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Prise d'otages à Yverdon: quand est-ce que la police tire

La police suisse a-t-elle la gâchette facile? Voici les chiffres

Jeudi soir, la police a abattu le preneur d'otages du train dans la région d'Yverdon. Un coup d'œil sur les statistiques montre que de tels incidents sont très rares.
09.02.2024, 20:4510.02.2024, 09:23
Team watson
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La prise d'otages dans un train régional entre Yverdon et Sainte-Croix s'est soldée par la mort de l'assaillant, jeudi soir, après plus de quatre heures. La police a donné l'assaut à 22h15.

«Le preneur d'otages fonçant avec sa hache dans la direction du groupe d'intervention, un policier a fait usage de son arme pour protéger les otages, touchant mortellement l'auteur», a expliqué Jean-Christophe Sauterel, chef de la communication de la police vaudoise, aux médias au terme de l'opération.

Vaud cantonal police officers watch the Travys train where a hostage-taking incident took place at Essert-sous-Champvent station, Switzerland, Thursday, Feb. 8, 2024. A hostage-taking incident took pl ...
Les quinze otages ont été retenus dans ce train pendant plus de quatre heures.Image: keystone

Dans notre pays, la police doit rarement recourir aux armes. Mais dans quelles circonstances les agents sont-ils autorisés à faire feu? Et combien de fois cela arrive-t-il réellement?

Nombre bien précis de cas

Italienische Carabinieri (rote Vesten) und die Polizisten der Kantonspolizei Tessin (gelbe Vesten) bei gemischten Patrouillen an der schweizerisch-italienischen Grenze am Mittwoch, 9. Maerz 2022 in Ag ...
Les policiers suisses sont armés, mais des règles strictes régissent leur intervention.Image: keystone

En Suisse, l'utilisation de l'arme de service par la police est régie par le règlement du 5 décembre 1988, valable pour l'ensemble du territoire. Plusieurs situations justifient d'en arriver là, nous expliquait Raphaël Jallard, directeur des écoles de police de Neuchâtel, Fribourg et Jura, en juillet dernier:

  1. Lorsque la police est attaquée ou menacée d'une attaque imminente, c'est ce qu'on appelle la légitime défense.
  2. Lorsqu'en présence de la police, un tiers est attaqué ou menacé d'une attaque imminente, c'est la légitime défense d'un tiers. Cela peut, par exemple, se dérouler lors d'attaque dans des lieux publics où la personne tire ou blesse des passants.
  3. Pour permettre à la police de s'acquitter de sa mission notamment lorsqu'une personne, ayant commis ou étant fortement soupçonnée d'avoir commis un crime ou un délit grave, ou faisant courir à autrui un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, tente de se soustraire par la fuite à une arrestation ou à une détention en cours d'exécution.
  4. Pour libérer un otage, dans le cas d'un tireur d'élite.
  5. Pour empêcher une atteinte criminelle grave et imminente pour à des installations servant à la collectivité et dont la destruction lui causerait d'important préjudice.

Quel genre de tirs sont permis?

Les tirs mortels doivent, en principe, être évités. Autrement dit, il est demandé de ne pas viser les organes vitaux ou la tête. Cependant, «en légitime défense, on n'a pas le temps d'aligner les organes de visée, c'est-à-dire d'effectuer un tir de précision. L'objectif est de stopper la menace», nous confiait, Raphaël Jallard

C'est pourquoi des blessures engageant le pronostic vital surviennent parfois. De plus, les gens blessés par balle ne sont pas automatiquement neutralisés, elles continuent parfois de s'en prendre aux forces de l'ordre.

A quelle fréquence la police fait-elle feu en Suisse?

En 2021 et 2022, cela s'est produit à six reprises par an, comme le montre une statistique de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP). Des valeurs au plus bas en comparaison internationale.

Les interventions ayant entraîné la mort sont encore plus rares. Il n'existe certes pas de statistiques claires à ce sujet, mais les recherches de watson révèlent qu'environ dix personnes ont été abattues en 25 ans. La dernière fois, c'était au printemps 2022, quand le ravisseur de Christoph Berger, le président de la Commission fédérale pour les vaccinations, a été tué lors d'une opération.

On enregistre donc une baisse que l'on peut expliquer par deux raisons principales: les agents sont mieux formés aux mesures de désescalade et recourent plus fréquemment au taser, selon les chiffres de la CCDJP. Mais le nombre d'interventions avec des pistolets à impulsion électrique recule lui aussi depuis 2020.

Ce qu'il en est à l'étranger

Les statistiques concrètes sur l'utilisation des armes par la police ne foisonnent pas à l'étranger. Ainsi, le Royaume-Uni fait état de dix tirs entre mars 2022 et mars 2023. C'est sensiblement plus que les années précédentes. En 2021 et 2022, la police britannique avait tiré quatre fois sur des personnes.

En Allemagne, on dénombre 60 événements pour 2022. 46 ont eu lieu dans des situations de légitime défense ou d'aide d'urgence. Ces tirs ont fait onze morts au total. En Autriche, quatorze tirs mortels ont été effectués par la police entre 2008 et début 2023, selon les recherches du Kurier.

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Aux Etats-Unis, la police tire nettement plus fréquemment sur la population.Image: keystone

Les chiffres des Etats-Unis sont un peu différents. La population y dépasse certes les 330 millions d'habitants (soit environ quatre fois celle de l'Allemagne, cinq fois celle de la Grande-Bretagne et plus de 30 fois celle de l'Autriche ou de la Suisse), les tirs mortels de la police sont excessivement plus fréquents. Au cours des sept dernières années, plus de 7000 personnes ont été abattues. Cela représente en moyenne plus de 1000 morts par an – une tendance à la hausse.

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

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