Trois doses de vaccin (voire plus) contre le Covid? Oui c’est sérieux
Mais qui a dit qu’il faudrait une troisième dose de vaccin?
Depuis une dizaine de jours, on lit dans la presse qu’une troisième dose de vaccin anti-Covid au minimum serait nécessaire, en sus des deux injections actuelles.
Cette idée concerne les vaccins ARNm, soit ceux de Pfizer-Biontech et de Moderna. D’où vient-elle? C’est en fait le big boss de Pfizer, Albert Bourla, qui l’a affirmé sur la chaîne américaine CNBC, le 15 avril. Il a dit précisément:
De son côté, Moderna a aussi dit travailler sur une piqûre de rappel au Tages Anzeiger.
En Suisse, au vaccinodrome de Palexpo à Genève, on imagine même devoir répéter tout le cycle de vaccination deux, voire trois fois. «Les doses qu’on nous donne sont censées être valables durant 9 mois. Donc, normalement, les gens qui ont été vaccinés en janvier devraient être revaccinés en septembre», a estimé sur la RTS Abadallah Chatila, le président de M3, qui gère le centre.
A quoi serviraient ces doses supplémentaires?
A ce jour, la protection offerte par les vaccins ARNm est «excellente», rappelle Didier Trono. Le virologue de l’EPFL, aussi membre de la Task Force Covid de la Confédération, explique:
Les vaccins ARNm ont effectivement la possibilité d’être «modifiés» plutôt facilement par les laboratoires, pour faire face aux mutations du virus.
Comment saura-t-on si ces piqûres sont vraiment nécessaires?
Pour pouvoir répondre à cette question, il faut du recul (comme toujours durant cette pandémie). Pour Didier Trono, la décision d’administrer plus que deux doses de vaccin serait conditionnée à l’apparition de nouveaux variants et à la durée de la protection immunitaire au fil des mois, observée chez les patients guéris du Covid ou déjà vaccinés.
Un monitoring géant
Pour observer cette dernière, le virologue rêverait d’un immense monitoring à l’échelle suisse. Une sorte de programme national qui traquerait, surveillerait et analyserait les données immunologiques et sérologiques des Suisses face aux vaccins et au Covid.
Plus concrètement, le spécialiste trouverait judicieux – et même capital – de réaliser à grande échelle:
- Des tests sérologiques spéciaux qui identifieraient chez les gens la présence, ou non, d’anticorps neutralisants. Ces petits boucliers qui empêchent le virus de pénétrer dans les cellules sont «produits» par le corps lors d’une infection ou après un vaccin. Ces tests sérologiques sont déjà pratiqués au CHUV en laboratoire, comme l'annonçait en mars à watson le chef du service d’immunologie et d'allergie Giuseppe Pantaleo. Or, ils ne sont pas encore utilisés à large échelle.
- Des analyses poussées chez les gens qui sont réinfectés après un vaccin ou une première infection au Covid. «Il faudrait séquencer le virus pour pouvoir analyser ce qui a cloché, pourquoi telle protéine n’a pas été bloquée par exemple». Observer de très près les réinfections permettrait aussi de savoir si la deuxième infection pourrait être plus, ou moins, grave que la première.
Qu'en pense l'OFSP?
Alors, trois doses ou plus pour les Suisses? L'OFSP, par le biais de sa porte-parole Masha Maria Foursova, répond:
L'Office fédéral indique en tout cas que le contrat avec Moderna permet d'ajuster une partie des fournitures pour répondre à la demande. L'OFSP déclare aussi qu'il prend note de la proposition de Didier Trono quant à un programme national de surveillance sérologique.