Dimanche, la population indiquera si elle désire ou non plafonner les primes d'assurance maladie à 10%. La proposition du Parti socialiste, qui s'est senti pousser des ailes après la victoire de février pour la 13e rente AVS, sera soumise à un sacré suspense: selon le dernier sondage réalisé par la SSR, le résultat est à 50-50. Une situation plus tendue que celle du premier sondage, qui donnait l'initiative gagnante à 56%.
La campagne est en cours et les arguments vont bon train, sur les plateaux de télévision comme les émissions de radio. Pour faire le bilan du plafonnement des primes à 10%, pas besoin pourtant d'aller très loin: le «canton central» de la Suisse romande a mené un test grandeur nature. En effet, le canton de Vaud applique cette solution depuis 2019.
Alors, quel bilan tirer de cette application? Le premier constat évident, c'est que pour les assurés les plus pauvres, la différence est marquante. Avant 2019, certains citoyens déboursaient entre 15 et 20% de leurs revenus pour payer les primes, selon les chiffres du Département de l'action sociale et de la santé (DSAS) vaudois. En 2023, environ 136 000 personnes ont profité de cette solution, soit 16% de la population.
Le canton précise que ce subside «allège surtout le budget des familles avec de jeunes adultes en formation ainsi que des couples sans enfants et des retraités». Près de 25% des bénéficiaires sont d'ailleurs des mineurs.
Selon les chiffres transmis par le DSAS, les coûts se sont révélés deux fois plus élevés l'année dernière que ce qui avait été prévu en 2016, date de la votation. Ils sont notamment dus à l'augmentation des primes.
L'Etat de Vaud tient à faire la différence entre ce «subside spécial» et le subside habituel pour le paiement des primes pour les personnes moins fortunées, tel qu'il est appliqué dans de nombreux cantons. Le DSAS précise ainsi qu'en 2024, son budget tous subsides confondus est de près de 830 millions, pour un budget cantonal total de 12 milliards.
En 2023, suite à l'augmentation des primes de 6,1% dans le canton, ce sont environ 40 millions supplémentaires qui doivent être pris en charge par le canton plutôt que par les assurés. Mais ceux-ci, ou les plus fortunés en tout cas, ont tout de même subi l'augmentation de plein fouet, devant débourser 160 millions de plus de leur poche.
Au Parlement, les socialistes vaudois se disent très satisfaits de la politique mise en place par leur canton depuis cinq ans. Le conseiller national Jean Tschopp, par exemple, évoque «un succès» qui «bénéficie largement aux classes moyennes et populaires». Au niveau suisse, il estime que «la grande majorité des familles en Suisse serait gagnante avec cette initiative». Sa collègue Jessica Jaccoud abonde:
Les deux évoquent une mesure «bouclier» destiné à protéger la population d'un pouvoir d'achat élevé et de l'augmentation des primes.
Sans surprise, le son de cloche n'est pas le même du côté de la droite libérale. Conseillère d'Etat lors de l'acceptation et de l'application de l'initiative vaudoise, la conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro se montre critique. Premier point d'achoppement: le financement.
Si la solution s'étend au niveau suisse, «la Confédération et les cantons vont devoir faire face à des coûts supplémentaires pouvant s’élever à 11,7 milliards par an dès 2030», assure la Vaudoise. Une somme qui est destinée à monter «en raison de l'augmentation et du vieillissement de la population». Il est vrai que socialistes et radicaux-libéraux semblent d'accord sur un point: que ce soient les citoyens ou l'Etat qui paient, la facture continuera à augmenter.
Autre argument mis en avant par Jacqueline de Quattro: le fédéralisme. Elle critique une «gestion centralisée, contraire à notre culture» et qui serait «contre-productive»: