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La Poste a trouvé un responsable au parcours houleux pour sa forêt

Voici l'homme qui devra s'occuper de la forêt à 70 millions de La Poste

La Poste voulait reverdir son image en achetant une énorme forêt dans le Land allemand de Thuringe. On connaît désormais le profil de celui qui s'en occupera.
25.03.2024, 16:5725.03.2024, 16:57
Christian Mensch / ch media
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Stefan Flückiger, 51 ans, ingénieur forestier diplômé de l'EPF, a eu une vie professionnelle mouvementée. Il a été entrepreneur et membre de plusieurs conseils d'administration dans le secteur du bois, professeur de commerce et directeur d'une école professionnelle. Il a aussi dirigé l'association des propriétaires forestiers et œuvré comme garde forestier de la bourgeoisie de Berne.

Il est également chargé de cours à la Haute école spécialisée de son canton. En plus de tout cela, Flückiger a récemment accepté de s'occuper de la forêt de Zillbach. La Poste suisse avait acquis ces 2400 hectares de forêt dans le Land allemand de Thuringe pour améliorer son bilan carbone.

Stefan Flückiger, ingénieur forestier.
Stefan Flückiger, ingénieur forestier.Image: Wald Plus AG

Le Bernois ne se rendra pas directement sur place pour gérer ces bois. Mais il dirige la société Wald plus GmbH, fondée par Son Altesse le prince de Baden et dont le siège est au château de Salem. C'est elle qui a remporté l'appel d'offres de La Poste suisse pour la gestion et l'exploitation du site.

Seuls deux dossiers avaient été déposés et un contrat de 1,3 million d'euros a finalement été attribué. Par rapport à son concurrent, Wald plus a obtenu de meilleurs résultats pour les critères «respect des exigences» et «rentabilité».

Et de la rentabilité, justement, il en faudra. Car la Poste a déboursé la somme exorbitante de 70 millions de francs pour cette surface grande comme plus de 3300 terrains de football. Ce n'est cependant pas pour du rendement, mais bien pour réduire son impact CO2 que le géant jaune a consenti cet investissement. A terme, la Poste devrait ainsi pouvoir déduire 9000 tonnes de dioxyde de carbone de son bilan écologique.

Simple forêt ou véritable sylviculture?

Stefan Flückiger est un personnage bien connu dans les milieux forestiers helvétiques. Son nom rime cependant moins avec utilité écologique qu'avec économie forestière pure et dure. Les entreprises qu'il a accompagnées jusqu'à présent sont actives dans la découpe (Woodex AG), le bois de chauffage (Lignocalor AG) et la construction (Fagus Suisse SA). Dans une interview accordée il y a deux ans à la Bauernzeitung, l'ingénieur déclarait qu'il ne comprenait guère «que l'on laisse des arbres en forêt pendant des décennies sous couvert de protection du climat».

Alors que les experts forestiers les plus écolos plaident pour des forêts plus boisées – et donc pour une plus grande fixation du CO2 par les arbres – Stefan Flückiger a laissé transparaître une opinion tout autre dans une tribune:

«Un concept d'exploitation orienté vers la protection du climat maximise la capacité d'aspiration de la forêt et utilise de manière optimale les réservoirs en aval»
Stefan Flückiger

Comprenez par là que ce n'est pas l'arbre vert, mais son bois mort transformé qui doit permettre de fixer le CO2 sur le long terme.

La Haute école spécialisée bernoise, une plaque tournante de la sylviculture

L'Alémanique confirme l'attribution du marché à Wald plus, mais comme aucun contrat n'a encore été signé, il ne souhaite pas s'exprimer davantage pour le moment. En revanche, il refuse de parler d'un avantage qu'il aurait eu en tant que forestier de la bourgeoisie de Berne. Selon lui, toutes les candidatures ont été étudiées sur un pied d'égalité.

Mais il concède en même temps avoir beaucoup de connaissances préalables utiles: il dirige le master en sciences agronomiques, forestières et alimentaires à la Haute école spécialisée de Berne, et cette même HES aurait été chargée d'évaluer la forêt de Thuringe avant son acquisition par la Poste.

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Flückiger avec sa propre société Wald plus AG qui a remporté le marché, mais bien l'allemande Wald plus GmbH. Selon nos informations, Flückiger n'y a aucune participation. Elle appartient en grande partie à Bernhard Markgraf von Baden (à hauteur de 40%).

Le groupe autrichien Binderholz a également acheté 40% de la société. Avec un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros, il constitue la plus grande entreprise européenne dans le secteur des scieries et de la transformation du bois massif. Les parts restantes appartiennent à l'ancien directeur.

La Poste et le conseiller fédéral Rösti pas d'accord

Selon son profil Linkedin, Flückiger avait déjà été engagé par l'entreprise allemande plus alors qu'il travaillait encore pour la bourgeoisie de Berne. Il gérait alors 3500 hectares; la société allemande, quant à elle, en contrôle déjà 11 500 aujourd'hui. Si on ajoute la forêt de la Poste, la surface totale dont s'occupe Wald plus va encore augmenter.

A en croire la direction de l'entreprise, le géant jaune ne devrait pas s'arrêter là pour alléger son impact carbone. Lors d'un débat parlementaire, le conseiller fédéral Albert Rösti a toutefois précisé qu'il s'agissait pour l'heure de la première et dernière acquisition de ce genre. Mais ça, c'était avant la nomination du forestier.

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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