Ce fut un coup d'éclat qui a surpris le public intéressé par la politique. Même les conseillers fédéraux se sont sentis pris au dépourvu.
Jeudi soir dernier, le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi a annoncé le passage d'Elisabeth Baume-Schneider du Département de la Justice à celui de l'Intérieur. Personne ne s'y attendait. En effet, la Jurassienne n'est conseillère fédérale que depuis un an. Des changements de département après si peu de temps donnent l'impression que le magistrat concerné se dérobe à ses responsabilités.
Dans plusieurs départements, ce n'est pas Baume-Schneider qui est pointée du doigt, mais la nouvelle présidente de la Confédération Viola Amherd. C'était à elle de préparer la séance. Si elle avait été informée avant le rendez-vous de jeudi en fin d'après-midi qu'un membre du gouvernement souhaitait un changement, Amherd aurait dû premièrement informer les autres conseillers fédéraux. Et deuxièmement, il aurait été nécessaire de sonder la manière dont ce souhait serait accueilli.
Certes, l'ancienneté joue un rôle dans l'attribution des départements: celui ou celle qui est en fonction depuis longtemps peut d'abord déclarer quel département il ou elle souhaite diriger. Mais si le plan se heurte à une résistance, le Conseil fédéral prend une décision à la majorité.
Le gouvernement tente d'éviter de tels votes. Dans la mesure du possible, personne ne doit être contraint de travailler dans un département contre sa volonté. Avant la séance, on cherche donc des solutions pour concilier des souhaits divergents. Ce n'est qu'en cas d'échec que les conseillers fédéraux votent, ce qui s'est déjà produit plusieurs fois lors de l'attribution des fonctions.
Plusieurs départements affirment aujourd'hui que la réunion de jeudi n'a pas été suffisamment préparée. Il n'était pas clair qu'un membre du gouvernement souhaitait changer de département. Plusieurs conseillers fédéraux auraient été pris de court.
La question est donc la suivante: pourquoi ne sont-ils pas intervenus? Pourquoi n'ont-ils pas refusé à Baume-Schneider un changement précoce? Apparemment, c'était le cas lors de la séance: la Jurassienne a déclaré qu'elle souhaitait reprendre le département de l'Intérieur. Et le nouveau conseiller fédéral Beat Jans a immédiatement montré son accord pour être à l'avenir responsable de Justice et Police et donc aussi de l'asile.
Jans était tout aussi au courant du plan que la direction du PS. Immédiatement après la séance, celle-ci a parlé en termes chaleureux de l'accès de Baume-Schneider au département de l'Intérieur, dont les principaux dossiers sont la santé et la prévoyance vieillesse. Même si elle n'a pas eu de chance en tant que ministre de la Justice.
Dans plusieurs départements, on estime que le début de la nouvelle législature a été raté. La répartition des départements, telle qu'elle s'est déroulée jeudi dernier, ne renforce pas la confiance entre les membres du gouvernement.
Le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi souligne en revanche que «cette séance a été préparée comme toujours par des contacts entre la présidente de la Confédération et les membres du Conseil fédéral. La préparation s'est déroulée comme d'habitude». Christoph Lenz, le chef de presse du Département de la justice, ajoute:
On s'étonne de ces prises de position dans d'autres départements. Si tout s'était déroulé correctement, il n'y aurait pas de discorde, dit-on.
Traduit et adapté par Noëline Flippe