mais aussi au Brésil pour les personnes immunodéprimées – et que cela nous inspire plusieurs interrogations.

Est-ce le bon moment?

Déjà, cette décision arrive-t-elle un peu «tôt»? «Cette idée me laisse totalement froid» réagit l'infectiologue Philippe Eggimann. «On a l’outil technologique pour produire des vaccins en grande quantité relativement vite et l’infrastructure pour les administrer. Et on sait qu’on a un vaccin qui est prodigieusement efficace, mais dont l’efficacité diminue dans le temps... Je comprends qu’Israël anticipe.»

A l'inverse:

«Le discours consistant à faire plaisir aux gens en disant "C’est la dernière fois qu’on vous donne un vaccin", c’est ridicule»
Philippe Eggimann, président de la Société médicale de la Suisse romande

«Il est difficile de dire ce que nous réserve le monde post-Omicron», estime le virologue Didier Trono. «Mais tant qu’au niveau planétaire, on n’aura pas suffisamment de gens vaccinés, il est clair que le virus continuera à circuler.» Dans un monde idéal, on immuniserait l’entièreté de la planète; dans un monde moins idéal, on se prépare à ce qui peut arriver. «Et ce qui peut arriver, c’est effectivement une dérive mutationnelle du virus

Pour rappel, le fait que le virus SARS-CoV-2 à l'origine du Covid-19 a muté veut dire qu'il a été sujet à des modifications en se répliquant. En mutant, il est devenu plus infectieux. La troisième dose sert à renforcer les anticorps dans le sang pour faire face aux mutations du virus – une étude israélienne avait montré que la dose de rappel offre 19 fois moins de chance de faire une infection grave. Nous savons maintenant que la durée de protection des vaccins à ARN messager est de l'ordre de six mois. D'où l'idée d'une quatrième dose.

Les Suisses y auront-ils aussi droit?

La quatrième dose arrivera aussi en Suisse? Si oui, quand? Selon Philippe Eggimann, la Confédération devra envisager la quatrième dose si les données à sa disposition suggèrent de le faire. «Ce n’est pas le nombre de doses qui compte, c’est à chaque fois si une nouvelle dose est justifiée», explique-t-il. Le maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne se permet d'ailleurs un petit commentaire sur l'attitude d'une «partie des pays européens», dont le nôtre:

«On est affreusement coupables de ne pas avoir cru les Israéliens l’été passé quand ils nous disaient qu’il fallait faire une troisième dose. On ne les a pas écoutés pour des raisons politiques: c’était l’été, il faut prendre des vacances, chanter, danser, etc. On a eu un avertissement avec la quatrième vague, on n’a pas voulu la voir, et maintenant on se prend la cinquième en pleine figure.»

La quatrième dose concernera-t-elle en principe tout le monde? «Il faudra probablement stimuler la réponse immunitaire par un rappel au moins chez ceux qui ne répondront pas bien à la troisième dose, pour autant qu’on vérifie la réponse immunitaire chez une partie de la population (sans doute les seniors ou les personnes à risque)», répond le clinicien.

Vous feriez la quatrième dose si elle arrive prochainement en Suisse?

«Il faut, d’une part, ne plus avoir de non-vaccinés et, d’autre part, bétonner la vaccination de ceux qui l’ont été avec une troisième dose le plus vite possible», résume Didier Trono. Qui ne se prive pas non plus d'une petite pique contre le gouvernement: «Si on s’en était inquiété un petit peu plus, ça se serait fait avant Noël, mais comme nos autorités ont l’habitude de faire les choses, disons, de manière très organisée autour de multiples consultations (Swissmedic, EFIK, cantons, OFSP, etc.), ça prendra beaucoup plus longtemps.»

Quatre doses pour un vaccin, c'est normal?

La plupart des vaccins que l'on connaît – hépatite B, coqueluche, etc. – fonctionnent avec un schéma vaccinal de deux doses, plus un rappel. «La troisième dose Covid, c'est donc de la routine dans le monde des vaccins», lance Didier Trono. Mais maintenant qu'on parle de quatrième dose, ne se dirige-t-on pas plutôt vers un autre modèle de vaccin, plus proche du vaccin contre la grippe, adapté pour chaque hiver aux nouvelles souches de ce virus qui se recombine tous les ans dans le règne animal?

«Pas vraiment», selon le spécialiste. «Le vaccin contre la grippe réclame effectivement une adaptation chaque année. Avec le Covid, ce ne sera pas la même chose, car ce virus ne subit pas ces changements génétiques massifs. Ce vers quoi on pourrait s’acheminer, c’est l’administration de vaccins contenant plusieurs versions du génome de la protéine Spike, celle reconnue par les anticorps neutralisants, de manière à stimuler la synthèse d’un éventail d’anticorps capable de neutraliser tous les variants.» Du coup:

«La nécessité de rappel sera dictée par la durée de cette immunité et les taux de circulation du virus sur la planète»

Les vaccins contre le Covid sont d'ailleurs beaucoup plus efficaces que ceux contre la grippe, rappelle Philippe Eggimann. «Et on n’a jamais réussi à trouver un traitement pour prévenir le rhume, engendré par les coronavirus alpha.» Ce qui fait des vaccins Covid une grande réussite – un miracle, même, si l'on regarde aussi la rapidité avec laquelle ils ont été élaborés.

Justin Trudeau et ses chaussettes flashy ⚡
1 / 23
Justin Trudeau et ses chaussettes flashy ⚡
source: keystone
partager sur Facebookpartager sur X
Lutter contre le Covid avec Maman j'ai raté l'avion
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
La triste histoire du premier fabricant de guillotine suisse
Johann Bücheler était un simple menuisier de Kloten. En 1836, le canton de Zurich le chargea de fabriquer une guillotine. Sa vie ne fut plus jamais la même.

Dans son atelier de menuiserie, Johann Bücheler produit chaises, tables et autres armoires. Un beau jour, le Conseil de police du canton de Zurich lui confie une mission sensible: se rendre à Genève afin d’y étudier la première guillotine sur le territoire suisse. Zurich, gouverné depuis peu par les libéraux-radicaux, veut en finir avec les effrayants spectacles de décapitation manuelle.

L’article