A 20h30, ce mardi, au centre de Lausanne. Les casseurs et pilleurs de samedi se sont donné rendez-vous pour revenir en découdre avec la police. Un anonyme l’a annoncé sur les réseaux sociaux, comme 24 Heures en a fait état lundi sur son site. Les intéressés sont priés de venir habillés en noir (avec gants et cagoules) et armés de mortiers d’artifice. Point de rassemblement: place Bel-Air, à côté du Flon, le quartier «hype» du chef-lieu vaudois, avec ses commerces et restaus tendance.
On dirait un défi. Les jeunes (à moins qu’il n’y ait qu’un jeune ici) qui promettent une revanche, appelant «Genève, Yverdon, Neuchâtel, Berne, Zurich» à la rescousse, ont-ils vu le remake de West Side Story réalisé par Steven Spielberg? On retrouve un peu de l’atmosphère électrique de la comédie musicale, où s’opposent deux bandes new-yorkaises, les Jets et les Sharks, sur fond de guerre de territoire et d’honneur en jeu. En effet, l’auteur du message menaçant entend faire «regretter à la police», d’avoir «tapé une fille à Lausanne», sans qu’on sache si ce fait allégué a un rapport avec les événements de samedi soir.
Quoi qu’il en soit, «c’est faux», affirme Pierre-Antoine Hildbrand, chef de la sécurité à la municipalité lausannoise.
Qui sont les fauteurs de troubles du week-end dernier, certains s'étant équipés d’armes par destination, pavé ou cocktail Molotov? Sept personnes ont été interpellées. Comme le prévoient des directives intercantonales, la police lausannoise a renseigné sur la nationalité, l’âge et le sexe des suspects: trois filles de nationalité portugaise, somalienne et bosniaque, âgées de 15 et 16 ans; trois garçons de nationalité suisse, géorgienne et serbe, âgés de 15 et 17 ans; seul majeur: un Suisse de 24 ans.
Pourquoi communiquer la nationalité des auteurs d’exactions présumés, sachant que cela peut prêter à récupération politique, plutôt par la droite identitaire lorsqu’il s’agit d’étrangers? Réponse d'un officiel lausannois:
On aurait aimé connaître le profil socio-économique des individus arrêtés samedi, lesquels ont agi en écho aux émeutes françaises: leur situation familiale, leur lieu d’habitation, leur parcours scolaire. Ces informations, elles, demeurent confidentielles jusqu’à la tenue d’éventuels procès, apprend-on.
La police, en tout cas, se tient prête pour ce soir et ne dévoilera pas son dispositif. Nous avons tenté en vain de joindre le service cantonal de la jeunesse. L’ensemble des personnels en contact avec les jeunes du canton, travailleurs sociaux et policiers, se sont probablement employés à prévenir une redite de samedi, dans le contexte compliqué des vacances scolaires.
Dans un communiqué diffusé en début d'après-midi, la police lausannoise informe que les individus qui se rendent coupables de vandalisme et de violences aux personnes s'exposent à de lourdes conséquences pénales. Elle rappelle que le fait de relayer des appels à la violence peut être poursuivi par la justice. Bref: dernier avertissement.