Certes, nous commençons à en avoir l'habitude, surtout après l'année record de 2022. Mais les températures douces de ces premiers jours de l’année ont permis d'établir d'autres records. Et cela ne risque pas de changer.
Grâce à un foehn assez fort, les températures ont été exceptionnellement élevées à la fin de l'année, notamment dans les Alpes. Selon le service météorologique Meteonews, de nouveaux records de janvier ont ainsi été établis dans douze endroits.
A Delémont, dans le canton du Jura, on a ainsi mesuré 20,2 degrés - la température la plus élevée jamais enregistrée pour un jour de janvier.
Mais il n'y a pas que les valeurs maximales qui ont battu des records, de nouvelles températures minimales records ont également été enregistrées. En d'autres termes, onze stations météorologiques n'avaient encore jamais enregistré des températures minimales aussi élevées un jour de janvier. Ainsi, la température minimale à Andermatt (1437 mètres d'altitude) était de 5,3 degrés, à Bad Ragaz de 12,4 degrés et à Coire, le thermomètre est descendu tout juste en dessous de 10 degrés - toutes des valeurs record.
Certes, un front froid a atteint la Suisse le 3 janvier, apportant de l'air légèrement plus frais dans l'espace alpin. Mais malgré cela, il ne sera pas question d'hiver dans les prochains jours, comme l'écrit Meteonews.
En effet, malgré de nouvelles précipitations jeudi, les températures sont restées aux alentours de 12 degrés. Difficile donc de trouver de la neige à basse altitude, la limite des chutes de neige se situant entre 1700 et 2000 mètres.
Vendredi, du brouillard élevé est attendu en plaine. Au-dessus de 1200 à 1700 mètres, le temps est certes beau - mais aussi chaud. Cela n'augure rien de bon pour les Alpes, car l'isotherme zéro degré se situe à une altitude exceptionnellement élevée, entre 2600 et 2900 mètres.
Enfin, le week-end verra le retour du foehn, ce qui nous permettra d'atteindre à nouveau des températures avoisinant les douze degrés samedi. Toujours est-il qu'il fera ensuite un peu plus frais et que la limite des chutes de neige s'abaissera dimanche et lundi à respectivement 1500 et 1000 mètres. Grâce aux précipitations prévues, le temps devrait donc être un peu plus blanc dans les régions alpines.
Et ensuite? Le temps restera doux. Selon MétéoSuisse, une dépression centrée sur les îles britanniques devrait provoquer un temps instable la semaine prochaine - et des températures maximales pouvant atteindre 10 degrés.
Mais à quoi ressemble la situation météorologique générale? Pourquoi les températures hivernales sont-elles clémentes? Le responsable n'est autre que le vortex polaire. Comme l'écrit Meteonews, celui-ci se trouve actuellement dans une «véritable forme maximale».
Mais qu'est-ce que le vortex polaire exactement? Chaque année, pendant les mois d'hiver, une dépression d'altitude se forme à tour de rôle au-dessus des pôles. Cela signifie qu'il y a de l'air extrêmement froid à haute altitude en raison de la lumière du soleil qui n'atteint plus les hautes latitudes pendant les mois d’hiver au pôle. L'échange des masses d'air est donc limité.
Par la suite, un puissant corps d'air froid, normalement fermé, peut se former. En effet, l'air est fermé par un puissant jet-stream, le jet-stream polaire.
Si la situation est comme sur l'image de gauche, il existe un fort courant de vent d'ouest chez nous. Comme l'explique encore Meteonews, ce courant peut comporter des dépressions tempétueuses «qui se déplacent typiquement de l'Atlantique Nord vers la Scandinavie en passant par les îles britanniques». Si de telles dépressions tempétueuses se situent occasionnellement un peu plus au sud, elles peuvent également déclencher des tempêtes hivernales chez nous.
Une telle situation, avec un fort courant-jet et de l'air froid «coincé» au-dessus du pôle Nord, se traduit chez nous par un hiver plutôt doux, mais riche en précipitations. Et c'est exactement ce qui se passe en ce moment.
Alors qu'il fait très doux sous nos latitudes, l'air froid emprisonné au-dessus du pôle Nord se manifeste sous la forme de températures négatives records. Comme l'annonce Meteonews, les températures au centre du vortex polaire (à environ 30 kilomètres d'altitude) se situent parfois entre -85 et -90 degrés. Il s'agit là d'un record absolu.
Vers la mi-janvier, on devrait assister à un «wave breaking». Le vortex polaire serait alors légèrement déformé, ce qui le repousserait partiellement vers le sud. Mais selon les modèles actuels, il n'y aurait pas de véritable disruption, ni même de «split» du vortex polaire, qui amènerait de l'air froid sous nos latitudes.
Malgré cela, le vortex polaire s'affaiblirait quelque peu au cours du dernier tiers du mois de janvier. Les contrastes de température entre nos latitudes et la région polaire diminueront donc quelque peu. Mais il n'y aura pas d'inversion, ce qui pourrait entraîner des températures extrêmement froides chez nous.
Lorsque le vortex polaire est fort, le jet-stream est généralement bien développé au-dessus de nos latitudes. Si le jet-stream est fort, comme c'est le cas actuellement, c'est un temps dynamique - c'est-à-dire changeant et instable - qui prédomine chez nous. Actuellement, on observe même une «situation similaire à celle de février 2022, lorsque des tempêtes hivernales comme Zeynep avaient fait la une des journaux», écrit Meteonews. En l'état actuel des choses, ces dépressions tempétueuses ne devraient toutefois toucher la Suisse que de manière marginale.
Le passage de ces systèmes de basse pression entraînera certes une baisse partielle des limites des chutes de neige dans les prochains temps - mais: nous devrons encore patienter pour une arrivée durable de l'hiver.