Il fait trois degrés et plus de 2000 personnes attendent l'arrivée d'un train. Bien emmitouflées, elles ont des expressions de bonheur sur le visage. Le train spécial entre en gare de Delémont à 14h, avec à son bord la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider et ses 130 invités.
A son arrivée, c'est un accueil bruyant et festif qui l'attend. «Elisabeth, Elisabeth», peut-on entendre résonner dans la gare.
La population réserve un accueil frénétique à leur élue. Telle une star, elle parcourt l'avenue de la Gare.
Les gens se pressent au bord de la route, sur les balcons et aux fenêtres. Des enfants brandissent des drapeaux jurassiens et suisses. Le rouge et le blanc envahissent la rue.
Des jeunes se faufilent dans la foule pour obtenir un selfie avec la nouvelle conseillère fédérale. D'autres lui demandent un autographe, qu'elle signe sur leur drapeau.
Des adultes embrassent ou serrent la socialiste dans leurs bras. Et un petit garçon vient lui offrir une lettre, qu'il lui fourre directement dans les mans. Elle y jette un coup d'œil rapide, puis la remet à l'un des huissiers qui l'accompagne.
Damien Chappuis, le maire de Delémont, est ému. S'il avait déjà tenu un discours notable lorsque Moutier a rejoint le canton du Jura, celui qu'il a préparé pour Elisabeth Baume-Schneider est d'autant plus important pour lui. Elle représente «l'incarnation du Jura moderne», dit-il, celle d'un canton qui se retrousse les manches.
«Nous n'oublierons jamais l'image d'Elisabeth s'emparant d'un drapeau jurassien devant le Palais fédéral et entonnant "La Rauracienne"», lance de son à la foule côté David Eray, le président du gouvernement jurassien.
Après le discours de David Eray, la fanfare de l'Union Instrumentale Delémont débute l'hymne cantonal jurassien. Puis suivent les discours du président du Conseil national Martin Candinas et de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.
De Delémont, nous nous rendons aux Breuleux, ce village de 1500 habitants situé à plus de 1000 mètres d'altitude où vit Baume-Schneider.
A Glovelier, la joyeuse troupe doit changer de train. Sur le suivant est affiché un message simple et qui vient du cœur: «Bravo, Elisabeth».
Aux Breuleux, la fête continue à l'église paroissiale Saint-Joseph, où la nouvelle conseillère fédérale est accueillie par des applaudissements de plusieurs minutes.
Dans son discours, la socialiste évoque les valeurs de tolérance, de solidarité, de respect et de soutien humain, faisant explicitement référence aux migrants.
A partir du 1er janvier, Elisabeth Baume-Schneider sera à la tête du département de Justice et police. Comme tous les orateurs précédents, elle conclut par «Vive Le Jura, Vive La Suisse». Cette fois, elle reçoit une véritable ovation.
«La Rauracienne» est à nouveau entonnée. «Unissez-vous, fils de la Rauracie, et donnez-vous la main», chantent les participants dans l'église, qui le font littéralement tout en les gardant en l'air. La fierté et la joie sont évidentes.
Le hasard a voulu que le 7 décembre, une Jurassienne et un Bernois soient élus en même temps au Conseil fédéral, avait souligné le président du Conseil national Candinas. C'est-à-dire des deux cantons qui ont longtemps été en conflit l'un avec l'autre. Un conflit désormais terminé, une Jurassienne ayant succédé à une Bernoise, Simonetta Sommaruga. Celle-ci l'a fait remarquer lors de la journée.
Le Jura a fait partie du canton de Berne jusqu'en 1978. Il avait été attribué à Berne en 1815 lors du Congrès de Vienne, à la fin des guerres napoléoniennes, après avoir été sous la coupe de l'Evéché de Bâle.