Le 9 juin prochain, la loi sur l’électricité sera soumise au peuple suisse. Le projet, adopté par le Parlement et combattu par un référendum, veut garantir «un approvisionnement sûr en électricité». Pour ce faire, il s'appuie largement sur les énergies renouvelables, dont la production sera «rapidement» augmentée en cas de oui.
Le projet formule des objectifs précis: porter la production d'électricité issue d’énergies renouvelables à 35 000 GWh en 2035 - sans considérer l'énergie hydraulique qui, elle, doit atteindre 37 900 GWh d'ici la même année.
L'énergie hydraulique est généralement considérée comme faisant partie des énergies renouvelables. Si la loi les distingue aussi clairement, c'est peut-être parce qu'elles n'ont pas du tout le même poids en Suisse.
En effet, plus de la moitié de l'électricité produite dans notre pays provient d'une source hydraulique. Cela correspond à 33 501 GWh (chiffres de 2022), une valeur qui ne se situe pas très loin de l'objectif fixé par la loi. La situation est radicalement différente pour les autres sources d'énergie verte - essentiellement les éoliennes, les panneaux solaires et la biomasse. Toujours en 2022, elles m'ont généré que 4927 GWh d'électricité, soit 7,8% du total produit annuellement. Pour remplir l'objectif formulé dans la nouvelle loi, leur production devrait donc augmenter de plus de 600% en une dizaine d'années.
S'agit-il d'un objectif trop ambitieux? Jeter un coup d'oeil à nos voisins pourrait donner des indications utiles. Au total, 60% de l'électricité produite en 2022 en Suisse était issue de sources renouvelables, si l'on additionne la force hydraulique, le vent, le soleil et la biomasse. La presque totalité de l'électricité restante provenait de l'énergie nucléaire.
Il s'agit d'un pourcentage supérieur à celui affiché par une bonne partie des pays européens. Selon les chiffres formulés par le centre de réflexion Ember Climate et l'Energy Institute britannique, relatifs à la même année, la Suisse occupe la 12e place du classement continental, qui compte 45 pays.
En y regardant de plus près, on s'aperçoit toutefois qu'il existe encore une marge d'amélioration. Certes, en chiffres absolus, la Suisse fait mieux que la plupart de ses voisins: la France affiche un pourcentage global de 24%, l'Italie de 36%. Pourtant, il y a une différence de taille: dans ces pays, la production éolienne et photovoltaïque est nettement plus développée.
Par exemple: 44% de l'électricité produite en Allemagne est issue de sources renouvelables. Pourtant, la presque totalité est imputable au soleil, au vent et à la biomasse (41% du total). C'est nettement plus qu'en Suisse. On retrouve cette situation en France, en Italie et en Autriche, où ces sources d'énergie totalisent 15, 26 et 25% de la production globale, respectivement. Au Portugal, ce pourcentage atteint même 46%.
Les pays les plus vertueux sont l'Islande, l'Albanie, la Norvège, le Luxembourg et le Danemark, où la part d'électricité issue de sources renouvelables est supérieure à 80%. Dans le cas de l'Islande et de l'Albanie, ce pourcentage avoisine même 100%, en grande partie grâce à l'énergie hydraulique.
A l'autre bout du classement, on retrouve les grandes puissances mondiales. Les Etats-Unis et la Chine affichent des scores assez modestes. Dans ces deux pays, le pourcentage de l'électricité issue de sources renouvelables se situe à 22 et 30%, respectivement. L'Inde et la Russie font encore pire, avec 20 et 18%.
Il est finalement important de souligner qu'en Suisse, la production d'électricité correspond à peu près à la consommation, nous indique l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). En 2022, la première se montait à 63 504 GWh, la deuxième à 61 320 GWh.
La Suisse importe également de l'électricité. En règle générale, cela arrive en hiver, lorsque la production indigène n’est pas suffisante à répondre à la demande. Inversement, en été, une partie de l'électricité produite est exportée.