La Suisse veut participer au système européen de défense aérienne Sky Shield. La cheffe du Département fédéral de la défense (DDPS), Viola Amherd, a signé vendredi à Berne une déclaration d'intention en ce sens avec ses homologues allemand et autrichien. Le projet est compatible avec la neutralité, estime-t-elle.
Cet engagement concerne l'acquisition commune d'un bouclier antimissile européen dans le cadre de l'initiative European Sky Shield. Dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine, ce système doit contribuer à combler les lacunes dans le ciel européen. L'initiative a été lancée par l'Allemagne en août 2022.
Wir stärken die trilaterale Kooperation mit 🇩🇪&🇦🇹. Die int. Kooperation unter gleichgesinnten Staaten ist wichtiger denn je. Mit K. #Tanner & B. #Pistorius habe ich die Vereinbarung zur Kooperation bei Forschung & Technologie im Rüstungsbereich unterzeichnet. #DACHBern23 pic.twitter.com/pUUxOGsxLn
— Viola Amherd (@Violapamherd) July 7, 2023
Elle a pour objectif de mieux coordonner et de regrouper les projets d'acquisition de matériel de défense aérienne en Europe afin d'obtenir des économies d'échelle, d'améliorer l'interopérabilité des systèmes et de permettre une coopération en matière d'instruction, d'entretien et de logistique.
Chaque pays peut définir dans quelle mesure il participe au projet. La Suisse pourra ainsi évaluer dans quels domaines la coopération doit être renforcée. Le DDPS cite par exemple les possibilités d'échanges d'informations pour le système de défense sol-air Patriot.
La Suisse comme l'Autriche a pu inscrire en tant qu'Etat neutre ses réserves dans une déclaration complémentaire. La conseillère fédérale Viola Amherd a d'ailleurs précisé lors d'une conférence de presse:
La ministre suisse a précisé qu'il s'agissait d'une décision du Conseil fédéral. Elle a ajouté:
La signature de ce document a eu lieu dans le cadre des rencontres trilatérales régulières entre la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, surnommées D-A-CH (un acronyme sous forme de jeu de mots: «Dach» veut dire «toit» en allemand). Les ministres de la Défense allemande et autrichienne Boris Pistorius et Klaudia Tanner étaient présents.
L'European Sky Shield regroupe actuellement 17 pays, dont les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) sont les suivants:
En février, la Suède, pays candidat à l'adhésion à l'Otan, et le Danemark, se sont également joints au projet.
La Suisse veut renforcer sa coopération en matière de politique d'achat avec ses partenaires européens, a indiqué la Valaisanne. L'aggravation de la situation en Ukraine, mais aussi au Soudan, au Kosovo, au Mali, en Syrie, au Yémen et en Afghanistan rend ce rapprochement d'autant plus nécessaire, a-t-elle poursuivi.
En mars déjà, lors d'un entretien avec le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à Bruxelles, Viola Amherd avait présenté ses souhaits concrets de renforcer la collaboration de la Suisse avec l'alliance de défense. Jens Stoltenberg lui avait confirmé que l'Otan était ouverte à cette idée.
L'UDC a critiqué un projet «secret» qui revient à une étape de plus vers une adhésion à l'Otan. Avec ce projet, la ministre de la Défense renoncerait à la souveraineté de la Suisse sur son espace aérien. Rejoindre ce système de défense européen signifie entrer dans une organisation de sécurité collective qui devrait être obligatoirement soumise au vote du peuple, selon le parti.
Demain, la Cheffe du DDPS, Viola Amherd, veut en effet signer une déclaration d’intention de la Suisse de rallier l’initiative « European Sky Shield » 👉🏼 https://t.co/feWzESFYaz pic.twitter.com/rPZG1QukK3
— UDC Suisse (@UDCch) July 6, 2023
Le groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a aussi dénoncé cette semaine un rapprochement avec l'Otan par «une tactique du salami» qu'il juge antidémocratique. Il s'inquiète notamment de l'échange de données sensibles qui en résultera et se demande comment le pays garantira son indépendance dans les prises de décision.
Il y a dix jours, la Suisse a signé un autre contrat-cadre avec la France dans le domaine des images satellites. Paris fournira des données provenant de son système de reconnaissance spatiale Composante spatiale optique (CSO). Le Département fédéral de la défense avait déjà précisé explicitement que cette coopération respecte le droit de la neutralité.
(sda/ats)