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Loi sur l'électricité: Vera Weber s'oppose au WWF et Pro Natura

Vera Weber s'oppose aux parcs solaires dans les Alpes
Vera Weber, la présidente de la Fondation Franz Weber, fait visiter le jardin d'hortensias du Grandhôtel Giessbach.Image: Severin Bigler

Cette écologiste acharnée s'oppose au WWF et à Greenpeace

Vera Weber ne veut pas de parcs éoliens, d'installations solaires dans les Alpes ou de nouvelles centrales hydroélectriques. Avec la Fondation Franz Weber créée par son père, elle s'oppose à la loi sur l'électricité, au nom de la nature.
21.04.2024, 11:54
Leandra Sommaruga (Texte), Severin Bigler (photos) / ch media
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Derrière le Grandhotel Giessbach, une chute d'eau dévale la paroi rocheuse sur plus de 500 mètres, pour se jeter dans le lac de Brienz, dans le canton de Berne. Vera Weber est présidente de la fondation «Giessbach au peuple suisse», qui est propriétaire du Grand Hôtel. Pour elle, il s'agit d'une partie de son enfance et d'un engagement envers son héritage familial: la protection de la nature et du paysage.

Conserver un hôtel de luxe et protéger la nature

Après avoir grandi dans une villa à Montreux, Vera Weber vit aujourd'hui à Berne. En ce moment, elle passe beaucoup de temps au Grandhotel Giessbach, où elle prépare le programme du jubilé de sa fondation. Il y a 40 ans, le père de Vera Weber, le protecteur de la nature Franz Weber, avait sauvé l'hôtel délabré de la démolition en lançant la campagne «Giessbach pour le peuple suisse», l'avait rénové et lui avait redonné son éclat de bien culturel. Aujourd'hui, une nuitée en haute saison y coûte entre 245 et 340 francs.

Vera Weber a grandi avec le Giessbach. Il a rouvert ses portes quand elle avait neuf ans. Elle a terminé l'école hôtelière de Lucerne à 25 ans. Elle a ensuite commencé à travailler à la Fondation Franz Weber, la fondation que ses parents avaient créée en 1975. Ses parents ont notamment stoppé les projets de construction à Surlej près de Silvaplana (GR) et ceux dans les vignobles du Lavaux (VD). La fondation s'est fait connaître au niveau national grâce au succès de l'initiative sur les résidences secondaires en 2012.

A l'époque, Vera Weber dirigeait la campagne. L'initiative demandait l'arrêt de la construction de résidences secondaires lorsqu'une commune comptait plus de 20% de logements de vacances. Voir comment l'initiative est actuellement vidée de sa substance, en particulier dans le canton des Grisons, la démoralise:

«Mais nous ne pouvons pas faire la police partout»

C'est maintenant aux communes de faire leur travail. En 2014, elle a repris la présidence de la fondation. Aujourd'hui, la quinquagénaire travaille sur son prochain coup: elle combat la loi sur l'électricité, qui sera soumise au vote le 9 juin, par le biais d'un référendum.

Après avoir fait le tour du jardin d'hortensias et de la terrasse de l'hôtel, Vera Weber s'installe dans le vaste hall d'entrée. Alors que certains clients se détendent au bar, elle-même est en mode combat. Elle parle avec insistance, gesticule, donne les informations qu'on lui demande.

Selon elle, la nature est garante de la survie de l'humain:

«Il n'y a rien de plus faux que l'idée que l'humain peut réguler la nature. La faune se déplace de plus en plus vers les villes parce que nous privons les animaux de leur habitat.»
Loi sur l'électricité le 9 juin 2024: Vera Weber
Vera Weber compte sur un budget d'un demi-million de francs pour sa campagne contre la loi sur l'électricité.Image: Severin Bigler

Et c'est cette nature que Vera Weber veut protéger de la nouvelle loi sur l'électricité. Celle-ci vise à promouvoir les énergies renouvelables afin de garantir l'approvisionnement en électricité et réduire la dépendance vis-à-vis des importations d'énergie. Lors d'une table ronde, les cantons, l'économie hydraulique et les organisations ont mis sur pied seize projets pour faire avancer l'énergie éolienne, hydraulique et solaire. C'est une loi que même les associations environnementales comme le WWF, Pro Natura ou Greenpeace, qui étaient aux côtés de Vera Weber dans les projets précédents, approuvent. Mais pour cette dernière, cette loi «défigure la nature».

