N'est pas chef étoilé qui veut. Le problème, c'est quand on commence à se prendre pour Philippe Etchebest alors que le talent culinaire ne suit pas. Au risque de laisser quelques estomacs frustrés sur leur faim. Alors pour vous épargner cette peine, voici quelques expériences personnelles vécues pendant les Fêtes que vous tâcherez de ne pas réitérer.
Si vous faites partie de ces malheureux qui ont perdu le goût et l'odorat à la suite de leur contamination, vous compatirez sûrement avec Olivier: «La veille de Noël, je me suis retrouvé confiné avec mon frère et mes parents. Tous les quatre testés positifs. On a donc annulé le souper de Noël avec le reste de la famille.»
Mais pas question pour le jeune homme de 25 ans de se laisser déprimer: «J'ai donc proposé de nous préparer du poulet frit coréen. Pour la friture et la cuisson du poulet, pas de souci, tout s'est bien passé.»
«Quand il a fallu passer à l'assaisonnement, c'est devenu problématique. J'ai ajouté un peu d'ail, mais comme je ne sentais rien, j'en ai ajouté deux, trois, puis quatre fois. J'ai demandé validation à mon frère, qui l'a trouvée pas mal. Mais en fait... il avait perdu le goût aussi.»
Résultat? «Au moment de passer à table, ma mère, qui n'est pas une immense fan d'ail, a trouvé que c'était absolument immangeable. Il m'aura fallu plus d'1h30 en cuisine pour servir une sauce ignoble. Et on a gardé un goût pâteux en bouche tout l'après-midi.»
Conclusion: si vous êtes contaminé, rendez votre tablier. Tout le monde comprendra.
C'est typique quand on se lance dans cinq préparations différentes. Lorsque douze casseroles mijotent sur la plaque, il devient assez aisé de laisser en plan ce plat qui cuit en parallèle dans le four.
En atteste Christine, la cinquantaine: «Moi, j'ai réussi à brûler tous les accompagnements de la viande. J'avais prévu un gratin de pommes de terre et une poêlée de haricots verts: des trucs assez simples, en somme. Mais j'ai quand même réussi à oublier le gratin dans le four, et pendant que je tentais un sauvetage pour retirer la partie noire, ce sont mes haricots qui y sont passés. Ils ont cramé au fond de la casserole.» Pas de bol.
Conclusion: si vous êtes incapables de gérer plusieurs plats en même temps, contentez-vous des pâtes. Ça fait toujours le job.
Expérience malheureuse vécue par Chris, 33 ans: «Pour le plat principal, j’ai voulu tester une nouvelle recette avec de la dinde.»
Jusque-là, bonne idée... «Sauf que je n'ai pas utilisé les bonnes proportions et je n’ai pas prévu assez de sauce pour la cuisson de la viande. Qui plus est, j’avais mis le four à 240 degrés au lieu de 200, histoire d'aller plus vite... Dans un four à vapeur, ce qui a accéléré encore la cuisson... Bref, toute la sauce s'est évaporée. Ça a cramé doucement pendant que j’étais posé tranquille à côté».
«Au final, on a donc mangé de la dinde coupée en lanières, après avoir enlevé le brûlé. C’était pas terrible», conclut en riant le piètre cuisinier.
Conclusion: pas de nouvelle recette, ni d'expérimentation le jour de Noël, quand dix personnes dépendent de vous pour se nourrir.
Les mésaventures de Chris ne se sont pas limitées à sa dinde brûlée. Il croyait bien faire en commandant un plateau d'huîtres pour ses invités. «Le problème, c'est que j'ai reçu les huîtres la veille du repas de Noël. Alors, je les ai mises au frigo en attendant. J'espérais qu'elles tiendraient jusque-là.»
Mais c'était sans compter la préparation du reste du repas: «J'ai dû ouvrir plusieurs fois la porte du frigo. Je vous le donne en mille, mais la température est montée. Les huîtres ont chauffé, mais... je les ai quand même servies», confie le trentenaire.
«Moi qui ai voulu mettre les petits plats dans les grands», rigole Chris. «Je voulais vraiment faire plaisir. Mais bon, mes amis m'ont quand même remercié entre deux vomissements. Ils m'ont dit que c'était l'intention qui compte!»
Conclusion: invitez uniquement des convives compréhensifs que vous ne risquez pas de vous mettre à dos.
Un conseil qu'appliquera sûrement Claude, la cinquantaine, à l'avenir. Lui, il s'est laissé tenter par une entreprise risquée: un transfert de volaille... en cours de cuisson.
«Comme la dinde nécessite de cuire plus de trois heures à basse température, explique le cuistot amateur, je l'ai commencée chez moi pour la terminer chez mes hôtes. Mais à un moment donné... il a bien fallu la transporter.»
Conclusion: du jus de volaille imprègne encore le fond du coffre de sa voiture. Si vous tenez à votre banquette, restez chez vous.
Pour info, il existe deux sortes de bûches:
Julie, la vingtaine, ambitionnait pour sa part de réaliser une bûche de la seconde catégorie: un entremets trois chocolats. «Bon j'avoue, j'ai déjà mal compris la recette», admet-elle en rigolant. «C'était une recette que j'ai trouvée sur un site français, et j'ai confondu réfrigérateur et congélateur. En plus, je me suis prise un peu à la dernière.»
Conclusion: pour le dessert, passez directement commande dans une boulangerie.
Si vous souhaitez avoir l'esprit tranquille pour Nouvel An, optez pour une bonne vieille fondue chinoise. Ou Uber Eats.