L'explosion des coûts des prestations ambulatoires au cours des dernières années constitue un gros souci dans l'évolution des primes d'assurance maladie.
Une nouvelle étude du bureau de recherche BSS, mandatée par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), s'est penchée sur un autre domaine. Il s'agit de savoir pourquoi, début 2023, les coûts des prestations stationnaires, c'est-à-dire avec nuitée à l'hôpital, en rééducation ou en psychiatrie, ont également augmenté de près de 20%.
Boris Kaiser, auteur de l'étude BSS, explique comment cette évolution a eu lieu et ce qu'elle signifie pour la prochaine augmentation des primes.
watson: Au premier trimestre de 2023, les coûts des prestations hospitalières de l'assurance de base ont augmenté de près de 20%. Selon votre étude, c'est surtout dû à des effets «comptables». Qu'est-ce que cela signifie?
Boris Kaiser: L'étude a montré que les prestations facturées ont augmenté. C'est le mot clé et cela signifie simplement que davantage de justificatifs de prestations ont atterri chez les assureurs maladie pendant cette période.
Pourquoi les coûts facturés ont-ils augmenté à cette date précise de 2023?
Un tiers de l'augmentation était dû à l'introduction d'un nouveau tarif dans le domaine stationnaire de la réadaptation en 2022. Un tel changement est coûteux pour les cliniques, raison pour laquelle il y a d'abord eu des retards de facturation, puis justement un «effet de rattrapage».
Est-ce que ce changement de tarif a entraîné une augmentation des coûts?
Non. Il faut regarder simultanément le nombre de patients traités par les hôpitaux et à quel prix, ainsi que les factures reçues par les assureurs sur cette même période. L'un ne va pas sans l'autre.
Selon l'étude mandatée par l'OFSP, c'est la modification de la facturation qui est responsable de l'explosion des coûts et non l'augmentation des traitements.
Le volume effectif de traitement pour les prestations stationnaires évolue dans un cadre normal, il n'y a rien d'inquiétant. La partie stationnaire n'est donc pas un facteur de coût important pour les primes, il faut les chercher ailleurs.
Où faut-il aller chercher?
Du côté du secteur ambulatoire par exemple, où les coûts ont augmenté, notamment pour les traitements médicaux ambulatoires dans les hôpitaux. Les coûts des médicaments augmentent également, par exemple, parce que de nouveaux médicaments coûteux arrivent sur le marché.
Quel est l'effet de l'augmentation des coûts hospitaliers sur les primes d'assurance maladie?
Petit. Les traitements stationnaires représentent certes un poste de coûts important dans l'assurance de base, avec environ 19%. Les statistiques de l'OFSP montrent toutefois que ces coûts sont relativement stables depuis dix ans. Cela s'explique bien sûr aussi par le fait que les interventions sont de plus en plus souvent effectuées en ambulatoire, c'est-à-dire sans nuitée. Ce transfert est souhaitable.
Vous écrivez que les coûts facturés pour les traitements hospitaliers n'étaient pas les mêmes pour tous les groupes d'âge. Pourquoi?
Chez les personnes âgées de 66 ans et plus et les enfants, l'augmentation était supérieure à la moyenne. Chez les plus âgés, il s'agit probablement aussi d'un effet de facturation.
Et chez les enfants?
Les enfants n'ont heureusement que très rarement besoin d'être hospitalisés.
Cela pourrait être lié à la pandémie et à la vague de virus RS.
Que devraient faire les politiques?
Je pense qu'il est important de savoir que le secteur stationnaire n'est pas un sujet de préoccupation.
Tout le contraire du secteur ambulatoire, pour lequel on attend depuis longtemps un changement de tarif, à savoir l'obsolète Tarmed. C'est là qu'il faut agir pour maîtriser les coûts. Ce sont surtout les remboursements forfaitaires pour les interventions ambulatoires qui peuvent contribuer à freiner la croissance des coûts.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)