«On ne peut pas exiger des employeurs ou de l'économie qu'ils assurent un minimum de subsistance. Il faut fixer un seuil quelque part.» C'est la phrase lâchée par Roland A. Müller, lors d'une audition plus tôt cette année devant la commission de l'économie du Conseil national, puis révélée par Blick, qui a eu accès aux procès-verbaux de la session.
Le directeur de l'Union patronale suisse a même doublé la mise:
Selon Roland A. Müller, c'est à l'Etat d'intervenir si le salaire d'une personne ne lui suffit pas pour vivre: «L'aide sociale doit pouvoir prendre le relais», a-t-il ajouté, selon des documents. Argumentant que les entreprises contribuent à la sécurité sociale par leurs impôts.
A gauche, ce point de vue n'a pas manqué de susciter de vives réactions. Jacqueline Badran, figure de proue du Parti socialiste, a estimé que la déclaration du directeur de l'Union patronale est ridicule. S'insurgeant que Roland A. Müller considère les employeurs comme des «seigneurs bienveillants», qui accordent parfois des dons, elle a résumé auprès de Blick:
Si les employeurs versent à leurs collaborateurs des salaires trop bas pour vivre, c'est, selon elle, qu'il y a un autre problème sous-jacent.
Les déclarations controversées du directeur de l'Union patronale se tiennent sur fond d'intenses discussions à Berne sur les salaires minimums au niveau cantonal. Alors que s'est ouvert la session d'été ce lundi, toute la question de savoir si la Confédération pourra les annuler. Les milieux économiques et les partis bourgeois y sont en principe favorables, par exemple lorsqu'une convention collective de travail prévoyant des salaires plus bas que les minimas cantonales est conclue pour une branche.
Dans Blick, Roland A. Müller maintient ses propos tenus en mars, mais il les relativise. «Bien sûr, l'objectif est que les travailleurs puissent vivre de leur propre salaire, cela ne fait aucune doute.»
Il existe toutefois quelques branches dans lesquelles il n'est pas possible de verser des salaires qui assurent une subsistance, car les entreprises ne réalisent pas assez de bénéfices. Des salaires minimums trop élevés entraîneraient la disparition totale de ces emplois.
Il se dit en outre convaincu du fait que:
Pour l'Union patronale, il est cependant clair que des décisions en matière de salaires minimaux au niveaux cantonal, sur lesquelles la Confédération n'aurait aucune prise, auraient pour conséquence une cacophonie qui mettrait ainsi «en danger tout le tissu économique».
Il est toutefois clair que les faîtières ont plus d'influence sur les salaires minimaux lorsqu'elles peuvent se référer à une CCT. Ceci sans devoir se plier à d'éventuelles décisions populaires cantonales, sans négociation directe possible. (con)
(Traduit de l'allemand par Joel Espi)