Mercredi matin les élus Verts ont voté, certes, mais ont préféré boycotter les débats. Ils portaient sur une déclaration au Conseil fédéral demandant un assouplissement plus rapide des mesures Covid. Une action politique plutôt rare. Au bout du fil, Léonore Porchet nous donne quelques éléments de réponse.
Léonore Porchet, vous considérez donc cette déclaration comme un acte non constructif, mais est-ce que ne pas participer au débat est une idée constructive?
Nous avons regagné la salle pour voter contre cette déclaration. Nous avons donc fait l’acte pour lequel nous sommes élus. Nous ne souhaitons simplement pas être pris en otage et participer à cette mise en scène. C’est le débat concret sur la loi Covid qui compte.
J'écouterai volontiers les débats quand il s'agira de discuter de vraies solutions face à la #COVID19 ! #chparl https://t.co/IdqRrFcOHu
— Porchet Léonore (@LeonorePorchet) March 3, 2021
Qu’est-ce que votre action dit de l’ambiance actuelle à Berne?
C’est une réponse au retour de la politique partisane de certaines formations. Il y avait une union sacrée au début de la pandémie (mars-avril 2020), c’est désormais terminé et nous regrettons que certains veuilent gérer la crise selon des considérations partisanes.
Parmi les partis bourgeois, le boycott écologiste n’est pas passé inaperçu. «Est-ce qu’on peut se payer le luxe d’être élu du peuple et boycotter les débats?», s’interroge Benjamin Roduit (PDC/VS). «C’est un processus peu démocratique, que nous ne cautionnons pas.»
Déclaration pour un assouplissement des mesures covid approuvée. Où se trouvaient les verts et une partie de la gauche durant le débat ? @ParlCH pic.twitter.com/fzYg3Dy7xT
— Roduit Benjamin (@roduitbenjamin) March 3, 2021
Si l’élu se dit irrité sur la forme (le boycott), il est aussi irrité sur le fond, et cela plus globalement. «On doit montrer l’exemple en tant qu’élu. Par contre, sur le fond, le jeu politique qui se déroule ces jours à Berne se fait sur le dos de ceux qui souffrent de la crise», lance Benjamin Roduit, pensant particulièrement aux milieux de la culture, de la restauration ou du tourisme.
Une chose est certaine: la scène de ce matin illustre les multiples tensions qu’il y a ces jours à Berne. Au sein du Conseil fédéral, entre le Conseil fédéral et le Parlement, entre les fronts de ce même parlement, etc. Sans parler de la population…
«Le problème, assure Benjamin Roduit, c’est que le Conseil fédéral fait la sourde oreille à toutes les demandes qu’il reçoit. Les membres du gouvernement sont critiqués par leur propre parti. Une majorité de droite au Parlement adopte un discours d’opposition.»
Ces prochains jours, les élus se prononceront (entre autres) sur l’inscription dans la loi Covid l’ouverture des restaurants au 22 mars prochain. La guerre n’est pas finie. Elle reprend d’ailleurs jeudi matin au Conseil des Etats.