A l'initiative de l'Association des étudiants afro-descendants de l'Université de Lausanne (AEA Unil), cinq autres structures ont pris part mardi matin à une manifestation devant le Parlement vaudois. Les protestataires se disent insatisfaits des excuses de Laurence Cretegny, présidente du Parti libéral-radical (PLR) du Grand conseil, après ses propos équivoques en mimant l'accent africain et tirés de Tintin au Congo.
Ils estiment que la réponse et les excuses de l'élue restent problématiques. «Aucun contexte ne justifie la moquerie d’un groupe ethnique. S’appuyer sur une bande dessinée critiquée et interdite à la vente dans plusieurs pays pour son racisme et sa déshumanisation des personnes noires n’est pas un argument recevable», ont-ils indiqué. Ils dénoncent un racisme ambiant et banalisé.
«Nous sommes choqués, mais aucunement surpris. Le racisme, le racisme anti-noir, le racisme institutionnel, le racisme systémique, le racisme ordinaire et leur nombreux autres masques et déclinaisons, beaucoup ne comprennent pas ces termes, leur ampleur, leur portée. Ils en minimisent la véracité, voire nient toute leur existence sur le sol helvétique», ont renchéri les manifestants.
«Nous entendons dire que nos revendications sont excessives... C’est le laxisme de la société face au racisme qui est excessif. Ce sont les dizaines de milliers d’afro-descendants qui vivent dans ce pays qui ont été insultés», ont soutenu les associations devant quelques parlementaires qui se sont arrêtés brièvement avant le début de la séance du Grand Conseil.
Selon les manifestants, l'heure du grand débat sur le racisme a sonné. «Ce débat, cela fait trop d’années qu’il nous est refusé, qu’il nous est nié, sous prétexte que les faits que nous pointons du doigt n’existent qu’ailleurs. Aujourd’hui, nous disons stop. Ce problème existe ici, chez nous, dans nos rues, dans nos institutions. Et il est grand temps d’y trouver des solutions», ont-ils conclu.
Si quelques députés ont échangé avec les manifestants, Laurence Cretegny a brillé par son absence. La séance du Grand conseil devait commencer à 9h30. Soit 30 minutes avant la manifestation devant les murs du Parlement. «Nous avions pourtant annoncé notre présence», a regretté Jean-David Pantet Tshibamba, vice-président de l'Association des étudiants afro-descendants. A côté de lui, une Africaine avec un accent vaudois, se définit comme une «maman congolaise».