La mort de Mahsa Amini, trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, a déclenché un mouvement de contestation en Iran. Depuis la mort de la jeune femme de 22 ans, les Iraniennes se soulèvent contre le régime islamique, brûlant leur voile et se coupant les cheveux. La contestation a, depuis, trouvé un écho à l'international. En France, notamment, des personnalités se sont coupé une mèche de cheveux en signe de solidarité.
Des Suissesses ont, elles aussi, empoigné les ciseaux en vidéo. On y voit, par exemple, l’ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, des artistes comme Brigitte Rosset ou Sonia Grimm, ou des avocates comme Yaël Hayat:
Ce sont trois avocates genevoises qui sont à l'origine de la vidéo. «Notre motivation est simple: selon nous, le relais médiatique à l'international est mineur, alors que, selon les contacts que nous avons pu avoir sur place, les manifestations, rejointes par des étudiantes, des hommes et même des écolières, ont essaimé à travers tout le pays», nous dit l'une des initiatrices, qui préfère ne pas donner son nom pour ne mettre la lumière que sur la cause elle-même.
Lauriane Gilliéron, ancienne Miss Suisse, actrice et animatrice radio sur LFM, fait aussi partie des Suissesses qui se sont coupé une mèche. Elle dit avoir d'abord hésité à participer à la vidéo, se sentant impuissante face à la situation.
Pour les initiatrices, relâcher la pression, c'est condamner les Iraniennes à mort. Les trois avocates espèrent, par leur geste et le relais médiatique qu'il suscite, continuer à attirer l'attention sur l'Iran. Elles soulignent qu'il ne s'agit pas «juste» d'une question de religion.
Leila Delarive, entrepreneure vaudoise d'origine iranienne et avocate, n'a pas hésité à prendre part au mouvement. «Le combat de ces femmes courageuses résonne en chacune de nous. Je me sens démunie et triste lorsque je vois toutes ces vidéos circuler sur les réseaux sociaux, où des femmes sont battues, parfois à mort, parce qu’elles revendiquent le droit de vivre librement, et non plus sous la contrainte religieuse.»
La Vaudoise souligne que la répression ne s'arrête pas aux frontières de l'Iran: «Le spectre de la répression existe aussi à l’étranger. Toute ressortissante iranienne, même bi-nationale, qui prend parti, risque un jour de subir une détention arbitraire ou d’autres mesures de rétorsion si elle venait à voyager en Iran à l’avenir...»
L'une des avocates à l'origine de la vidéo sait que leur geste en laisse certains perplexes. Mais qu’importe.
Elle rappelle que tous les jours, des manifestations ont lieu en Iran. A Téhéran, mais aussi dans des régions plus reculées, même si les médias iraniens n'en montrent peu et que la communication est rendue difficile entre le pays et l'extérieur, notamment en raison des coupures régulières des réseaux sociaux. «On parle de femmes et d'enfants qui se font tuer!»
Selon un dernier bilan de l'ONG Iran Human Rights, au moins 122 personnes ont perdu la vie dans des manifestations en Iran. Par ailleurs, la ville de Zahedan dans le sud-est du pays a été touchée par plusieurs jours de violences déclenchées le 30 septembre lors de manifestations contre le viol d'une jeune fille imputé à un policier, qui ont fait au moins 93 morts selon l'ONG. Parmi les morts dans ces manifestations figurent 27 enfants, a indiqué l'Iran Human Rights lundi dans son dernier bilan.