Après avoir postulé dans une pharmacie, cette femme s'est vue refuser l'offre. La raison, donnée oralement, était la suivante:
La jeune femme s'est alors adressée à l'un des 25 centres de consultation contre le racisme en Suisse.
Ce dernier a demandé à la pharmacie de prendre position par écrit. La réponse: une collaboratrice portant le foulard pourrait nuire à la relation de confiance avec la clientèle orientée vers la médecine naturelle. L'employeur ne voulait pas reconnaître que ce motif était raciste. Finalement, la jeune femme victime de discrimination n'a pas porté l'affaire devant les tribunaux.
C'est l'un des 708 cas de racisme signalés par des victimes et des témoins en Suisse l'année dernière. Ce nombre est le plus élevé jamais enregistré, comme le constate le réseau de consultation pour les victimes du racisme, géré en coopération par la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et l'organisation de défense des droits de l'homme humanrights.ch.
Est-ce que les attitudes racistes ont alors augmenté en Suisse? «Probablement pas», répond Alma Wiecken, directrice de l'ERK. Elle s'appuie pour cela sur l'enquête Vivre ensemble en Suisse de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Celle-ci a révélé en 2022 que 31% de la population se sentait dérangée par des personnes perçues comme «différentes». Alma Wiecken analyse:
L'experte explique que la hausse du nombre de cas de racisme signalés correspond à une plus grande sensibilisation de la population suisse à ce sujet. On parle désormais plus souvent du racisme et le sujet est régulièrement abordé dans les médias.
Les cas de racisme les plus fréquemment signalés en 2022 se sont produits sur le lieu de travail, comme dans l'histoire de la jeune femme au foulard. Le deuxième domaine de vie le plus touché est l'école. Ici, ce ne sont pas des enfants qui discriminent d'autres enfants, mais des adultes qui discriminent des élèves.
A titre d'exemple, dans une école (qui restera anonyme), plusieurs personnes ont contacté le centre de conseil parce que des enfants musulmans s'étaient vu refuser des alternatives à la viande de porc pendant les cours de cuisine. Une enseignante a même donné à un enfant une saucisse de porc en lui disant qu'il s'agissait de poulet. En outre, des personnes concernées et des témoins oculaires ont rapporté des insultes et des injures allant jusqu'au mot en «N» (N-Word, en anglais) — de la part du personnel de la cantine, des concierges et des enseignants. Ce n'est évidemment pas sans conséquences:
Pour finir par quelques chiffres, en 2022, les agressions racistes les plus fréquentes étaient dirigées contre les personnes noires (276 cas) et les étrangers/étrangers (275 cas). En troisième position, on trouve la xénophobie contre les personnes originaires du monde arabe (47 cas). (aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté par Pauline Langel