Des médecins condamnés à l’étranger exercent en douce en Suisse
Des médecins condamnés par la justice qui viennent se refaire une santé professionnelle en Suisse après avoir perdu leur droit d’exercer? Selon un consortium de journalistes en provenance de 45 pays, plus de 130 cas ont pu être découverts. En Suisse, ils seraient au moins une douzaine à recevoir des patients alors qu’ils ont été déclarés coupables, à l’étranger, de «fautes professionnelles, de qualifications déficientes, ou encore d'agressions sexuelles sur des patientes, comme dans le cas d’un médecin pratiquant dans le canton de Zurich», lit-on jeudi dans les journaux de Tamedia.
Ce dernier exemple concerne une patiente norvégienne qui, après avoir été agressée sexuellement par son médecin, avait déposé une plainte pénale dans son pays.
Quelques années plus tard, et malgré une condamnation à 90 jours de prison avec interdiction de pratiquer, Helen découvrira que son agresseur travaille impunément en Suisse, dans le canton de Zurich.
Si ce cas qui n’est pas isolé, selon cette vaste enquête internationale, la pratique touche particulièrement notre pays parce que la Confédération ne fait pas partie de l’Internal Market Information System. Un système «qui permet de prévenir les autorités des autres pays quand des médecins sont sanctionnés», nous explique Tamedia. Et, ce, malgré plusieurs tentatives politiques de changer la donne.
Sans compter que la Suisse est très dépendante des médecins étrangers. Selon une étude, en 2021, «la part des médecins formés à l’étranger était de 38,4%» et particulièrement en Norvège.
L’inverse existe aussi
Enfin, toujours selon cette enquête, «au moins quinze médecins disposent actuellement d’une licence à l’étranger après avoir été radiés en Suisse». Parfois après une grave condamnation pénale. Interrogée par le consortium, la présidente de la FMH, Yvonne Gilli, considère que «participer au système d'alerte de l'UE aiderait beaucoup à lutter contre ce problème» et que «chaque cas est un cas en trop».
(fv)