C'est un refonte qui divise les femmes: la prévoyance professionnelle (LPP). En automne, le projet des caisses de pension sera soumis aux urnes, après que la gauche et les syndicats ont lancé un référendum. La question fait particulièrement débat au sein de la faîtière Alliance F. Elle a défendu au Parlement une meilleure couverture des bas revenus et des temps partiels.
Mais Alliance F n'a pas encore donné de consigne de vote: pour cela, il faut attendre un rassemblement des déléguées le 20 avril prochain. Ce que l'on sait déjà avec certitude en revanche, c'est que les Femmes socialistes s'opposent au projet. Elles avaient même suspendu leur affiliation à Alliance F en raison de divergences d'opinion sur cette thématique. Les représentantes du PS estiment que la réforme apporte trop peu aux femmes.
Pour illustrer cela, la coprésidente du PS Mattea Meyer s'appuie sur un exemple très concernant: une salariée de 50 ans avec un revenu de 4500 francs devrait à l'avenir payer 150 francs supplémentaires de cotisations, tout en recevant huit francs de moins par mois.
Le sujet est indéniablement complexe. Il englobe des paramètres très divers et basés sur des situations personnelles totalement différentes. Opposants et partisans aiment mentionner des exemples isolés pour étayer leur argumentation. Mais quel serait l'impact global de la réforme de la LPP sur les femmes? Mandaté par Alliance F, le cabinet de conseil en économie BSS s'est livré à des analyses. Voici ce qu'il en ressort.
Commençons par nous demander pourquoi un changement est nécessaire. La prévoyance professionnelle a aujourd'hui un problème avec la démographie. Les retraités vivent toujours longtemps, ce qui rallonge la durée pendant laquelle ils perçoivent des rentes. En outre, la valeur des placements se réduit à cause de la baisse des rendements et de l'instabilité des marchés financiers. Le taux de conversion légal de 6,8% pour la part obligatoire est trop élevé et doit être abaissé à 6%.
Cela signifie que pour un avoir de vieillesse de 100 000 francs, la rente passe de 6800 à 6000 francs par an, soit une perte de 12%. Pour la compenser, les assurés doivent donc accumuler davantage de capital vieillesse au cours de leur vie active. Et pour les classes d'âge des quinze années de transition, qui n'y parviendront pas avant la retraite, des suppléments sont prévus.
La réforme vise en outre à améliorer la situation des femmes. Car si les femmes et les hommes touchent à peu près la même chose avec l'AVS, on est loin de l'égalité avec la prévoyance professionnelle. En 2022, les hommes recevaient en moyenne 2585 francs par mois de leur caisse de pension; les femmes, 1583 francs. Cela s'explique par des salaires plus bas et des taux d'occupation plus faibles.
Alors, est-ce que la réforme tient ses promesses pour réduire l'écart?
L'étude BSS se base sur la structure des salaires ainsi que sur des entretiens avec des experts. Remarque préalable fondamentale: environ 85% des assurés ne sont pas concernés par la réforme. Elle ne s'adresse qu'aux assurés du régime sur obligatoire – pour qui le taux de conversion est déjà plus bas aujourd'hui; à 5,75% de moyenne.
Les auteurs de l'étude parviennent aux résultats suivants:
Pour séparer les gagnants des perdants, il faut prendre en compte deux effets: l'abaissement du seuil d'entrée ainsi que la redéfinition de la déduction de coordination font que les bas salaires et le travail à temps partiel sont désormais mieux assurés dans le cadre du 2ème pilier. Conséquence: les rentes prennent l'ascenseur.
Ces modifications ont tendance à favoriser plutôt les femmes (travaillant à temps partiel) que les hommes. D'un autre côté, il y a l'effet de la baisse du taux de conversion et de la réduction du taux de cotisation à partir de 45 ans. Si ce dernier l'emporte, les rentes baissent. Les hommes âgés sont à nouveau plus touchés que les femmes.
Mais la hausse des rentes a aussi un prix. La réforme provoquerait une augmentation des cotisations aux caisses de pension d'un peu plus d'un demi-million d'assurés. Selon le BSS, 180 000 hommes et 340 000 femmes ainsi que leurs employeurs devraient cotiser davantage.
Reste à s'interroger sur le rapport coûts/bénéfices pour les personnes concernées. Une question controversée, car les rentes de la LPP resteront faibles pour les personnes à bas salaires, malgré la refonte – elles préfèrent donc dépenser la différence aujourd'hui plutôt que d'épargner pour la retraite.
La conseillère nationale socialiste Min Li Marti (BE) est membre du comité directeur d'Alliance F. Les résultats de l'étude ne la surprennent pas. Elle déclare:
Il n'empêche, la réforme est complexe et peu claire. Il y a aussi des gens qui doivent payer plus pour toucher moins. Min Li Marti se demande:
Pour la représentante des Femmes socialistes auprès d'Alliance F, c'est la vision d'ensemble qui est décisive. Selon elle, la réforme coûte trop cher et ne rapporte pas assez aux assurés, même si elle admet que la LPP est aujourd'hui hostile au temps partiel.
Pour les coprésidentes d'Alliance F, ces données montrent clairement que les femmes font partie des gagnantes de la réforme de la LPP. Selon Maya Graf, conseillère aux États verte (BL) et coprésidente:
Elle permettra également de réduire l'écart entre les rentes, affirme la conseillère nationale vert'libérale Kathrin Bertschy (BE):
Kathrin Bertschy admet également que des rentes LPP plus élevées pourraient faire perdre à certaines personnes leur droit aux prestations complémentaires. Et d'ajouter:
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)