Il y aura des voix discordantes dans le défilé qui doit s’élancer ce vendredi soir de la Place de la Riponne, à Lausanne, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Alors que les organisatrices, réunies dans le collectif de la Grève féministe Vaud, ont annoncé une manifestation aux couleurs de la Palestine, une cinquantaine de femmes ont prévu de faire acte de présence dans un registre différent, a appris watson. Elles rappelleront les violences infligées à des femmes par des groupes armés: celles du 7 mars en Israël lors de l’attaque terroriste du Hamas, mais d'autres aussi, que ce soit en Haïti ou en République démocratique du Congo.
C’est peut-être la première fois que la Grève féministe Vaud dédie la journée du 8 mars à la cause d’un peuple, sans mot d’ordre spécifique en faveur des femmes. Dans le flyer publié il y a deux jours sur son compte Instagram, le collectif vaudois présente la manifestation qu’elle organise comme «une des opportunités pour faire entendre nos voix féministes et décoloniales pour une Palestine libre». Deux collectifs propalestiniens participeront à la manifestation, Lausanne-Palestine et Urgence Palestine.
Membre du comité d’organisation, la militante féministe Tamara Knezevic, jointe par watson, affirme que «des voix kurdes, iraniennes et ukrainiennes pourront ce soir également avoir la parole».
Précision: en 2022, le mot d’ordre de la Grève féministe Vaud pour la journée du 8 mars n'était pas accaparé par la seule cause ukrainienne. Cette année-là, la manifestation appelait à la mobilisation contre le relèvement de l’âge de retraite des femmes, ainsi que contre les violences.
Ce soir, des banderoles non validées par le comité d’organisation s’inviteront dans le cortège. watson a joint deux femmes, l’une juive, l’autre non. Elles étaient présentes, lundi, à l’assemblée préparatoire à la manifestation du 8 mars. L'une d'elles confie:
Elle poursuit:
L'attaque antisémite survenue deux jours plus tôt à Zurich n'a pas été explicitement évoquée.
«On va se mettre un peu à l’écart de la manifestation», précise l’autre femme. Qui ajoute:
Réplique de Tamara Knezevic: «Contrairement à toutes ces féministes bourgeoises qui veulent bien manifester pour la libération sexuelle et l’égalité salariale, mais fuient dès lors qu’il faut défendre la 13ᵉ rente AVS, nous inscrivons notre féminisme dans un combat internationaliste et décolonial.»
Tamara Knezevic, à propos des souffrances subies par des femmes israéliennes le 7 octobre lors de l'attaque du Hamas:
Tamara Knezevic renvoie à un «communiqué international» daté du 27 octobre, cosigné par la Grève féministe Vaud. Il était à la fois question du 7 octobre et de la répression israélienne. Un communiqué qui qualifie les événements du 7 octobre d’«offensive», qui assimile le Hamas à la «résistance palestinienne» et qui accuse Israël de «s’appuyer sur les nombreux meurtres de civils perpétrés par le Hamas le 7 octobre pour justifier son projet mortifère» à Gaza. «Nous condamnons l’ensemble des attaques visant des civils israélienNEs, mais ils ne peuvent en aucun cas justifier un massacre du peuple palestinien (…)», poursuit ce communiqué qui refuse de qualifier la tuerie du 7 octobre de massacre.
La municipalité de Lausanne a donné son accord à la manifestation de ce vendredi soir, de fait propalestinienne. Un collaborateur de la Ville:
La police encadrera la manifestation et assurera la sécurité de la cinquantaine de femmes dont l'intention est de faire entendre un autre son de cloche.