«Je ne sais rien», prévient le propriétaire du Ranch, un restaurant collé à la route du Verger traversant la zone industrielle, où un vol à main armée a été commis le matin dans l’entreprise horlogère Werthanor. Il ne sait rien, mais il a tout de même été averti par SMS du braquage. C’est un salarié de la société cambriolée qui le lui a envoyé peu avant 9h, deux heures après les faits. Sur la photo, on voit des policiers. «Je le garde, c'est personnel», dit-il, comprenant l'intérêt du SMS pour le journaliste de passage en mal d'infos.
Le midi, le patron du Ranch, un intérieur tout en poutres sombres et large cheminée décorée d'un poster d'une grande et belle mosquée d'Istanbul, a nourri des employés de Werthanor ayant chez lui ses habitudes. La boîte est juste à côté. Ce jeudi, trois menus allant de 17,50 à 22, 50 étaient au choix, dont un rosbeef au feu de bois sauce tartare frites à 20,50.
«Depuis 28 ans que je suis dans ce restaurant, je n’ai jamais été cambriolé», se réjouit notre hôte. Pas loin, une station-service n’a pas eu cette chance. «Elle n’est plus là», précise-t-il. Ailleurs, c’est un bancomat. Et en avril dernier, au Locle toujours, une autre entreprise horlogère, dont le nom n’a pas été divulgué, est passée à la casserole, sans qu’il y ait eu de blessé.
Pas comme ce jeudi matin. Un employé de Werthanor a été frappé lors du braquage de cette société spécialisée dans l’habillage de montres ayant recours à des métaux précieux. Conduit à l’hôpital, il a pu rentrer chez lui dans la journée.
Cet après-midi, vers 14h30, la camionnette d’un vitrier quitte le parking de Werthanor. L'un de ses occupants raconte:
C’est par la vitre brisée que les voleurs sont entrés dans l’entreprise, montant sur un genre de banc en béton qui leur aura servi de marchepied.
Il fait un temps de chien dans les montagnes neuchâteloises, le ciel est gris comme la route. Cela n'empêche pas Bernard, un vieux monsieur vêtu d’un anorak et d’un pantalon aux motifs de camouflage, de faire sa marche quotidienne. Venant d’un des immeubles modestes mariés à la zone industrielle, il passe devant l'entreprise cambriolée plus tôt dans la journée.
«J’ai travaillé chez Werthanor, mais l’usine était située ailleurs dans la ville», assure-t-il. «J’étais chauffeur, je convoyais des lingots d’or, gros comme ça», dit-il en dessinant un rectangle d’une grandeur comprise entre ses pouces et index tendus.
Bernard reprend son chemin sous le crachin pluie-neige. «Je marche régulièrement 10 à 15 km par jour», dit-il. Aujourd’hui, il va chez Aldi.
Au supermarché Aldi ouvert il y a huit ans et dont tout le monde semble content, le gérant a appris tardivement le vol perpétré chez Werthanor. Craint-il les cambriolages? «Non, ici, il n’y pas d’objets de grande valeur pouvant intéresser des voleurs, ce n’est pas le cas dans certaines usines», répond-il, telle une évidence.
Proche de la France, d’où les voleurs proviennent généralement, la «vallée horlogère» allant du Locle à La Chaux-de-Fonds est un tentant garde-manger.