Suisse
ukraine

Des armes suisses en Ukraine? Berset et Amherd se disputent

Armes suisses en Ukraine: Berset et Amherd se disputent
Berset estime que la neutralité suisse doit rester stricte, Amherd aimerait être plus flexible au regard des critiques émises par les voisins européens.Image: keystone

Des armes suisses en Ukraine? Berset et Amherd se disputent

La Suisse a essuyé des critiques pour s'être opposée à la réexportation d'armes suisses en Ukraine. Les déclarations croisées d'Alain Berset et de Viola Amherd ce week-end montrent qu'au sein du Conseil fédéral même, les positions sont très divergentes.
13.03.2023, 11:5713.03.2023, 12:46
Christoph Bernet / ch media
Plus de «Suisse»

La question de la réexportation d'armes suisses en Ukraine agite la politique fédérale. La semaine dernière, deux interventions parlementaires visant à modifier la loi sur le matériel de guerre ont échoué. Elles visaient à permettre à des Etats tiers de transmettre des pièces d'armement suisses à l'Ukraine sous certaines conditions.

Le Conseil fédéral se préoccupe également de ce sujet. A l'issue de sa séance de vendredi, ce dernier a réaffirmé par communiqué qu'il entendait maintenir sa position actuelle: aucune arme suisse ne sera livrée à l'Ukraine, y compris via des pays étrangers. Il y est tenu non seulement par la loi sur le matériel de guerre en vigueur — mais aussi par les «valeurs de la neutralité suisse».

Dispute sur les valeurs de la neutralité

Et ce sont ces valeurs qui ont fait l'objet d'une dispute à distance entre les conseillers fédéraux durant le week-end. Une dispute qui montre que les positions sur la réexportation d'armes suisses divergent considérablement au sein même de l'exécutif suprême.

Dans un discours prononcé samedi en Argovie devant les délégués de la Société suisse des officiers, la ministre de la Défense Viola Amherd a critiqué la position des autorités. Elle estime que le fait que la Suisse n'utilise pas la «marge de manœuvre considérable dont elle dispose en matière de politique de neutralité» n'est pas compris à l'étranger.

«Aucun de mes homologues ne comprend que nous empêchions d'autres pays de fournir à l'Ukraine les armes et les munitions dont elle a urgemment besoin»
Viola Amherd

Des critiques «inappropriées» selon Berset

Le président de la Confédération Alain Berset a présenté la situation de manière très différente dans une interview donnée à la NZZ am Sonntag. Depuis le début de l'année, le Fribourgeois a eu de nombreux contacts avec des chefs d'Etat et de gouvernement étrangers. Ceux-ci ont été une bonne occasion d'expliquer la position de la Suisse sur la réexportation, «en général bien comprise», selon lui.

Revenant sur des critiques émises par l'Allemagne ou la France, Alain Berset a déclaré qu'il ne lui semblait pas approprié de demander à la Suisse de renoncer à respecter le droit en vigueur. La position du Conseil fédéral est claire et correspond également à sa position personnelle. Il a ainsi martelé:

«Les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres»
Alain Bersetnzz am sonntag

Les récents débats au Parlement montrent que cette position du gouvernement y est toujours majoritairement soutenue.

Ne pas prendre de décisions hâtives

Dans l'interview, Alain Berset a mis en garde contre des réflexions à court terme uniquement. Il appelle à éviter de «prendre des décisions dont nous ne pouvons pas évaluer les conséquences».

«Il serait extrêmement dangereux se débarrasser de ces principes fondamentaux»
Alain Bersetnzz am sonntag

Il rappelle que la neutralité suisse est plus qu'un concept abstrait, elle représente l'engagement en faveur du droit humanitaire, des droits de l'homme, de la protection de la population civile et des Conventions de Genève.

Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis (PLR) a lui aussi parlé à la NZZ, expliquant la différence de perception au Conseil fédéral par la position délicate de Viola Amherd: entourée des ministres de la Défense des pays voisins, elle entend peut-être plus fort leur incompréhension que d'autres conseillers. Pour Ignazio Cassis, les mêmes reproches ont été formulés, mais autrement:

«Mes interlocuteurs, les ministres des Affaires étrangères, formulent cela de manière plus diplomatique»
Ignazio Cassis
Réfugiés ukrainiens un an après la guerre. «Notre avenir est en Suisse»
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Il y a davantage d'abeilles en Suisse, mais moins d'apiculteurs
Le nombre de colonies d'abeilles en Suisse a légèrement augmenté en dix ans, tandis que celui des apiculteurs diminue.

Malgré des pertes annuelles considérables, le nombre de colonies d'abeilles détenues en Suisse a légèrement augmenté au cours des dix dernières années. En revanche, le nombre d'apiculteurs diminue.

L’article