L'UDC revient à la charge pour réclamer un contrôle strict de l'immigration. Cette fois-ci, le parti entend interdire à la population suisse de dépasser les dix millions d'habitants d'ici 2050. C'est ce que prévoit son initiative populaire «pas de Suisse à 10 millions!», déposée ce mercredi à Berne.
Concrètement, le texte exige que le Conseil fédéral et le Parlement prennent des mesures dès que la population résidante permanente dépasse les 9,5 millions de personnes.
Les dernières données disponibles, relatives à la fin du troisième trimestre 2023, font état de quelque 8,9 millions d'habitants. Si on y ajoute les étrangers non-permanents, on dépasse, de peu, la barre symbolique des neuf millions.
Les pires craintes de l'UDC vont, en effet, devenir bientôt réalité. Du moins, si l'on s'en fie aux prévisions élaborées par l'Office fédéral de la statistique (OFS) à la demande du Conseil fédéral en 2020. Trois scénarios sont envisagés. Selon deux d'entre eux, le seuil des 10 millions d'habitants sera franchi au plus tard en 2040, alors que la population devrait dépasser les 9,5 unités dix ans plus tôt.
Le premier scénario, appelé «scénario de référence», prolonge les évolutions observées au cours des dernières années. Il prévoit une population de 9,5 millions d'habitants en 2031, 10 millions en 2040 et 10,4 millions en 2050.
Le deuxième, qualifié de «haut», combine un choix d’hypothèses plus favorables à la croissance démographique. Selon ce scénario, la barre des 10 millions sera franchie en 2034 déjà, alors qu'en 2050, la Suisse comptera plus de 11 millions d'habitants.
Finalement, le «scénario bas» se base sur des hypothèses moins favorables à la croissance démographique. D'après cette prévision, la Suisse n'atteindra jamais dix millions d'habitants avant 2070, date à laquelle les prévisions s'arrêtent.
Une chose est sûre. Indépendamment du scénario choisi, l'augmentation de la population sera «principalement» due aux flux migratoires, estime l'OFS. Les populations migrantes vont donc jouer un rôle déterminant:
En effet, la population de nationalité suisse suivra une tendance bien différente, selon l'OFS. Même dans le scénario «haut», elle augmentera plus en raison des acquisitions de la nationalité qu'à cause d’un accroissement naturel positif. Le scénario «bas» prévoit même qu'elle commence à diminuer à partir de 2039, à cause d'un solde naturel «très négatif».
Cette évolution va s'accompagner d'un vieillissement de la population. Déjà en cours, ce dernier sera «très rapide» d'ici 2030. Selon le scénario de référence, les personnes âgées de 65 ans ou plus seront 2,1 millions en 2030 et 2,7 millions en 2050, contre 1,6 en actuellement. Leur pourcentage passera donc de 19 à 26% du total entre 2020 et 2050.
Malgré le vieillissement de la population, la croissance ira peut-être plus vite que prévu. Après le changement de millénaire, l'OFS ne prévoyait, même dans le scénario maximal, que 8,7 millions d'habitants en 2060. Nous avons franchi ce seuil en 2021, soit 39 ans plus tôt que prévu. La «Suisse à dix millions» pourrait donc être encore plus imminente.
Cet article a été initialement publié le 3 janvier 2024. Il a été largement remanié après le dépôt de l'initiative UDC, le 3 avril.
