Migros vit la transformation la plus importante de ces dernières décennies: plus de 1000 produits de consommation courante sont progressivement disponibles à des prix discount.
Depuis novembre dernier, le géant orange vend certains produits à des prix réduits - on les reconnaît grâce à un autocollant jaune. Au cours des cinq prochaines années, Migros compte investir 500 millions de francs dans ces baisses de prix.
La stratégie a déjà des effets positifs: selon ses propres indications, Migros vend plus de fruits et de légumes. Le revers de la médaille? Les objectifs en matière de protection des animaux et de l'environnement ont été revus à la baisse.
Dans un article du Samstagsrundschau de la SRF, le patron de Migros Mario Irminger confirme que le géant orange a abandonné son objectif de garantir les mêmes standards minimaux en matière de protection des animaux pour la viande importée que pour la viande suisse.
Le détaillant vend en grande quantité de la viande de production suisse et mise sur la responsabilité individuelle:
De nombreuses organisations suisses de protection des animaux et de l'environnement, telles que la Fondation pour l'animal dans le droit (Stiftung für das Tier im Recht, TIR), l'association faîtière des organisations bernoises de protection des animaux DBT (Dachverband Berner Tierschutzorganisationen) et Pro Nutztier, se sont regroupées pour s'opposer à cette décision.
En effet, celle-ci serait en contradiction avec le principe de responsabilité sociale de Migros, établi par Gottlieb Duttweiler, le fondateur de l'entreprise.
«Le commerce forme le comportement des consommateurs par les produits qu'il propose et dont il fait la publicité», écrivent les organisations dans une lettre ouverte. Selon elles, de nombreux consommateurs reportent la responsabilité de la protection des animaux sur les entreprises du commerce de détail et partent du principe qu’ils peuvent consommer les produits des rayons Migros en toute bonne conscience. L'enseigne en fait d’ailleurs activement la promotion.
Pour montrer l'influence qu'a le commerce de détail, les organisations font référence à une décision prise par Coop et Migros en 1987. A l'époque, les deux chaînes alimentaires ont fait savoir à leurs fournisseurs qu'elles n'accepteraient plus d'œufs de poules élevées en cage. Quatre ans plus tard, la Suisse a été le premier pays au monde à interdire l'élevage en cage des poules pondeuses.
Les organisations demandent à Migros de reconsidérer le changement de cap prévu: elle se doit d'assumer son rôle de modèle en matière de bien-être animal et de développement durable en Suisse et de contribuer activement à ce que la cruauté envers les animaux ne soit tolérée sous aucune forme, que ce soit en Suisse ou à l'étranger.
Traduit de l'allemand par Anne Castella