Un fait exceptionnel, qui ne se reproduira plus avant trente ans, a lieu en 2025: le carême et le ramadan tombent à la même période. Sur les réseaux sociaux, les jeunes musulmans se mettent volontiers en avant et parlent de leur pratique. En réaction, les chrétiens souhaitent à leur tour être vus, explique le père Benoît Pouzin, du Dioscèse de Valence, au Huffington Post.
Effectivement: lorsqu'on ouvre TikTok, les contenus de jeunes chrétiens qui expliquent ce qu'est le carême, quelle routine adopter ou quelles sont les règles à respecter, sont nombreux. Résultat? Les adolescents s'intéressent et souhaitent à leur tour expérimenter cette fête. Deux Romandes de 14 et 15 ans nous racontent leur premier carême.
Baignée depuis son plus jeune âge dans la religion au travers de sa grand-mère, Clara*, 14 ans, ne s'était cependant jamais réellement intéressée au catholicisme. «Quand j'étais petite, ma grand-maman priait pour moi, mettait des photos de Jésus dans ma chambre, se souvient-elle. Mais je n'ai pas été baptisée, car mes parents ne voulaient pas.»
Début 2025, des publications qui parlent du carême apparaissent sur son TikTok. «Cela m'a beaucoup influencée», confie-t-elle. Elle s'intéresse, regarde d'autres vidéos et souhaite à son tour pratiquer dans le but «de se rapprocher de Dieu».
Son amie Emma*, issue d'une famille athée, a toujours passé beaucoup de temps chez une copine orthodoxe et pratiquante. Début 2025, l'adolescente de 15 ans commence à poser des questions sur la religion, décide à son tour de faire carême pour «se sentir une meilleure chrétienne» et cherche des informations à ce sujet sur les réseaux sociaux.
«Je ne savais pas qu'elle faisait aussi carême», se remémore Clara. Un jour, elle poste une photo sur Snapchat. «On voyait la bible dans un coin», explique-t-elle. Les deux jeunes filles discutent et décident d'aller à l'église ensemble.
A défaut de pouvoir s'y rendre le mercredi des Cendres, le 5 mars, les camarades d'école assistent à la messe du dimanche en compagnie de la grand-mère de Clara. L'expérience est nouvelle et s'avère positive.
Outre le culte, elles ont toutes les deux mis en place une routine quotidienne inspirée principalement de TikTok. Par exemple? Une attention particulière portée au vocabulaire, des restrictions alimentaires et la prière matin et soir. «Je ne dis aucun gros mot, je mange plus léger et je coupe toute addiction, par exemple le sucre», liste Clara. Si elle ne jeûne pas, elle précise qu'elle ne déjeune plus et qu'elle ne consomme pas de viande le vendredi. Emma, de son côté, confie qu'elle a jeûné le mercredi des Cendres et qu'elle souhaite recommencer le vendredi saint, le 18 avril prochain. «J'essaie de ne pas manger de produits d'origine animale», ajoute-t-elle.
«Je prie en me levant et avant d'aller me coucher», poursuit Clara, qui vient d'ailleurs d'acheter son premier chapelet.
De son côté, Emma dit ressentir «un poids en moins» après la prière. Un rituel qu'elle souhaite d'ailleurs conserver à la fin de ces quarante jours.
Comment les deux adolescentes envisagent-elles la suite? L'une comme l'autre s'accorde sur le fait qu'elles sont désormais intéressées par la religion et que le carême est une belle expérience. Emma aimerait continuer à «pécher le moins possible», en référence aux sept péchés capitaux, et à aller à la messe le plus souvent possible.
De son côté, Clara souhaite aussi maintenir le culte du dimanche. Elle veut également apprendre à prier avec le chapelet. Et de conclure:
*Prénoms d'emprunt