Faire entendre la voix de la nature

A ses yeux, les organisations environnementales se sont trop laissé faire. La loi exige trop de compromis dans la protection de la nature et du paysage, et a été faite en faveur de la production d'énergie, sans peser les intérêts. Et comme la nature n'a pas de voix, la fondation Weber la défend en son nom.

«Avec cette loi, la protection de la nature est sacrifiée sur l'autel du climat»

La conseillère nationale des Verts Florence Brenzikofer (BL) a assuré sur SRF que la loi sur l'électricité tenait compte aussi bien de la loi sur les forêts que de la protection des cours d'eau et de la nature, mais Vera Weber n'en croit pas un mot.

Elle demande l'obligation d'installer des panneaux solaires sur tous les bâtiments existants. Cela permettrait de couvrir les besoins en électricité de la Suisse. En 2019, l'Office fédéral de l'énergie a estimé le potentiel d'électricité solaire en Suisse à environ 67 térawattheures par an – suffisamment pour couvrir la consommation d'électricité du pays.

Loi sur l'électricité le 9 juin 2024: Vera Weber
Le parc protégé qui entoure l'hôtel historique est encore austère à cette saison. Severin bigler

Pour le référendum, Vera Weber est soutenue par l'association Paysage Libre Suisse autour de l'anti-éolien Elias Vogt et par l'Union pour la Nature et le Paysage Suisse. Pour la défenseuse de la nature, la collaboration est pragmatique, comme toujours dans son travail. Forger des alliances, faire des compromis, c'est ce que font les politiques, mais pas Vera Weber. Des politiciens de l'environnement confirment cela, comme la conseillère nationale PS Martina Munz et le conseiller national Vert Christophe Clivaz. Tous deux déclarent n'avoir jamais travaillé personnellement avec Vera Weber.

Pour la contre-campagne, la Fondation Franz Weber prévoit un budget d'un demi-million de francs. La fondation compte 36 000 donatrices et donateurs et douze collaborateurs. Ses rapports de gestion – et donc ses ressources financières – ne sont pas publics. Leurs adversaires ne doivent pas pouvoir regarder leurs cartes, comme l'explique Vera Weber:

«Nos performances disent tout»

Sauver les chevreuils du cimetière

Vera Weber se décrit elle-même comme une «optimiste réaliste» qui défend ses intérêts avec gentillesse, sérieux et intrépidité. Combattante? «Mon travail est un combat, mais je ne dois pas me qualifier comme tel pour autant.»

La présidente de la fondation Franz Weber explique le fait que l'organisation s'engage également pour des projets plus modestes, comme par exemple les chevreuils du cimetière Hörnli à Bâle, par des liens personnels. En effet, des membres de la famille Weber y sont enterrés:

«Je ne peux pas assister sans rien faire à l'abattage de chevreuils sur la tombe de mes ancêtres»

Le gouvernement a donné l'ordre de les abattre. La Fondation Franz Weber a déposé un recours contre cette décision et a organisé le déplacement des chevreuils vers le canton du Jura.

La protectrice de la nature conteste la critique selon laquelle sa conception de l'environnement est irréaliste et dépassée, parce que prévoyant une stricte séparation de l'homme et de la nature et romantisant la nature intacte. Selon elle, l'idée de réserves naturelles qu'avait son père Franz Weber, datant de l'époque de la création de la fondation, est plus que jamais d'actualité. Interrogée sur le discours actuel sur le climat, Vera Weber se montre irritée. Elle rejette la revendication du contrôle et de l'utilisation de la nature en tant que ressource, tout comme le fait de la considérer comme un écosystème mesurable et contrôlable.

Devant le Giessbach, Vera Weber laisse son regard errer sur le complexe hôtelier et déclare:

«Si un hôtel était construit aujourd'hui à un tel endroit, nous ferions opposition».

Mais la défenseuse de la nature veut préserver un petit morceau de la Belle Epoque. Le Giessbach qui surplombe le lac, avec vue sur les Alpes, apparaît alors comme un petit monde idéal.

Traduit et adapté par Tanja Maeder

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