«Lors de mes visites en Europe, la puanteur du diesel m’agressait les narines dès que je mettais un pied en ville», affirmait sans détour Nino Künzli, médecin suisse qui a participé à l’élaboration des nouvelles directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la qualité de l’air. Et qui était habitué à l'air pur de la Californie.
Puanteur ou pas, une chose est sûre: la qualité de l'air dans certains pays européens, Suisse comprise, n'est pas bonne. Ce mélange de gaz que nous respirons chaque jour contient beaucoup trop de particules fines, du moins par rapport aux fameuses directives de l'OMS. Et ce, même - et surtout - à l'intérieur. C'est ce qui révèle une vaste étude publiée ce jeudi par Dyson, qui nous a transmis les données.
D'un diamètre de 0,0025 millimètre, les particules fines se composent d'un mélange de polluants comprenant un grand nombre de composés chimiques, parfois cancérogènes, explique l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons et les vaisseaux sanguins et avoir de graves conséquences sur la santé.
Cela peut se produire lorsque l'on s'expose à des concentrations de particules fines supérieures à 5 μg par mètre carré. C'est la valeur limite fixée en septembre 2021 par l'OMS. Or, selon Dyson, l'air que nous respirons dans nos habitations en contient 9,96 μg par mètre carré. Soit le double. A l'extérieur, ce chiffre est légèrement supérieur et atteint 10,65 μg/m3.
La quantité de ces particules n'est pas toujours la même: Dyson a calculé leur concentration en fonction du mois de l'année et de l'heure du jour. La mauvaise nouvelle, c'est que les moyennes restent presque toujours assez élevées.
On découvre que le mois où l'air est le plus sale à l'intérieur est mars: la concentration de particules fines grimpe à 16,5 μg par mètre carré, soit 1,6 fois plus que la moyenne annuelle.
Janvier et décembre sont également caractérisés par une forte présence de particules fines. Ces dernières se font plus rares en été: juin, juillet et septembre affichent les valeurs les plus faibles (entre 7,3 et 7,5 μg/m3), qui restent toutefois bien supérieures à la moyenne fixée par l'OMS.
Les chiffres concernant l'air à l'extérieur donnent une image similaire, bien que plus contrastée. Les valeurs maximales sont plus élevées, les minimales plus faibles. Ainsi, mars affiche une concentration de 22,5 μg/m3, tandis que pendant les mois estivaux, la quantité de particules fines descend au-dessous de 7 μg/m3. Ce chiffre tombe même à 4,8 en septembre.
Concernant l'heure, l'étude de Dyson révèle que la nuit est le pire moment en termes de particules fines. A 20, 21 et 22 heures, leur concentration frôle les 12 μg par mètre carré.
A l'inverse, le petit matin est la phase de la journée bénéficiant de l'air le plus propre: entre 4 et 6 heures, la concentration oscille autour des 7 μg par mètre carré.
Bien que la Suisse affiche des concentrations de particules fines plutôt élevées, elle est tout de même mieux placée par rapport à ses pays voisins. En France, la moyenne annuelle est de 11,69 μg/m³, alors qu'en Italie, ce chiffre grimpe même à 15,92.
Quoi qu'il en soit, les effets des particules fines sur la santé sont tangibles partout. En Suisse, l'exposition à des concentrations supérieures à la limite fixée par l'OMS a provoqué quelque 1700 décès prématurés en 2020, selon un rapport de l'Agence européenne de l'environnement. En Europe, ce chiffre grimpe à 275 000. (asi)