La prise d'otages dans un train régional entre Yverdon et Sainte-Croix s'est soldée par la mort de l'assaillant, jeudi soir, après plus de quatre heures. La police a donné l'assaut à 22h15.
«Le preneur d'otages fonçant avec sa hache dans la direction du groupe d'intervention, un policier a fait usage de son arme pour protéger les otages, touchant mortellement l'auteur», a expliqué Jean-Christophe Sauterel, chef de la communication de la police vaudoise, aux médias au terme de l'opération.
Dans notre pays, la police doit rarement recourir aux armes. Mais dans quelles circonstances les agents sont-ils autorisés à faire feu? Et combien de fois cela arrive-t-il réellement?
En Suisse, l'utilisation de l'arme de service par la police est régie par le règlement du 5 décembre 1988, valable pour l'ensemble du territoire. Plusieurs situations justifient d'en arriver là, nous expliquait Raphaël Jallard, directeur des écoles de police de Neuchâtel, Fribourg et Jura, en juillet dernier:
Les tirs mortels doivent, en principe, être évités. Autrement dit, il est demandé de ne pas viser les organes vitaux ou la tête. Cependant, «en légitime défense, on n'a pas le temps d'aligner les organes de visée, c'est-à-dire d'effectuer un tir de précision. L'objectif est de stopper la menace», nous confiait, Raphaël Jallard
C'est pourquoi des blessures engageant le pronostic vital surviennent parfois. De plus, les gens blessés par balle ne sont pas automatiquement neutralisés, elles continuent parfois de s'en prendre aux forces de l'ordre.
En 2021 et 2022, cela s'est produit à six reprises par an, comme le montre une statistique de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP). Des valeurs au plus bas en comparaison internationale.
Les interventions ayant entraîné la mort sont encore plus rares. Il n'existe certes pas de statistiques claires à ce sujet, mais les recherches de watson révèlent qu'environ dix personnes ont été abattues en 25 ans. La dernière fois, c'était au printemps 2022, quand le ravisseur de Christoph Berger, le président de la Commission fédérale pour les vaccinations, a été tué lors d'une opération.
On enregistre donc une baisse que l'on peut expliquer par deux raisons principales: les agents sont mieux formés aux mesures de désescalade et recourent plus fréquemment au taser, selon les chiffres de la CCDJP. Mais le nombre d'interventions avec des pistolets à impulsion électrique recule lui aussi depuis 2020.
Les statistiques concrètes sur l'utilisation des armes par la police ne foisonnent pas à l'étranger. Ainsi, le Royaume-Uni fait état de dix tirs entre mars 2022 et mars 2023. C'est sensiblement plus que les années précédentes. En 2021 et 2022, la police britannique avait tiré quatre fois sur des personnes.
En Allemagne, on dénombre 60 événements pour 2022. 46 ont eu lieu dans des situations de légitime défense ou d'aide d'urgence. Ces tirs ont fait onze morts au total. En Autriche, quatorze tirs mortels ont été effectués par la police entre 2008 et début 2023, selon les recherches du Kurier.
Les chiffres des Etats-Unis sont un peu différents. La population y dépasse certes les 330 millions d'habitants (soit environ quatre fois celle de l'Allemagne, cinq fois celle de la Grande-Bretagne et plus de 30 fois celle de l'Autriche ou de la Suisse), les tirs mortels de la police sont excessivement plus fréquents. Au cours des sept dernières années, plus de 7000 personnes ont été abattues. Cela représente en moyenne plus de 1000 morts par an – une tendance à la hausse.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)