Mais c'était quoi, ce mois de novembre? Rien que jusqu'au milieu du mois, il a plu deux fois plus au nord des Alpes que la moyenne des 30 dernières années. A la fin du mois, les valeurs dépassaient la norme de 200% à certains endroits, voire de 300% localement, comme l'explique Stephan Bader de Météo Suisse.
La température de l'eau de l'océan Atlantique était élevée, et l'air était également très chaud pour la saison, ce qui a permis le transport de beaucoup d'humidité vers la Suisse.
Cela se voit aussi en montagne, où l'enneigement est supérieur à la moyenne fin novembre. Il y a par exemple deux mètres de neige sur le Säntis et 1,3 mètre sur le Weissfluhjoch, alors que ces deux sites n'ont habituellement que 60 centimètres à cette période de l'année.
Stephan Bader énumère d'autres records météorologiques battus en 2023: il n'y a jamais eu autant de précipitations dans la région de Schaffhouse, en novembre, le Säntis a connu des précipitations records depuis le début des mesures en 1882, avec 725 millimètres. Le record de décembre 2011 a ainsi été dépassé.
Une chaleur record a été enregistrée en janvier, avec des températures maximales de 20 degrés à Delémont et Vaduz. Le météorologue explique:
Genève a connu le mois de février le plus ensoleillé, tandis que Vaduz a vécu le printemps le plus humide depuis le début des mesures.
Un autre record a été établi en juin, avec la plus faible quantité de pluie depuis le début des mesures. Août a également été particulièrement chaud: pas moins de 20 stations de mesure ont enregistré de valeurs exceptionnelles pendant ce mois. Genève a connu la valeur maximale pour toute la Suisse: 39,3 degrés – la température la plus élevée jamais mesurée en août dans le nord du pays.
La chaleur a causé un autre record: dans la nuit du 21 au 22 août, l'isotherme du zéro degré a atteint une altitude de 5298 mètres. Le précédent record de 5184 mètres, établi le 25 juillet 2022, a été largement dépassé. Une longue période très douce et ensoleillée à partir du début de l'automne a finalement conduit au mois de septembre le plus chaud et, localement, le plus ensoleillé depuis le début des mesures en 1864.
Pour savoir si 2023 sera l'année la plus chaude en Suisse, il faut encore attendre les températures de décembre, explique Felix Blumer. Mais il y a de bonnes chances.
Les records ne se limitent pas à la Suisse.
Comme la température de surface des océans est actuellement très élevée, le mois de décembre ne changera probablement pas grand-chose à ce fait.
La conférence mondiale sur le climat a commencé ce jeudi à Dubaï, et on peut se demander quel est le lien entre ces records et le changement climatique. Felix Blumer se veut toutefois prudent:
En général, les modèles climatiques partent du principe que plus la température augmente, plus il fera humide dans une grande partie de l'Europe centrale et septentrionale, tandis que le sud de l'Europe et le bassin méditerranéen deviendront plus secs.
Les grandes régions d'Europe bordant la Méditerranée, et donc la Suisse, vivent l'une des plus fortes augmentations des extrêmes de chaleur au monde. Cette tendance a déjà été observée au cours des dernières décennies et se poursuivra à l'avenir avec le réchauffement climatique.
Selon Felix Blumer, la météo des prochains jours sera généralement changeante et le temps restera frais pour le moment. Mais cela ne signifie pas forcément que l'hiver sera froid, ajoute-t-il. Et de conclure:
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci