De la neige et du gel fin avril, la chose n'est pas forcément rare. Mais la vague de froid qui déferle sur la Suisse en ce moment surprend d'autant plus qu'il a fait plus de 25°C le week-end précédent. A certains endroits de Suisse romande, le «delta» de température de près de 30 degrés en quelques jours est saisissant.
Difficile de savoir s'il a fait trop chaud il y a dix jours ou au contraire, trop froid la semaine passée et ce lundi. Christophe Salamin, expert chez Météosuisse, analyse:
Des températures proches de 30 degrés à cette période auraient été «improbables il y a 30 ou 40 ans». Mais le réchauffement climatique imposant malgré lui de nouvelles normes, «c'est plutôt la vague de froid qui a suivi qui est désormais inhabituelle», s'amuse l'expert de Météosuisse, expliquant que les températures que nous vivons depuis la semaine dernière sont plus froides que la moyenne des années 1950.
Mais comment expliquer une telle différence?
Jusque-là, rien d'inhabituel, car la Suisse se situe sur une zone de «front polaire». Christophe Salamin clarifie cette notion:
Cette «bataille» entre l'air chaud et l'air froid est typique du printemps. Le dicton bien connu «En avril, ne te découvre pas d'un fil; en mai, fais ce qu'il te plaît» illustre ce changement important dans l'année: celui où le froid fait sa place à la chaleur. Mais la transition n'est pas directe ou linéaire et s'accompagne de soubresauts à cause des masses d'air qui se fraient successivement un chemin depuis le nord ou le sud du globe.
C'est durant ces deux mois qu'on trouve la première «incursion» de chaleur — en avril — et la dernière période de froid — en mai. «Le mois d'avril a toujours été un mois de transition», explique Christophe Salamin. Le mois de mai également, mais de manière inversée:
Les Saints de glace, cette dernière période de glaciation qui a lieu vers mi-mai, se serait-elle déplacée vers la mi-avril? Il faut dire que cette si l'expression a vocation à rappeler que du gel peut toujours survenir jusqu'à tard dans le printemps, le phénomène n'est pas prouvé météorologiquement, explique un article du blog de météosuisse. Mais c'est après cette date symbolique que «le gel n’est plus une menace pour l’agriculture», d'où son importance dans la culture populaire.
«Les hivers se raccourcissent. Ils commencent plus tard et finissent plus tôt.» Si l'été indien s'étale désormais parfois jusqu'au milieu du mois d'octobre, de l'autre côté, le printemps commence presque en mars. «Tout cela a tendance à se décaler vers le début de l'année», analyse le météorologue.
Des incursions chaudes au mois de mars, telles que celles vues la semaine dernière? Ce ne serait pas impossible. Mais tout cela reste des moyennes. «On voit aussi des incursions froides arriver jusqu'au mois de juin», indique Christophe Salamin.