Ce conflit entre policiers fribourgeois donne une «image pitoyable»
Son retour de congé maternité n’aurait jamais dû se terminer ainsi. En 2022, une inspectrice de la police fribourgeoise qui souhaite tirer son lait au travail dénonce des remarques sexistes de son supérieur. Son chef de brigade aurait mal accepté la situation et l'aurait alors traitée successivement de «profiteuse», puis de «vache à lait».
Comme le rapporte 24 heures, ce qui aurait dû rester un simple conflit interne prend alors rapidement des allures d’affaire d’Etat, car Polcant et la Direction de la sécurité, de la justice et du sport (DSJS) ont tour à tour échoué à calmer une affaire qui s'envenime.
En effet, le supérieur estime que sa collaboratrice a créé des tensions et des situations conflictuelles dans le seul but de nuire à sa réputation. Une accusation qui vaut à la policière une condamnation pour calomnie par ordonnance pénale du Ministère public. Aujourd'hui, elle fait recours.
Ce mercredi, devant le Tribunal de la Sarine, l’inspectrice faisait donc face à celui qu’elle accusait autrefois de sexisme. Lui, proche de la retraite, admettra être «déçu d’en arriver là».
Un miasme administratif sans fin
Les ratés et les rebondissements se sont multipliés dans cette affaire. Une première instruction avait reconnu un fond discriminatoire sans pouvoir en attribuer la source. Résultat: le Tribunal cantonal a dû relancer toute la procédure.
Puis, nouveau rebondissement: le premier juge s’est récusé après avoir tenté d’acheter la paix entre les parties, en proposant 10 000 francs au chef de brigade pour qu'il retire sa plainte. L’avocat de la policière, Me Adrien de Steiger, peste:
Il rajoute que sa cliente aurait vécu «un véritable enfer» depuis trois ans, malgré la reconnaissance de son statut de victime. Il dénonce également la plainte pour calomnie du chef de brigade, qu'il juge «tardive et tactique».
Bientôt la fin de l'histoire?
Deux anciens collègues des protagonistes, un couple à l’époque des faits, se succèdent à la barre. Ils racontent que leur relation avait été mal acceptée par le chef, mais sans conséquences graves. Comme le raconte 24 heures, la conjointe concède avoir dû changer d'affectation et s'en être trouvée «agacée» à l’époque, sans se remémorer de propos sexistes. Le conjoint, lui, abonde en son sens et dit ne «jamais avoir connu de difficultés» avec le chef de brigade.
Pour la défense du chef de brigade, ces déclarations «prouvent les propos calomnieux de la prévenue». Son avocat réplique que ces témoins «ont tout simplement peur de froisser leur ancien responsable». La policière, elle, énonce:
Vendredi, elle saura si sa condamnation pour calomnie sera levée ou non.
(ysc)
