Vestimentairement parlant, elles semblent être sur la même longueur d'onde: la présidente de la Confédération Viola Amherd et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont toutes deux présentées lundi en blazer rouge – la couleur nationale suisse – pour une séance photo au siège de l'Union européenne (UE) à Bruxelles. Un signe de solidarité, qui montre que l'on veut aller de l'avant et que les négociations sur l'approfondissement des relations bilatérales peuvent commencer.
«Après l'échec de l'accord-cadre, il a fallu batailler ferme pour en arriver là», déclare Ursula von der Leyen. Mais le résultat est prometteur. L'objectif est de pouvoir signer les accords avant la fin de l'année. C'est important, selon la politicienne allemande, qui briguera ce printemps un second mandat à la tête de l'UE.
Viola Amherd, qui a fait des relations bilatérales une priorité de son année présidentielle, s'est également réjouie du début des négociations. Dans la situation géopolitique actuelle, la Suisse a besoin de relations stables avec ses voisins.
La conseillère fédérale du Centre n'a, toutefois, pas souhaité indiquer de date pour la conclusion. Elle a rappelé que la qualité prime sur la vitesse:
En ce qui concerne la situation politique compliquée à l'intérieur de la confédération sur le dossier, la présidente a souligné qu'il fallait certes un résultat équilibré entre les deux parties. Suisse, il s'agit de préserver l'accès au marché européen pour les entreprises nationales.
Parallèlement, l'immigration doit être orientée vers le marché du travail et la protection des salaires doit être garantie. «Le Conseil fédéral est conscient qu'une large approbation est nécessaire sur le plan de la politique intérieure», déclare-t-elle. Il est donc important d'être honnête vis-à-vis de l'UE. Elle ajoute:
L'une de ces pierres d'achoppement est l'opposition des syndicats, qui semble s'être renforcée plutôt que d'avoir pu être adoucie. Lundi, juste à temps pour le début des négociations, le président de l'Union syndicale suisse, Pierre-Yves Maillard, a menacé de quitter la table ronde organisée par le Conseil fédéral avec les employeurs. Il reproche au Conseil fédéral de ne pas tenir compte des lignes rouges tracées par les syndicats en matière de protection salariale.
Celui qui est aussi conseiller aux Etats socialiste exige une discussion: si le Conseil fédéral veut continuer sans les syndicats, «qu'il le dise clairement et qu'il cesse de nous inviter à des séances inutiles où l'on ne prononce que des promesses en l'air».
Le Conseil fédéral s'est également mis des bâtons dans les roues en incluant dans son mandat la demande des commissions de politique extérieure d'une «clause de sauvegarde» pour limiter l'immigration. Cette mesure vise à contrer l'initiative «Pas de Suisse à 10 millions! (initiative pour la durabilité)» de l'UDC, qui pourrait être soumise au vote en même temps que le paquet de mesures avec l'UE.
Certains craignent, toutefois, que l'idée d'un «frein à l'immigration» en Suisse ne fasse naître des attentes que l'équipe de négociation, autour du négociateur en chef Patric Franzen, ne pourra pas satisfaire. La libre circulation des personnes est l'un des quatre piliers de l'UE, et celle-ci n'a guère envie de faire des concessions au pays le plus riche et avec le plus bas taux de chômage d'Europe. Lors des négociations sur la mise en œuvre de l'initiative contre l'immigration de masse, la Suisse s'était déjà heurtée à un mur en demandant une clause de sauvegarde.
Malgré les conditions difficiles sur le front intérieur, les négociations avec Bruxelles commencent dès ce mardi. La Suisse envoie environ 60 diplomates dans plus d'une douzaine de groupes de travail thématiques. Il est fort possible que les négociations aboutissent rapidement à un résultat. Quant à savoir s'il sera viable sur le plan de la politique intérieure, c'est une autre question.
Traduit et adapté par Tanja Maeder